Midi Olympique

« C’est infaisable ! »

BOÉ BON ENCONTRE - FÉDÉRALE 3 LE CLUB DE LA BANLIEUE AGENAISE NE SAIT PAS SUR QUEL PIED PRATIQUER SON RUGBY. LA COVID 19 SUSCITE UN FLOT DE QUESTIONS.

- Par Gérard PIFFETEAU

Le Lot et Garonne tremble. Le feu de la Covid est passé à l’orange n’épargnant personne, ni les entreprise­s, ni les associatio­ns, pas même le grand SUALG. Alors faites l’effort d’imaginer les craintes que ressentent les clubs plus modestes de l’ex-comité Périgord-Agenais. Il y a un mois, dans l’agglomérat­ion agenaise, le CO Pont-duCasse a enregistré un cas positif qui a semé le trouble. 60 personnes ont été testées, les entraîneme­nts ont été suspendus durant deux semaines et l’alerte sanitaire est passée. Mais le président Claude Margnac n’est pas rasséréné pour autant : « Je suis inquiet, j’ignore de quoi demain sera fait. Le problème qui nous est posé déborde largement du cadre sanitaire. Nous n’avons pas des stades capables de recevoir les joueurs et le public. On exige 4 m² par personne dans le vestiaire, quel club de notre niveau en territoria­l possède un vestiaire de 100 m² ? Il n’y a pas de cohérence, s’il y a un risque arrêtons tout, sinon il faut qu’on tolère. » Dans la sphère de la Ligue Nouvelle Aquitaine, des scénarios de reprises du championna­t en octobre, novembre, décembre ou janvier auraient été élaborés ce qui pousse Claude Margnac à réagir : « On dit quoi à nos partenaire­s ? Les petits clubs sont menacés. » À quelques kilomètres de là, David Ardilouze et Patrick Hollevoet entraîneur­s de Bon-EncontreBo­é, conduisent des séances « normales » de préparatio­n à la reprise en Fédérale 3. Seule consigne : arriver en tenue avec sa boisson. Il n’empêche qu’ils sont encore nombreux à passer par la case vestiaire. Un joueur de rugby ne se refait pas. En vérité, c’est autour du terrain que la problémati­que trouble les nuits du président Frédéric Lodetti. La complexité de la mise en oeuvre des contrainte­s sanitaires imposées par la FFR le fait sortir de son calme habituel : « Quand je vois ce qu’on nous demande de faire sur les jours de matchs… Tout le monde doit être dans la tribune en respectant les distances. La nôtre fait 500 places or le premier match contre SainteLivr­ade est un derby, nous attendons 1000 personnes. Comment fait-on ? Et comment gère-t-on la situation si, à l’entrée, quelqu’un refuse de porter le masque obligatoir­e ? Selon moi, pour un club qui n’a pas suffisamme­nt de bénévoles c’est infaisable. »

DERNIER REPAS D’AVANT MATCH ?

Frédéric Lodetti a raison sur un point : dans la sphère rugby, le sens du tactile pousse naturellem­ent les gens les uns vers les autres. Comment peut-on éviter ce contact qui se veut « culturel » ? Ensuite, l’aspect financier ne tarde guère à apparaître : « J’ai commandé cinq bidons de 20 litres de gel pour 70 € ; des distribute­urs à 15 € chacun et des masques à 60 centimes pièces. Combien de temps cela va-t-il durer ? Combien ça va nous couter ? Et si le virus mute ? Et je n’envisage même pas le huis clos qui ne serait pas viable car dans notre club il n’y a que des primes de matchs, sauf que sans entrées aux guichets… Nous avons l’intention d’organiser un premier repas d’avant match mais nous devons présenter un dossier à la mairie. Le protocole est très lourd, ce sera peut-être le dernier. Nous ne sommes que des bénévoles. » Chef d’entreprise de 47 ans, le président est confronté au quotidien aux difficulté­s d’applicatio­n des règles sanitaires, alors il imagine aisément la complexité quand il s’agit d’un public en quête de plaisir le week-end autour d’un terrain. « Et il peut y avoir des sanctions, soupire-t-il. C’est ambigu. » Mêlés à la vie réelle, les joueurs eux « font ce qu’ils peuvent » en s’étonnant qu’on puisse leur imposer autant de contrainte­s pour ensuite affronter un adversaire au corps à corps. Alors irait-on un peu trop loin dans les mesures de précaution­s imposées aux sportifs ? Frédéric Lodetti sans hésiter franchit le pas : « Je n’ai aucun souci avec le port du masque obligatoir­e mais ensuite on en fait trop. » Et c’est maintenant l’avenir qui le préoccupe : « Le départ de la saison va être très compliqué, chaque club voit midi à sa porte. Des partenaire­s pourraient ne pas continuer à nous aider, nous risquons d’avoir quelques mauvaises surprises. Moi-même, j’ai depuis trois ans une loge de 12 places au SUALG et nous avons été informés que la capacité était réduite à 10 places. J’en fais quoi des deux autres et qui va me dédommager ? » L’époque est propice aux questionne­ments, mais c’est de réponses que les clubs ont besoin.

VIENNE - FÉDÉRALE 1 APRÈS LE TEST POSITIF D’UN DE SES JOUEURS DE L’ÉQUIPE PREMIÈRE LE 11 AOÛT, LE CLUB DRÔMOIS ANNONÇAIT, APRÈS UN DÉPISTAGE MASSIF, QUE 19 DE SES LICENCIÉS AVAIENT CONTRACTÉ LE CORONAVIRU­S. DEPUIS, LE CLUB TENTE TANT BIEN QUE MAL DE REPRENDRE VIE, NON SANS DIFFICULTÉ...

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