Des chantiers au sommet, récit d’une ascension
« Je suis tellement reconnaissant pour tout ce que m’a apporté le rugby.» À l’heure de raccrocher les crampons, à l’été 2019, Samu Manoa a pu mesurer le chemin accompli depuis sa toute première fois avec un ballon ovale entre les mains. À 13 ans, le Californien s’essaye à ce sport le temps d’un été. Histoire de s’entretenir physiquement en attendant la reprise du football américain. Devant l’insistance de son entraîneur de père et de ses oncles, dont un, Viliami Ofahengaue, a été sacré champion du monde avec l’Australie en 1991, il bascule définitivement en 2003. À 18 ans, il rejoint le San Francisco Golden Gate RFC, club d’élite avec qui il décroche deux Super League. Jusqu’en 2011, le natif de Concord vit de cette passion et de petits boulots manuels aux côtés de son père. «Sans le rugby, j’aurais continué à bosser comme électricien ou comme maçon, nous avait-il confié lors de son passage en France. Mais la vie m’a offert
une autre opportunité.» Au début de la décennie passée, tout s’accélère : il est capé avec les Eagles, s’envole en tournée avec sa sélection au Royaume-Uni et est repéré par le recruteur de Northampton. Le point de départ d’une nouvelle carrière. De 2011 à 2015, le numéro 8 américain s’affirme comme un des meilleurs joueurs de Premiership. Avec, au passage, un titre de champion d’Angleterre, en mai 2014. Le triple champion d’Europe toulonnais succombe et lui offre un contrat de quatre ans. À l’été 2015, Mourad Boudjellal le présente comme un de ses Quatre Fantastiques : « Pour moi, il va devenir la star du Top
14. Un phénomène du rugby », vante alors le président.