INÉDIT DEPUIS LA GUERRE
SEULES LES DEUX GUERRES MONDIALES ONT ARRÊTÉ LE CHAMPIONNAT DE FRANCE. AVANT L’ÉPIDÉMIE DE COVID 19, IL S’ÉTAIT DÉROULÉ SANS INTERRUPTION DEPUIS 1942.
La séquence de près de six mois de disette qu’on vient de vivre est vraiment historique. Jamais le championnat de France de rugby ne s’était arrêté aussi longtemps depuis 1939 et jamais un championnat de France n’avait été ainsi brutalement interrompu, sans sacre final. En fait, seuls les deux conflits mondiaux ont eu raison du rugby de haut niveau français. En 1914-1918, la compétition avait été interrompue après le fameux sacre de l’Usap face à Tarbes du 3 mai 1914 (la génération Aimé-Giral). Elle n’a repris qu’en 1920 avec une finale Tarbes-Racing. Mais attention, dès 1915-1916, une compétition de remplacement est créée, la Coupe de l’Espérance, elle est censée être jouée par des jeunes joueurs en l’absence de leurs aînés mobilisés. Elle fut sérieusement disputée. Les vainqueurs s’appellent, Toulouse, Nantes, le Racing et Tarbes entre 1916 et 1919. La France du rugby n’a donc été privée de compétition officielle que pendant une grosse année entre l’été 1914 et l’été 1915.
À l’époque du second conflit mondial, le championnat s’est arrêté entre juin 1939 et l’automne 1942 avant de désigner un nouveau champion, Bayonne, en mars 1943. La compétition reprit ensuite sans interruption jusqu’à la fin du conflit. Durant les trois ans de « vide », quelques compétitions furent organisées mais elles n’avaient pas de label national, ce furent des sortes de tournois régionaux. Toulouse gagna ainsi une nouvelle édition de la Coupe de l’Espérance en 1940 (après une poule finale en compagnie de Moissac, Saint-Girons et Albi).
On note que le championnat a aussi surmonté deux crises internes majeures. D’abord, la crise de l’UFRA au début des années 30, une sécession de douze clubs, mais qui n’empêcha pas le championnat 1931 d’aller à son terme (Toulon champion) ; puis la crise des 465 en avril 1952 quand les Britanniques tentèrent d’arrêter le championnat au nom de la défense de l’amateurisme. Mais les clubs résistèrent, le championnat 52-53 se déroula normalement (Lourdes champion). La compétition fut même très peu impactée par mai 1968, la finale Lourdes-Toulon fut juste retardée de trois semaines. Lourdes et Toulon firent match nul mais les Bigourdans furent déclarés vainqueurs au nombre d’essais. ■