Midi Olympique

Coûte que coûte

- Léo FAURE leo.faure@midi-olympique.fr

L’obstacle qui se dresse devant le rugby et ses envies logiques de reprise est grand, bien sûr. Immense, même, si on en juge par l’accumulati­on des infections, des défections, des déceptions qui jalonnent l’été et supplanten­t au rang des actualités la seule tenue des matchs de préparatio­n, habituel sucre d’orge des aoûtiens.

Dans ce contexte où rien n’est jamais sûr, sinon l’incertitud­e, le rugby de compétitio­n va-t-il (vraiment) pouvoir reprendre ses droits, la semaine prochaine ? Oui et c’est tant mieux, qu’importent les vents contraires. Il faut vivre, comme nos voisins du foot et du tour de France refleuriss­ent. Dans six jours, le Pro D2 débutera et offrira d’emblée un alléchant BiarritzPe­rpignan. Si la guigne s’emmêle et que la triste Covid s’immisce, si ce BO-USAP fait fauxbond, le rugby français renaîtra le lendemain aux yeux de ses amoureux, par un Paris-UBB des grands soirs de Top 14. Également menacé ? Tant pis, un autre match prendra sa place.

La seule certitude du moment est finalement celle-là : il faut rejouer, vite. C’est une nécessité quand ce sport, valdingué depuis six mois par la crise, se trouve face un choix qui contentera­it Machiavel : rejouer malgré les aléas de pénombre ou disparaîtr­e purement et simplement des radars. Au jeu du moins pire, la première option est toute désignée. Coûte que coûte, il faut que le feuilleton vive à nouveau et peuple les week-ends.

Cette envie d’affection et de raison engagera toutefois des concession­s. Pour les supporters en tribunes, il s’agira de se contenter d’un spectacle masqué, rendu rigoureux et un rien austère par le poids des protocoles. Pour les autres, les spectateur­s, il faudra se satisfaire d’un canapé sans le goût, sans le son ni le parfum d’une rencontre pleinement vécue au stade. Pour les acteurs de ce grand théâtre, il faudra aussi se faire à l’injustice. La période l’impose.

Aujourd’hui, tous n’ont pas bénéficié des mêmes conditions de préparatio­n. C’est même un gouffre qui sépare Toulouse ou Montpellie­r, restés secs entre les gouttes, et ces clubs franchemen­t plombés par les annulation­s en cascade, tels Carcassonn­e ou le Stade français qui n’auront pas disputé le moindre match amical.

Demain, tous seront posés au milieu de ce championna­t sur ce principe d’inégalité : qui pourra s’entraîner en équipe ou ne le pourra plus, le temps d’un isolement ? Qui enchaînera ses rencontres à un rythme hebdomadai­re décent quand d’autres, pris par le tourbillon des reports, devront accumuler les rencontres en semaine ?

Le Top 14 et le Pro D2 qui s’avancent seront inéquitabl­es, c’est un fait. Ils le seront bien audelà des doublons – plus nombreux que jamais – qui gonflaient jusqu’ici les discours d’injustice. Ils seront sûrement bancales, certaineme­nt désordonné­s. Mais ils seront vivants. Il faudra s’en contenter. Mieux : il faudrait s’en satisfaire. ■

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