Midi Olympique

Questions d’avenir

- Emmanuel MASSICARD emmanuel.massicard@midi-olympique.fr

Le sprint final est lancé. Enfin. Après avoir longtemps joué au chat et à la souris, Florian Grill et Bernard Laporte sont désormais face à face. Candidats déclarés à la présidenti­elle du rugby (le 3 octobre), ils battent la campagne en quête de voix.

Sans relâche depuis des semaines, Grill poursuit son tour de France des barbecues avec une sacrée déterminat­ion. Assez en tout cas pour réveiller l’appétit du compétiteu­r Laporte, ou son instinct de survie. Le président sortant s’est en effet lancé dans la campagne avec quelques jours d’avance sur le plan de bataille initial.

Depuis sa retraite corse, Laporte a dû se souvenir qu’il y a quatre ans Pierre Camou avait été bercé par les sondages supposés favorables que lui remontaien­t ses troupes. À tel point que le Basque avait laissé le champ libre à son concurrent qui creusa son sillon. « Bernie » ne commettra pas la même erreur. Malgré l’avance que lui conférait notre consultati­on effectuée auprès des clubs en juin dernier, Laporte semble prendre au sérieux celui qu’il présentait cet hiver comme un inconnu. Reste à savoir si sa campagne éclair suffira à le distancer définitive­ment et largement, comme il l’affirme.

À un peu plus d’un mois du vote, la campagne s’accélère donc et Midi Olympique a décidé de donner la parole aux candidats, à tour de rôle (Laporte cette semaine pour ouvrir, et Grill en suivant pour finir). Manière d’enrichir le débat, d’éclairer les votants, de dresser le bilan et d’en savoir plus sur les programmes des deux hommes pour les quatre ans à venir. Parce que -très sincèremen­t- nous ne pouvons en rester là, accrochés aux promesses de millions comme aux lunettes hypnotique­s de Fabien Galthié qui, en quatre matchs, ont suffi à transforme­r l’image des Bleus…

Les clubs vont gagner des millions. Ils en auront 35 pour sortir de la crise de la Covid-19. Possibleme­nt 8 de plus tous les ans pour réanimer la formation et le sport scolaire. Certaineme­nt d’autres, encore. Puis, qui sait, ce sera le jackpot en 2023 avec la Coupe du monde organisée par la France ; une aubaine pour le futur président de la fédération… Pour autant, permettez-nous de considérer que l’avenir de notre sport ne se résumera pas dans la capacité de l’un ou de l’autre à assurer le plus d’argent possible aux clubs.

Les enjeux sont ailleurs. On parle de stratégie, manière de savoir où l’on ira vraiment à la sortie des querelles d’hommes et autres combats politiques. On parle de projet commun à construire autour de la sélection et des clubs pros, pour enfin avancer main dans la main entre Fédé et Ligue. On parle de cette pyramide des compétitio­ns qu’il faudra bien rebâtir afin de redynamise­r le rugby de proximité (celui des séries qui sont parfois dépeuplées). On parle d’un plan de reconquête des licenciés et plus encore des gamins à ramener dans les écoles de rugby avec des formes de jeu et de compétitio­ns adaptées. On parle enfin de politique internatio­nale et de ce phare que doit être la France à la table de World Rugby…

On en passe, certaineme­nt. Mais c’est clairement ici une grande partie de l’avenir du rugby qui se prépare. Voilà pourquoi nous en sommes persuadés, ce dernier mois de campagne mérite autre chose que des règlements de compte personnels et une sombre guerre de pouvoir. Alors de la hauteur, Messieurs ! ■

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