Roman d’un club On ne devrait jamais quitter Montauban Entretien Accoceberry, 1994 : « Une passe pour l’éternité »
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C’est l’histoire de deux gugusses de Montauban, qui ne se sont pas contentés d’entendre chanter les anges, mais emmenèrent ce qu’on appelait alors le MTG XV au meilleur niveau qu’il atteint jamais depuis l’avènement du rugby professionnel. Miracle ? Il n’y en eut aucun, à en écouter Gérard Charissou, témoin privilégié de l’épopée dont il constituait le coordinateur général, qu’on appellerait aujourd’hui plus pompeusement « team manager ». « S’ils savaient rigoler, c’étaient avant tout des gens sérieux. Leur maître-mot, c’était travail, travail, travail… C’est par cela qu’on a grandi, et que l’on a été récompensés. Eux les premiers. » Eux ? Ce sont bien évidemment Laurent Travers et Laurent Labit, « Toto et Lolo » ou « les Trabit » pour les intimes, ce dernier motvalise « Comme on rentrait chez nous de plus en plus tard en début chaque début de semaine, on a fini par installer deux clic-clacs dans notre bureau... On dormait littéralement au stade ! »
Laurent TRAVERS
symbolisant mieux que de longs discours le degré de fusion atteint par les deux coachs, probablement jamais égalé depuis. Un duo qui se rôda évidemment sous les couleurs de Montauban où il se forma, comme dans toutes les belles histoires, sur un coup de hasard. « Dès le début de la saison 2004-2005, il avait été convenu que Xavier Péméja partirait à la fin de la saison, explique
Laurent Labit. Le président m’a fait confiance au moment de choisir mon binôme. Comme je savais que Toto voulait revenir dans le rugby, j’avais missionné un copain avec qui je jouais à Béziers, qui habitait à Sarlat, pour me trouver son numéro de téléphone. C’est parti comme ça. » « Lorsque je suis reparti de Clermont, j’étais reparti travailler pendant deux ans dans le milieu bancaire où l’on m’avait proposé une promotion à un poste de cadre supérieur en tant que responsable de région,
se souvient Laurent Travers. Mais le virus du rugby recommençait à me chatouiller… À ce momentlà, j’étais en contact avec le président de Grenoble,
Alain Etiévent. J’étais proche de m’engager avec le FCG lorsque j’ai reçu ce fameux coup de fil de Laurent Labit. » Les prémices d’un coup de foudre qui se matérialisa comme de juste lors d’un repas, accompagné de leurs deux épouses. « C’était à l’Eskualduna, un restaurant à Albias, à mi-chemin entre Sarlat et Montauban, où Toto avait dévoré une côte de boeuf d’un kilo » se marre Labit. « Ce n’est au moment des phases finales que j’ai rencontré le président Patrick Bardot, se rappelle Travers. Au bout de dix minutes d’entretien, il m’avait dit : « OK, ce sera toi ». Et c’est parti comme ça… »
CABALLERO : « ON ÉTAIT COMPLÈTEMENT CABOURDS ! »
Le début d’une aventure qui trouva ses racines dans une saison 20052006 fabuleuse, conclue par un titre de champion de France de Pro D2, record de 117 points à la clé qui ne sera égalé que par le
Lou, huit ans plus tard. « Ils n’avaient jamais travaillé ensemble, mais on avait l’impression que leur binôme fonctionnait depuis toujours, témoigne l’ancien troisième ligne Yannick Caballero. L’équipe s’est construite à leur image : les joueurs ne se connaissaient pas en début de saison mais les victoires aidant, on est vite devenus une équipe de copains, et le mot est faible… C’était une équipe de village qui jouait en Pro D2. Les troisièmes mi-temps duraient jusqu’à pas