LES COBAYES DE SABRES
LE STAFF DU XV DE FRANCE VOULAIT S’ENTRAÎNER… À ENTRAÎNER. IL A CHOISI DE LE FAIRE AVEC DES JEUNES DES PÔLES ESPOIRS DE NOUVELLE-AQUITAINE À SABRES, DANS LES LANDES.
Au coeur de la forêt landaise, à Sabres, Fabien Galthié et ses lieutenants ont vécu une sorte d’opération « Cobayes ». Sous leur autorité s’ébattaient une quarantaine de jeunes issus des « pôles espoirs » de Nouvelle-Aquitaine : Talence, Bayonne et Pau. Plus des joueurs de Tarbes, Tyrosse, Bayonne, Biarritz, CABBG et Mont-de-Marsan. Les grands clubs étaient déjà représentés et l’on nous montrait déjà quelques Crabos plein de promesses. Qui ? Un troisième ligne, un ouvreur dont on pronostique la présence dans les premières équipes de France… Le stage n’avait rien d’une plaisanterie, les jeunes ont eu droit à une vraie session de haut niveau avec des données GPS personnalisées et des observations du même tonneau que les joueurs du XV de France. Ils ont fait connaissance avec les mètres parcourus, la VO2 Max, le temps passé à vitesse maximale. On a mesuré leur capacité d’accélération, le temps qu’ils ont passé à cent pour cent de leur capacité. Fabien Galthié a insisté sur une limite apparemment décisive, celle des 21 kilomètres à l’heure. Il a aussi mis le doigt sur une statistique issue du dernier Tournoi: savoir jouer au pied, souvent, pour mettre la pression à l‘adversaire. Ce serait même la condition sine qua non pour gagner un match international.
Ces apprentis champions déjà sélectionnés ont parfois pris des notes. Ils ont tous écouté sagement en se disant qu’un jour peutêtre, ils seront soumis à tous ces paramètres à Marcoussis avant un match du Tournoi. Puis, dans la foulée, ils sont revenus sur le terrain. Cobayes de cobayes car Fabien Galthié ne l’a pas caché, ces séances servaient aussi de laboratoire à un staff qui veut s’améliorer à chaque période internationale. « V1 » du Tournoi à la « V2 » des tests de l’automne a expliqué le sélectionneur.
« Même au cours de ce stage, nous allons nous adapter et évoluer. »
Les jeunes sont allés dans la foulée expérimenter in vivo le fameux jeu à haute intensité avec des séances de quatre ou trois minutes plein pot et un ballon qui ne sort jamais, où l’on passe de l’attaque à la défense en une seconde. Où l’on est à la limite de perdre le contrôle de soi-même, voilà le régime qui doit amener les jeunes et les moins jeunes Français vers les sommets.
DES JUNIORS CRABOS PROMETTEURS
Parmi ces juniors Crabos, on a repéré quelques talents de-ci delà, au gré des confidences des membres du staff. Silouane Bouché, troisième ligne de l’UBB formé à Sainte-Foy-la-Grande s’est fait remarquer aussi bien en attaque qu’en défense : « Fabien Galthié ne nous a pas ménagés. Il nous a entraînés comme les gars du XV de France. Nous étions un peu à la rue devant autant d’exigence, notamment au niveau des courses et du besoin d’intensité. » Mêmes impressions pour Théo Chauvin, Bordelais lui aussi, mais talonneur : « Il fallait mettre l’intensité dans tout ce qu’on fait, et bien profiter de chaque récupération. » Théo Mercier et Kevin Moulou, centre et troisième ligne de Pau, n’ont pas caché la dureté de l’épreuve qu’ils venaient de traverser sous un soleil de feu : « Ils nous ont demandé beaucoup de vitesse. Courir à 28 à l’heure, rendez-vous compte, c’est énorme. » Sirius Permal, numéro 8 de l’UBB, n’est plus au pôle espoir, il est déjà pensionnaire du centre de formation. Il a donné de sa personne pour ne pas décevoir le staff suprême : « Croyez-moi, c’était très dur, très physique. » ■