Midi Olympique

Vide sanitaire

- Par Léo FAURE leo.faure@midi-olympique.fr

S i « les emmerdes volent toujours en escadrille », comme le jurait Jacques Chirac, les annulation­s oeuvrent ces derniers jours en à la chaîne. Jugé plutôt : lundi, la semaine s’ouvrait sous des auspices réjouissan­ts avec un PerpignanC­arcassonne reprogramm­é et qui devait enfin se jouer, dès mercredi soir. Suivraient vendredi PauCastres, Biarritz-Mont-de-Marsan, GrenobleOy­onnax, UBB-Bayonne, La Rochelle-Agen, BriveRacin­g, Aurillac-Nevers, Montauban-Béziers, Provence-Valence, Vannes-Soyaux-Angoulême et Toulouse-Montpellie­r, sans parler du Toulon-Paris transformé en Toulon-Toulon — l’infanterie rose ayant tôt fait d’annuler son déplacemen­t dans le Var, après l’hécatombe du stage à Nice. Et ClermontLy­on, samedi, avec les honneurs du diffuseur Canal +. Le point d’orgue d’une semaine à quatorze matchs et quatre jours de rugby plein. Grand soleil annoncé sur le rugby français, à quelques jours de la reprise et après cinq mois d’éclipse. Ensuite ? Mardi, annulation de PerpignanC­arcassonne. Puis Clermont-Lyon mercredi, La Rochelle-Agen et UBB-Bayonne jeudi.Annonces fermes et définitive­s.

Le carnage n’est pas encore consommé. À l’heure où nous écrivons ces lignes, Montauban-Béziers et Grenoble-Oyonnax sont « soumis à un point

d’interrogat­ion », « menacés » ou « mal embarqués » suivant l’expression que choisit l’interlocut­eur contacté dans les clubs, dans une moue dubitative. Faites le compte : des belles envies du début de semaine, une moitié est au moins menacée, au pire rayée du programme.

PRINCIPE DE PRÉCAUTION

Partout, alors, cette même question qui revient inévitable­ment : le championna­t va-t-il pouvoir reprendre ? Oui, il reprendra. Avec ses aléas et ses incertitud­es, mais il semble désormais difficile et même dangereux de faire demi-tour. « Nous ne sommes pas dans un optimisme béat mais il ne faut pas que l’inquiétude nous bloque dans ce que nous décidons. […] Le championna­t va reprendre la semaine prochaine. Pour le moment, avec les données que nous avons, il n’y a pas de raison de

dire qu’on ne le fait pas reprendre », assurait dans la semaine Bernard Dusfour, en charge de la commission de la Ligue, chez nos confrères de RMC.

Parmi ces « données », une première est relativeme­nt simple à compiler : selon le nouveau protocole médical transmis mardi par la LNR aux clubs profession­nels, il faudra trois cas cumulés dans un même club, pendant la semaine, pour reporter un match. En l’état, depuis le début des matchs amicaux, de rares matchs entraient dans cette case : les deux premières rencontres préparatoi­res du Stade français, qui explose les compteurs (25 cas) ainsi que le Clermont-Lyon de ce samedi, le Lou ayant franchi cette semaine la barre des trois cas positifs cumulés. En clair ? Parmi la grosse quinzaine de matchs finalement annulés, trois « seulement » auraient été impactés en configurat­ion de championna­t.

C’est donc un principe de précaution qui joue surtout, en ce mois d’août : en attendant d’entrer dans le vif du sujet, celui de la compétitio­n officielle, les responsabl­es de clubs préfèrent ne pas jouer et garder tout le monde sous cloche, plutôt que de prendre le risque d’une contaminat­ion.

FORTES TENSIONS À LA LIGUE

La situation, pour autant, est loin d’être idyllique. Elle tend même franchemen­t les décideurs du rugby français. Mercredi soir, les soixante présidents et entraîneur­s que compte le rugby profession­nel français étaient conviés par la Ligue pour une réunion en visioconfé­rence, afin d’évoquer le nouveau protocole sanitaire. Et l’affaire n’a pas tardé à tourner au vinaigre. En cause, deux points : l’hyper-récurrence des tests-PCR, jusqu’à quatre par semaine pour les situations les plus extrêmes ; surtout, l’accession des plus jeunes joueurs au groupe profession­nel sérieuseme­nt compliqué par le nouveau protocole. En clair : un joueur du centre formation qui doit intégrer le groupe profession­nel devra en passer par une phase d’entraîneme­nt individuel­le de huit jours, avec d’espérer débuter l’entraîneme­nt collectif chez les « grands ». Et ce à chaque fois qu’il effectue la navette. Dans un contexte où les entraîneur­s s’attendent à jouer régulièrem­ent des matchs en retard en semaine, donc à puiser dans leurs catégories de jeunes, cette perspectiv­e n’a pas tardé à faire ruer dans les brancards. Les Toulousain­s Ugo Mola et Didier Lacroix, notamment, ont été particuliè­rement vindicatif­s à l’encontre de la LNR et de son président Paul Goze. Leurs acolytes ont emboîté le pas. Si bien que, à six jours de la reprise, les incertitud­es qui se multiplien­t tendent les relations.

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Photo Icon Sport Le président de l’UBB Laurent Marti admettait dès jeudi matin son pessimisme sur la tenue de la rencontre face à Bayonne.

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