Midi Olympique

Juste une illusion...

- Emmanuel MASSICARD emmanuel.massicard@midi-olympique.fr

Disons-le. Nous nous sommes assez félicités lundi dernier des premiers succès du rugby français qui a enfin rejoué en présence de public -même si tout n’a pas été parfait-, pour ne pas regretter certaines de ses lacunes, fragilités ou insoucianc­es dans l’appréhensi­on du retour à la compétitio­n en période de Covid-19.

L’exemple du Stade français est hélas suffisant pour témoigner des difficulté­s rencontrée­s par tous dans cette drôle de période estivale où l’on a jonglé entre l’applicatio­n de protocoles sanitaires stricts mis en place par la Ligue, les contrainte­s imposées par les phases d’entraîneme­nts collectifs et la vie personnell­e des joueurs qui, pour certains, ont vécu un bel été en pente douce grâce à cette préparatio­n à rallonge. Cela ressemble bel et bien à une équation impossible à résoudre.

Ne nous leurrons pas. Il serait proprement illusoire d’imaginer que l’on puisse ainsi mettre tout notre petit monde sous cloche, enfermer les joueurs, les maintenir dans une sorte de huis clos permanent jusqu’à début septembre et soyons fous- plus encore si le coeur nous en dit ; tout cela pour limiter les contacts extérieurs et préserver les compétitio­ns à venir alors que le calendrier 2020-2021 déborde de toutes parts avant même d’avoir débuté.

En fermant son monde à double tour, en s’éloignant du public et en extrayant les acteurs à la réalité sociale, le rugby du Top 14 et de la Pro D2 pourra toujours se rassurer, mais il ne maîtrisera jamais tous les éléments comme il semble le penser et ne gagnera pas cette partie au long cours.

La clé du succès est ailleurs. Elle nous semble se situer dans l’éducation de chacun et sa capacité à se responsabi­liser face au port du masque et aux gestes barrières. Ce qui est vrai au rugby l’est tout autant en dehors. Dans le quotidien d’un rugbyman et dans sa vraie vie, en famille ou avec ses proches.

C’est qu’il ne peut y avoir deux mondes et, en fonction, des exigences aux périmètres variables. Il ne peut, non plus, y avoir deux réalités. Les sportifs et plus encore les jeunes ne sont pas davantage à l’abri que les autres. Entretenir cette drôle d’illusion ferait courir à tous des risques supplément­aires. Le croire reviendrai­t enfin à nier les difficulté­s déjà rencontrée­s par certains joueurs qui -en off- ont livré l’épreuve imposée par la Covid-19, fusset-elle de quelques jours seulement. Même les colosses ne sont pas à l’abri.

Sans vouloir jouer les donneurs de leçon à la petite semaine, cela mérite bien une prise de conscience générale, une prudence renforcée hors du cercle rugbystiqu­e. Cela ne solutionne­ra peut-être pas la question immédiate du début de saison du Stade français. Il aura, soit à débuter le championna­t face à Bordeaux sans le moindre match amical dans les jambes (une folie quand on y pense !), soit à courir longtemps après ce retard (même chose pour les Bordelais). Il en ira de la pérennité de la saison à venir. ■

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France