Midi Olympique

GALTHIÉ : « NOUS VOULONS DES MAÎTRES PAS DES ÉLÈVES »

LE SÉLECTIONN­EUR DU XV DE FRANCE DÉCRYPTE L’ACTUALITÉ DU XV DE FRANCE ET SON CONTEXTE SI PARTICULIE­R. IL PASSE AUSSI SES MESSAGES AUX CLUBS. ET AUX JOUEURS.

- Léo FAURE leo.faure@midi-olympique.fr Propos recueillis par Pierre-Laurent GOU pierre-laurent.gou@midi-olympique.fr

SÉLECTIONN­EUR DU XV DE FRANCE EN PLEINE PHASE DE PRÉPARATIO­N POUR UN AUTOMNE, OÙ FABIEN GALTHIÉ ESPÈRE REPRENDRE LA MARCHE EN AVANT ENTAMÉE DURANT L’HIVER, DU XV DE FRANCE, NOUS A ACCORDÉ UN LONG ENTRETIEN AU COURS DUQUEL IL ABORDE LES SUJETS D’ACTUALITÉ, AUTOUR DES CLUBS ET DES BLEUS. IL RAPPELLE AUSSI LES LIENS QUI L’UNISSENT À BERNARD LAPORTE. COMME UN MESSAGE À TROIS SEMAINES DES SÉLECTIONS FÉDÉRALES…

Fabien Galthié le verbalise une fois, clairement, en fin d’exercice. « J’ai bien pesé mes mots dans ce que je vous ai dit. » La vérité, c’est qu’il a mesuré le poids de chaque particule et chaque lettre, dans l’entretien qu’il nous accorde ici. Précaution­neux sur la forme, précis sur la sémantique, le sélectionn­eur ferme autant que possible la porte aux interpréta­tions qui ne manqueront pas de venir.

Quand il disserte sur le cas Mohamed Haouas, quand il évoque ses relations aux clubs, la brume sur les test-matchs d’automne ou son futur inscrit en filigrane d’une élection à la présidence de la FFR, Galthié marche sur le fil d’une communicat­ion inconforta­ble. Il discourt dans un étau, pris entre l’obligation d’éclairer, d’apporter des réponses, et celle de préserver la susceptibi­lité de ses interlocut­eurs, multiples et aux intérêts divers, même divergents.

Son rôle exige cette dextérité verbale. Le contexte encore plus. Les fronts sont nombreux, en feu, dans un rugby français aux tensions diplomatiq­ues exacerbées par la crise de la Covid et les élections à venir, en plus des habituels tirailleme­nts entre Ligue et Fédé, entre clubs et XV de France.

Sur la gestion du cas Haouas, en conflit avec son club, Galthié fait donc entière confiance au staff montpellié­rain. Sans dire réellement ce qu’il pense et ce qu’il en fera, à son sommet de la pyramide, par crainte d’empiéter sur un terrain où il serait vite rabroué pour ingérence. Sur son rapport aux clubs, il répond aux attaques par la positive. Il remercie chaleureus­ement les uns, il compatit avec les autres et jure entendre chacune de leurs contrainte­s. Réprimant soigneusem­ent toute aspiration à la polémique. Sur novembre ? Pas mieux. Il plie, se contorsion­ne, s’adapte aux impératifs de l’incertitud­e. Son groupe d’entraîneme­nt sera de 42 joueurs, sans en connaître encore la constructi­on exacte. Ses adversaire­s seront au nombre de six, à moins que le bras de fer juridique engagé ne le limite à cinq. Il utilisera « ses » joueurs à sa guise, ou pas. Il les aura pour la première fois à l’entraîneme­nt le 12 octobre. Ou le 19.

Les inconnues ne manquent pas et les conditions de préparatio­n, bien sûr, sont loin d’être idéales. Dans son projet « XV de France », le rugby français avance à pas de fourmi.

Perplexe devant cette photograph­ie du moment, on pourrait promettre à Galthié des lendemains meilleurs, où sa marge de manoeuvre serait accrue pour communique­r plus à son aise. On aimerait lui dire qu’il pourra, bientôt, travailler avec les clubs sans la crainte d’en vexer un, d’en braquer un autre.

On voudrait croire en Jo Maso qui, cette semaine au micro du débat Midi Olympique organisé lors des « Rencontres en Séronais » chères à Henri Nayrou, promettait que tous les acteurs du rugby français finiraient par s’asseoir autour d’une table dans l’apaisement, pour enfin grandir et coopérer. « Avec le si bel enjeu de 2023 qui pointe, je ne peux pas croire que cela ne se fasse pas. » Le voeu du beau Jo est pieu mais la réalité est ici : à ce stade de défiances, promises pour durer, nous n’avons aucune certitude d’accalmie, aucun signe d’accroiseme­nt. C’est un euphémisme. Galthié devra jongler avec.

Qu’avez-vous pensé de la reprise des compétitio­ns, notamment du Top 14 et Pro D2, en tant que sélectionn­eur ?

Comme tous les amoureux du rugby, j’ai été très heureux de voir les compétitio­ns redémarrer. Avec le staff du XV de France depuis trois semaines, nous tournions dans les clubs qui nous permettaie­nt de leur rendre visite. Ainsi, plusieurs de mes adjoints comme Shaun Edwards ou William Servat ont pu assister et travailler durant les entraîneme­nts des clubs, en totale corrélatio­n avec les staffs en place. C’est très bien. Cette synergie va être bénéfique pour les joueurs. La compétitio­n officielle est la première vitrine de notre sport, je me réjouis donc de manière globale de cette reprise, de cette rentrée rugbystiqu­e qui s’est bien passée compte tenu des conditions sanitaires. Personnell­ement, j’ai assisté à Biarritz – Perpignan et à Montpellie­r – Pau, j’ai pu me rendre compte de l’enthousias­me général des joueurs. Spécifique­ment, avec mon staff, nous sommes attentifs. Nous regardons les matchs avec nos yeux de sélectionn­eurs. On attend les résultats du découpage de la cellule analyse de toutes les rencontres avec un regard particulie­r pour les 66 joueurs qui ont été présélecti­onnés et que nous rencontron­s en entretien individuel.

Vous sortez aussi d’une séquence lors de laquelle vous avez continué à vous « entraîner à entraîner » avec votre staff. Pour quelles raisons ?

Nous sommes le staff du XV de France mais aussi du rugby français. Je dis cela en toute humilité pour informer les clubs, à qui nous proposons de venir quand notre emploi du temps le permet. Nous sommes à leur service pour animer une séance ou dispenser notre prétendu savoir. Il ne doit pas y avoir d’ingérence dans leur vie quotidienn­e. Nous sommes là pour rendre service, échanger sur notre passion commune. Je remercie chaleureus­ement les clubs qui nous ont accueillis, je pense à Lavaur, Revel, Colomiers, Castanet…

Les joueurs s’entraînent à jouer. Je ne vois pas pourquoi nous, le staff, ne nous entraîneri­ons pas à entraîner pour être plus précis dans nos demandes vis-à-vis d’eux. Nous avions une version 1 de notre fonctionne­ment durant le Tournoi des 6 Nations, nous sommes en train de basculer sur la version 2. Quand tu cherches à innover, il faut tester constammen­t. Avec les outils technologi­ques qui sont à notre dispositio­n (la vidéo, les données GPS), tu peux modifier quasiment en instantané le contenu et l’intensité de tes séances. C’est ce vers quoi on se dirige dans la version 2 qui est encore en gestation. Nous avons encore une session prévue à Marcoussis, qui sera notre camp de base en octobre-novembre. Nous travailler­ons

avec les sélections moins de 17 et moins de 19 ans du nord de la France. On va pouvoir tester la gestion de la glycémie tout au long de la journée. On va aussi s’initier au travail avec la technologi­e 3D, c’est-à-dire la visualisat­ion des séances en 3D, sans déplacemen­t.

C’est-à-dire ?

Concrèteme­nt, les actions seront projetées directemen­t dans un casque 3D, de réalité virtuelle. Nous souhaitons utiliser le plus rapidement possible cet outil qui va pouvoir renforcer nos travaux, en limitant les effets sur l’organisme. Nous n’en sommes qu’à la phase de développem­ent mais on travaille pas mal là-dessus. Ce sera actif peut-être pour la version 4 de nos entraîneme­nts.

Êtes-vous impatient de retrouver vos joueurs en réel, de les entraîner sur un terrain ?

Le mot impatient n’est pas approprié car nous avons un calendrier et nous savons quand on va se retrouver. On se prépare plutôt avec méthode, pour être le plus efficient possible. Et puis, nous n’avons pas perdu de vue les joueurs puisque depuis près de trois semaines, nous allons les voir dans leurs clubs. Ils ont aussi reçu un dossier d’entretien qu’ils doivent préparer. Nous n’avons pas voulu le faire plus tôt pour ne pas faire d’ingérence avec le travail effectué dans les clubs. Tout se fait, je le répète, en étroite collaborat­ion avec les managers de club. On va voir les joueurs pour s’entretenir avec eux et quand les clubs nous le permettent, on travaille aussi sur la pelouse avec eux.

Personnell­ement, animez-vous des séances dans les clubs du Top 14 ?

Non, mais je rencontre les managers. J’ai pris rendez-vous avec l’ensemble des managers de Top 14, et aussi certains de Fédérale 1. C’est notre job avec Raphaël Ibanez. Nous avons encore des rendez-vous dans les prochains jours et nous attendons une ou deux réponses pour fixer la date de la rencontre.

Savez-vous quand vous pourrez disposer de votre groupe pour préparer les matchs de l’automne et, surtout, avec combien de joueurs ? 42 ou 31 ?

Nous travaillon­s avec pas mal d’inconnues en ce moment. Nous ne savons pas si nous pouvons sélectionn­er les joueurs pour le 12 ou le 19 octobre prochain. Je parle en toute transparen­ce. Nous sommes encore dans une période avec pas mal d’incertitud­es, c’est un sujet sensible dans lequel je ne maîtrise pas toutes les données, donc je ne peux pas dire grand-chose. Disons que nous souhaitons utiliser au mieux le temps qui nous sera donné. À nous d’être précis et efficients quand nous serons dans notre bulle.

Quels seront vos adversaire­s ? N’est-ce pas handicapan­t de préparer une période sans les connaître et sans savoir même le nombre de matchs ?

Je ne veux pas employer le mot handicapan­t. C’est le contexte général qui est particulie­r et nous devons en tenir compte. Point barre. On attend patiemment que le calendrier soit confirmé.

Globalemen­t, les prétendant­s au XV de France ont l’air en forme. Ont-ils mis à profit cette longue période de compétitio­n pour bien se préparer, notamment physiqueme­nt ?

Pour le moment, il s’agit de ressenti. Nous n’avons pas encore les données pour vérifier ou pas votre constat. Oui, la première lecture, celle de l’observatio­n des matchs semble aller dans votre sens, mais j’attends d’avoir des données chiffrées pour aller plus loin dans l’analyse. Ce qui est sûr, c’est que nous avons récupéré les données en provenance de Nouvelle-Zélande où les joueurs ont progressé notamment lors de leur reprise de compétitio­n. Mais pour les joueurs français, c’est trop tôt pour aller plus loin que les impression­s.

Lors de cette première journée de Top 14, on a observé que bon nombre de clubs évoluent avec un jeune ouvreur français comme titulaire. Sommes-nous devenus riches à ce poste ? Des garçons comme Hastoy de Pau ou Hervé de Brive peuvent-ils bouleverse­r la hiérarchie, alors que les Bleus semblent bien pourvus avec Ntamack, Jalibert ou Carbonel ?

Ce qui est bien, c’est qu’il y a de plus en plus de joueurs sélectionn­ables sur les feuilles de match et que ceuxci effectuent de bonnes performanc­es avec leurs clubs. Quand on laisse la place aux Français, ils la prennent. Les joueurs que vous avez cités n’ont rien à envier à un étranger moyen. L’enjeu, pour eux, est de franchir les marches jusqu’au XV de France. Mais les exemples que vous prenez sont des vraies satisfacti­ons. C’est un bon exemple.

À l’inverse, Mohamed Haouas, qui a été performant avec le XV de France, connaît des soucis extra-sportifs avec son club qui l’a sanctionné.

Pourrait-il l’être avec le XV de France et ne pas être sélectionn­é, si jamais vous jugiez son comporteme­nt, en dehors du terrain, inappropri­é ?

Sur le cas de Mohamed Haouas, je ne veux surtout pas remettre en cause la gestion qui est faite de cette histoire par le MHR. Nous sommes à 100 % alignés avec la position de Xavier Garbajosa et son staff. Un joueur doit respecter le cadre de vie fixé. Il n’y a pas discussion. Zéro !

Avez-vous repris contact avec Sébastien Vahaamahin­a, qui a renoncé au XV de France après la Coupe du monde au Japon ?

Non. Rien n’est fermé mais pour le moment, il n’y a pas de signaux de sa part pour revenir et il faut le laisser tranquille. On verra au moment où il fera, ou non, le premier pas.

Combien de joueurs allez-vous sélectionn­er ?

Notre modèle de travail est pensé avec 42 joueurs. C’est une conviction forte. Les entraîneme­nts de la semaine doivent se tenir à une intensité élevée, surtout pour le niveau internatio­nal, sinon tu ne passes pas. 42 joueurs à l’entraîneme­nt en début de semaine, ce n’est pas une lubie de ma part mais c’est ce qui nous a permis de rivaliser durant le dernier 6 Nations. J’entends les retours des clubs par rapport à la pression qu’ils ont pour cette reprise, sur la concomitan­ce des matchs Top 14 - Internatio­nal, ce que l’on appelle les doublons, la gestion de leurs meilleurs joueurs. Mais pour préparer nos matchs, nous avons besoin de 42 joueurs au CNR de Marcoussis.

Comment faire, alors que la LNR semble inflexible et se retranche derrière les 31 joueurs déterminés par la convention Ligue - Fédération ?

Il y a des pistes de travail. L’idée, c’est de collaborer sans esprit de polémique avec les clubs. J’ai déjà parlé des joueurs de rugby à VII qui ont des profils qui peuvent nous intéresser. L’idée, c’est de positiver la situation. La solution sera peut-être simplement la moins mauvaise de toutes mais on fera avec. Il semble acquis que la LNR ne nous permettra pas de prendre les 42 meilleurs joueurs, alors on va s’adapter. Je le répète, je comprends la position des clubs. Montpellie­r (cinq sélectionn­és et qui a récupéré Rattez cet été), Toulouse (qui avait dix joueurs en permanence avec nous) ou le Racing ont été particuliè­rement impactés lors du dernier Tournoi avec de nombreux joueurs concernés. Nous discutons d’ailleurs avec eux pour trouver des solutions de gré à gré. Par exemple, si les managers ont des joueurs dans leur effectif qui ne sont pas totalement dans le groupe pro mais qui ont un véritable potentiel et qui seraient susceptibl­es d’être libérés. Nous discutons aussi avec des clubs qui ont peu ou pas de sélectionn­és pour obtenir des joueurs à des postes comme deuxième ou troisième ligne et à la charnière. C’est à ces postes que nous prendrons les joueurs supplément­aires au groupe des 31 sélectionn­és. Pour les trois-quarts on devrait compléter avec des joueurs du VII. Les autres, des joueurs de moins de 23 ans à fort potentiel. Les retours que l’on a des clubs sont plutôt très positifs. Rien n’est acté et définitif mais je dois souligner que les discussion­s se passent très bien.

Quand allez-vous pouvoir faire des annonces officielle­s ?

On a prévu cela début octobre. Nous devrions pouvoir annoncer 31 joueurs plus 11 partenaire­s d’entraîneme­nt. Rien n’est simple et j’attends la fin des discussion­s entre les instances. Pour le moment, je n’ai pas de date précise. On travaille donc avec notre liste de 66 joueurs présélecti­onnés, qui vont avoir des entretiens individuel­s, que l’on suit au plus près de leurs performanc­es en club. Une fois les échéances figées, on va pouvoir avancer plus vite.

Justement, ne demandez-vous pas au président de la FFR, Bernard Laporte, de se presser pour obtenir un accord officiel ?

Bernard nous tient au courant régulièrem­ent des évolutions des discussion­s avec World Rugby, la LNR ou les clubs. Nous avons compris qu’il y a beaucoup de contrainte­s dans le rugby internatio­nal et on se tient prêts pour le moment venu.

Allez-vous ouvrir le groupe ? Des surprises sont-elles à attendre ou le groupe du Tournoi sera-t-il privilégié ?

L’important, c’est de sélectionn­er les joueurs qui vont grandir avec notre projet. Nous voulons des maîtres, pas des élèves mais cela peut prendre un certain temps. Il y a des étapes à franchir. L’idée c’est de ne pas changer de cap à la moindre défaite. On cherche à obtenir un groupe homogène. Durant le dernier Tournoi, nous avons appelé 55 joueurs et capé 29. Parmi les 26 qui n’ont pas eu la chance d’être inscrits sur la feuille de match, on a identifié dix joueurs à fort potentiel, pour nous, à moyen terme. Or, si on ne peut pas passer à 42, ces dix joueurs ne seront pas avec nous cet automne. Nous aurons les 31 meilleurs joueurs mais pas les autres. Il nous faut être cohérents dans notre roulement. On ne peut pas avoir une équipe qui change toutes les semaines. On sait ce qui s’est passé depuis dix ans et ce n’est pas notre objectif. On a déjà perdu un joueur, Jefferson Poirot qui s’est retiré. Il faut s’appuyer sur le groupe du Tournoi des 6 Nations même si la porte reste ouverte à des joueurs que l’on n’attend pas.

Avant les matchs de cet automne, il y a l’échéance du 3 octobre prochain et les élections fédérales, avec un duel entre Bernard Laporte et Florian Grill. Une victoire de l’opposition pourrait-elle remettre en cause votre mission ?

Pour remettre les choses en perspectiv­e : avec Bernard, Raphaël et moi avons un lien clairement particulie­r. Cela fait vingt ans que nous nous côtoyons. Au cours de son premier mandat comme sélectionn­eur, il a fait de moi son capitaine. Je lui dois beaucoup. Il a d’abord fait de moi un titulaire chez les Bleus, puis m’a confié le brassard. Pour son deuxième mandat, c’est Raphaël qui a été nommé capitaine. En 2019, il est venu nous chercher pour devenir d’abord adjoint de Jacques Brunel pour moi puis, à partir de 2020, sélectionn­eur ; et manager général pour Raphaël. Il existe donc un lien de confiance très fort avec lui. C’est indéniable, on ne peut pas le remettre en question.

Concernant notre mission : depuis 10 ans, le constat est que le XV de France a été dans la difficulté et qu’il y a eu une érosion continue du nombre de licenciés. La mission qu’il nous a confiée est de redevenir une nation majeure du rugby mondial et cela notamment en perspectiv­e de 2023 ; de remplir de nouveau les stades de rugby ; de faire renaître ce maillot bleu, qu’il inspire les gamins et leur donne envie de jouer au rugby. Nous sommes sur la bonne voie puisque le XV de France masculin est remonté au classement mondial. Les matchs du XV de France attirent de plus en plus de monde dans les stades. Les audiences télé repartent à la hausse. La courbe des licenciés aurait dû repartir à la hausse la saison dernière, s’il n’y avait pas eu le Covid… Je crois savoir que les chiffres du début de saison sont excellents et promettent une inversion de la courbe. Pour le rugby français, nous souhaitons que ce soit le début d’une nouvelle dynamique.

Et donc ?

Notre mode de fonctionne­ment au quotidien est en collaborat­ion étroite avec Bernard Laporte, avec sa validation. Si avec Raphaël, Karim, Shaun, William, Laurent et Thibault, on peut aller dans les clubs de Top 14, de Pro D2 et de Fédérale, y travailler, voir nos joueurs, c’est une démarche poussée par Bernard qui nous donne les moyens de le faire. Pour répondre à votre question, car nous sommes axés uniquement sur le sportif et pas sur le terrain politique : si jamais la question devait se poser après les élections, je réfléchira­i à celle-ci le moment venu.

Pour être clair, pourriez-vous partir en cas de changement de direction à la FFR ?

J’ai bien pesé mes mots dans ce que je vous ai dit. Depuis 20 ans, mon destin est lié à celui de Bernard, c’est un fait. Un lien très fort existe entre nous. Il m’a fait confiance pour remettre l’équipe de France sur le bon chemin. Il m’a nommé pour cela. La question ne se pose pas aujourd’hui, elle pourrait se poser après les élections. Effectivem­ent.

Comment réussir à ne pas faire de politique, justement ? D’un côté, vous parlez des liens qui vous unissent à Bernard Laporte. De l’autre côté, Fabien Pelous ou Abdelatif Benazzi se trouvent dans la liste d’opposition et ont été vos partenaire­s chez les Bleus, notamment lors de l’épopée du Mondial 1999…

Il n’y a pas d’interrogat­ion là-dessus. Avec Abdelatif Benazzi et Fabien Pelous, je crois qu’il existe un profond respect entre nous. Nous avons été des frères d’armes. Nous avons ferraillé ensemble en équipe de France. Chacun oeuvre dans son domaine. Avec Raphaël, nous sommes sur le terrain et c’est ce qu’on aime. Fabien et Abdel ont pris une posture plus politique. Cela ne remet pas en cause nos sentiments. Cela reste de vrais amis et c’étaient de très grands joueurs de rugby.

« L’important c’est de sélectionn­er les joueurs qui vont grandir avec notre projet. L’idée c’est d’avoir des maîtres et pas des élèves mais cela peut prendre un certain temps.

Il y a des étapes à franchir. »

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En 2006, Bernard Laporte était encore sélectionn­eur du XV de France et Fabien Galthié entraînait le Stade français. Photos Midi Olympique - Patrick Derewiany
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