Midi Olympique

Quand « Matsu » était toulousain…

- N. Z.

C’était lors de la saison 2011-2012. À l’initiative (entre autres) de notre correspond­ant au Japon Robert Verdier, intimement persuadé d’avoir découvert un phénomène du rugby pour les années futures, le jeune Kotaro Matsushima débarquait au Stade toulousain pour une période d’essai de 6 mois, à pas encore 18 ans. « C’est la marque Serge Blanco, par l’intermédia­ire de Lionel Lauby, qui avait pris en charge son arrivée à Toulouse, se souvient Claude Yoshizawa, directeur du centre culturel franco-japonais de

Toulouse. Ce n’était quand même pas rien, pour un jeune joueur ! » « Le projet de Lionel Lauby, c’était de prendre un futur crack japonais et d’en faire sa tête de gondole en vue de la Coupe du monde 2019, explique Eric

Vartabedia­n. Moi, j’étais dirigeant au Stade où je m’occupais des Crabos, il m’a demandé s’il y avait un moyen de le faire entrer. J’ai contacté Gérard Labbe, le président de l’Associatio­n, qui m’a dit que cela devait passer a minima par l’accord de Jean-Michel Rancoule, voire par Guy Novès. Évidemment, on ne l’a pas eu… »

Qu’à cela ne tienne, l’Associatio­n passa outre, convaincue du talent du jeune homme et de l’opportunit­é qui se

présentait. « J’ai montré des vidéos à Michel Marfaing, qui était alors directeur du centre de formation et lui aussi était convaincu. Qu’est-ce qu’on risquait ? Ça ne coûtait rien au club, à part le prix sa licence. À son arrivée, je l’ai donc accueilli chez moi, dans mon T2, alors que je ne parle pas anglais… »

C’est ainsi que le jeune Japonais débarqua au mois de novembre, en plein système D, mais avec la ferme intention de terminer la saison, et plus si affinités… Reste que, comme Kotaro Matsushima le narre dans les colonnes ci-contre, ce séjour ne se hissa pas à la hauteur de ses espérances. « Il est arrivé blessé et ne nous l’a pas dit tout de suite, se souvient Vartabedia­n. Ce n’est qu’au bout de quelques jours qu’on a vu qu’il avait une déchirure de trois centimètre­s, qui l’a éloigné des terrains quelques semaines. En plus, les Sharks ne voulaient pas le libérer, il a fallu contacter la Fira pour qu’il puisse avoir une licence… Cela a duré un mois et demi, c’était une usine à gaz. »

Un contexte pourri qui eut raison, in fine, de la volonté de Matsushima.

« Kotaro ne savait pas très bien ce que représenta­it le Stade toulousain en France, et le Stade n’a pas su voir quel potentiel il avait réellement en lui, estime Claude Yoshizawa.

D’autant que je crois que Kotaro avait promis à l’académie des Sharks qu’il reviendrai­t en Afrique du Sud, et qu’il se voyait mal ne pas tenir sa promesse. » « Je crois surtout que le Stade a raté le coche, pointe

Vartabedia­n. Avec les Espoirs, il s’entraînait parfois contre les pros, donc ils voyaient bien son talent ! Mais on avait perdu le lien entre la structure profession­nelle et amateur, le rôle que tenait Robert Labatut avant son décès. Tout ce qui a manqué pour le garder, c’est un peu d’attention de la part du secteur pro. Mais comme ce n’est pas eux qui l’avaient choisi, il n’est resté que trois mois et est reparti en Afrique du Sud. Pour tout vous dire, après avoir vécu quelques semaines chez moi puis dans une famille d’accueil, on lui avait trouvé un appart. Quinze jours après, il s’en allait… » ■

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