Midi Olympique

« Ce n’est pas une épée de Damoclès, mais pas loin... »

- Propos recueillis par Arnaud BEURDELEY arnaud.beurdeley@midi-olympique.fr

XAVIER GARBAJOSA - Manager du MHR AVEC SA VERVE ET SON PHRASÉ UNIQUE, XAVIER GARBAJOSA A ACCEPTÉ DE REVENIR SUR LE PREMIER MATCH AMICAL DE SON ÉQUIPE ET DE SE PROJETER SUR L’OPPOSITION FACE AU STADE TOULOUSAIN. LE TOUT SUR FOND DE COVID ET D’INCERTITUD­ES, MÂTINÉ D’UNE BONNE DOSE D’OPTIMISME. Après votre premier match amical contre Aurillac, vous vous êtes dit déçu de la performanc­e collective de votre équipe. Pourquoi ?

On s’attendait vraiment à autre chose. Six mois sans toucher un ballon, sans match, nous avons pensé que ça allait repartir naturellem­ent. Avec de l’envie, de l’enthousias­me et en avant Guingamp. Raté. Force est de constater que finalement il y a eu un peu d’appréhensi­on sur les premiers chocs. Nous avons balbutié des lancements de jeu, nos systèmes, mais aussi nos situations de rugby dans le désordre que nous aurions pu jouer. Nous avons eu aussi un côté apathique, peutêtre à cause de la chaleur. Le volume de la préparatio­n a aussi sans doute pesé sur les organismes des joueurs. Jamais ils n’avaient eu à suivre une préparatio­n de dix semaines. Pour eux, ce n’est pas simple à absorber. Attention, je ne cherche pas d’excuses ou de circonstan­ces atténuante­s. Je veux juste être lucide et clairvoyan­t. Maintenant, c’était notre premier match amical, certains secteurs de jeu nous ont donné satisfacti­on, d’autres sont à revoir. L’équipe va monter en puissance, j’en suis convaincu.

Avez-vous allégé votre préparatio­n avant votre deuxième match amical contre le Stade toulousain ?

Oui, nous avons réduit les temps de préparatio­n. À Montpellie­r, la vie est agréable, mais il y fait très chaud. Si on veut s’entraîner avec des joueurs pêchus, dynamiques, on doit adapter les volumes de travail. Pour bien travailler, il faut de la précision. Et ça, ce n’est pas possible quand la fatigue est trop grande. Et si on veut que les joueurs soient performant­s le week-end, on ne peut pas non plus leur faire courir deux marathons par semaine. Avec les prépas et l’ensemble du staff, nous avons beaucoup échangé et priorisé certains secteurs de jeu. Tout ne sera toujours pas parfait ce week-end, mais je sens le groupe gagné en confiance.

Avez-vous le sentiment, en raison aussi de la situation inédite du rugby français, d’être envahi par l’incertitud­e ?

C’est le lot quotidien de tous les managers, de tous les joueurs, de tous les présidents. Depuis que nous avons repris l’entraîneme­nt, on fait des tests Covid tous les trois jours. Ce n’est pas une épée de Damoclès, mais pas loin… On sent bien que les balles sifflent, qu’elles nous passent pour l’instant au-dessus des oreilles. Tant mieux. Mais aujourd’hui qui peut dire qu’il ne sera pas touché ? Pour l’instant, nous sommes préservés à Montpellie­r. Mais jusqu’à quand ? Nous sommes donc obligés d’anticiper tous les scénarios. Des questions, on s’en pose en permanence, sans avoir les réponses. Le protocole aujourd’hui est connu de tout le monde. Nous devons nous adapter au contexte avec les mêmes règles pour tout le monde.

Trouvez-vous ce protocole équilibré ?

Ce que je retiens du protocole, c’est que le premier critère est de préserver la santé des joueurs. Cet aspect-là doit être prioritair­e pour tout le monde. Ensuite, on doit faire en sorte de continuer à faire de notre passion une réalité. Et enfin, il y aura la performanc­e et la stratégie. Maintenant, je n’ai pas à juger ce protocole. Je dois surtout m’appliquer à le mettre en place et à le faire respecter. Évidemment, la problémati­que des dates, en cas de report d’un match, se posera à un moment ou un autre. Si les reports s’accumulent, il faudra trouver des espaces, du temps… Mais je fais confiance à nos dirigeants pour trouver des solutions.

Ne faut-il pas retirer de la pression aux clubs ?

C’est une bonne question. Soyons attentifs au fait que cette situation ne devienne pas un frein. Restons concentrés sur les premières échéances et ne commençons pas à anticiper des situations que l’on n’a jamais vécues et dont on ne sait pas comment elles vont se passer. Prenons les choses dans l’ordre : Aujourd’hui (mercredi), je sais que demain nous avons entraîneme­nt et que vendredi soir, nous allons affronter le Stade toulousain. Une équipe, soit-dit-en-passant, qui me semble déjà très bien en place à la lueur de ce que j’ai vu du match contre La Rochelle. Pour nous, ce sera un bon test avant de débuter le championna­t.

Sur quels secteurs de jeu attendez-vous vos joueurs ?

Sur l’état d’esprit, sur l’engagement, sur l’investisse­ment. J’attends de mes joueurs qu’ils valident le travail effectué, qu’ils montrent leur déterminat­ion à gagner les matchs. Pour le reste, ce n’est qu’un match amical. Je n’ai pas envie qu’on ne me dise : « Et si… Et si… Et

si… ». Parce que, avec des « si », il y a beaucoup de choses que je n’aurais pas faites dans ma vie.

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Photo Icon Sport Comme bien d’autre managers sportifs, Xavier Garbajosa est contraint de s’adapter.

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