SAISON CHAMBOULÉE
COMME PARTOUT DANS LE MONDE, LA PANDÉMIE DE COVID-19 A MIS LE RUGBY DE L’HÉMISPHÈRE SUD SENS DESSUS DESSOUS. FIN DU SUPER RUGBY, ANNULATION DES TOURNÉES, MISE À MAL DES COMPÉTITIONS LOCALES. AUJOURD’HUI, IL FAUT TOUT RECONSTRUIRE. TOUR D’HORIZON.
Comme partout dans le monde, la pandémie de Covid19 a bouleversé le rugby. Et l’hémisphère Sud n’y a pas réchappé : fin du Super Rugby 2020 après sept journées, annulation de toutes les tournées d’été, mise à mal de toutes les compétitions locales, annulation des tournées d’automne. Il a fallu reconstruire en urgence un calendrier pour 2020 pour essayer de sauver ce qui pouvait l’être, avant de pouvoir envisager une éventuelle reprise « normale » en 2021. Le plus gros problème du rugby de l’hémisphère Sud est la tyrannie des distances et les limitations de déplacement imposées partout dans le monde. La fermeture des frontières aériennes et la mise en place de quarantaines sévères ont mis un frein à une reprise des compétitions telles qu’on les connaissait. Du coup, il a fallu faire preuve de beaucoup de flexibilité et d’imagination pour construire un calendrier qui permet de garder l’intégrité du sport tout en générant des rentrées financières essentielles à la survie du rugby professionnel.
LE SUPER RUGBY A-T-IL VÉCU ?
Déjà en perte de vitesse au niveau popularité, le Super Rugby semble être la grande victime de la crise du coronavirus : les restrictions de voyage dues aux fermetures de frontières et de quarantaines font que la compétition, qui couvre quatre continents ne peut continuer dans un futur proche. Seul le fameux vaccin permettra une réouverture des frontières et une reprise des trajets aériens. La Sanzaar, qui a des accords contractuels avec les diffuseurs, privilégie la reprise du Super Rugby à 14 mais est prête a se montrer flexible en 2021 vu les grandes inconnues qui règnent. Du coup, les idées fleurissent en Nouvelle-Zélande et en Australie. L’Afrique du Sud, durement touchée par la crise de la Covid-19, est en retrait et se retrouve tiraillée entre l’appel du Nord et la fidélité aux partenaires de l’hémisphère Sud. Rugby NZ a lancé un plan pour une refonte totale de la compétition des clubs du Sud : exit l’Afrique du Sud et l’Argentine, place à un tournoi à huit équipes entre les cinq franchises néozélandaises, une du Pacifique, créée de toutes pièces et une invitation lancée à Rugby Australie pour fournir deux, voire trois équipes. Ce à quoi les Australiens ont répondu ceci : c’est cinq équipes australiennes ou Rugby Australia organise sa propre compétition à cinq franchises qui serait suivie d’une phase finale à 8 pour regrouper les meilleures équipes de Nouvelle-Zélande, d’Australie, d’Afrique du Sud, d’Amérique du Sud et d’Asie.
QUID DE L’AFRIQUE DU SUD ET DES ARGENTINS ?
Si la crise sanitaire se poursuit et que les gouvernements persistent dans leurs interdictions de voyage, les Néo-Zélandais sont prêts à reconduire le Super Rugby Aoteraoa qui s’est avéré très populaire. L’Australie ferait de même en s’ouvrant peutêtre au Japon. Coté Afrique du Sud, l’appel du Nord risqué de se faire encore plus fort surtout si le Pro 14 s’ouvre davantage. Reste les Argentins, qui sont piégés par leur isolement géographique. Le coût de transplanter une équipe en Afrique du Sud est exorbitant pour une fédération qui ne roule pas sur l’or. La solution serait de faire jouer les joueurs des Jaguares et de Los Ceibos, la deuxième franchise professionnelle du pays créée en 2019, dans un championnat sud-américain avec Uruguayens, Chiliens et Brésiliens. L’option de monter une équipe pour jouer dans un Pro 14 élargi est également considérée mais pas encouragée.
SAUVER LE RUGBY CHAMPIONSHIP
La mission principale de la Sanzaar est que le Rugby Championship puisse avoir lieu pour raisons sportives mais surtout commerciales. Jusqu’à la semaine passée, tout semblait se mettre en place. World Rugby a approuvé une fenêtre du 7 novembre au 12 décembre pour que le tournoi puisse se dérouler. Il aurait lieu en Nouvelle-Zélande pour éviter les déplacements et les quarantaines. Les Pumas devaient arriver plus tôt pour pouvoir jouer des matches de préparation contre des équipes néo-zélandaises et renforcés par leurs joueurs basés en Europe. Mais, la réapparition de quelques cas de Covid-19 dans la population d’Auckland a conduit le gouvernement de Jacinda Ardern à remettre le pays sous clef et ce jusqu’au 1er septembre. Ajouté à cela la menace des Sud-Africains de ne pas jouer le Rugby Championship s’ils jugent que leur équipe « n’est pas prête physiquement » selon l’entraîneur Jacques Nienaber. Assez pour donner des sueurs froides aux dirigeants de la Sanzaar qui restent tout de même optimistes. Reste que si Sud-Africains et Argentins ne pouvaient se rendre en Nouvelle-Zélande, la saison de tests serait limitée à une opposition entre All Blacks et Wallabies qui se rencontreraient 4 fois (2 fois dans chaque pays avec période de quarantaine). Affaire(s) à suivre… ■