Des idées pour l’avenir
Tiraillé par sa culture club et ses rêves de grandeur pour le XV de France, le rugby français peut-il se réinventer ? Les anciennes gloires du rugby français y croient. À commencer par Pierre Villepreux : « Est-ce qu’il faut mettre en parallèle les deux ? Certainement pas. Les deux doivent se nourrir l’un et l’autre. » L’idée plaît sur le papier, évidemment. Mais dans les faits, ça paraît plus délicat : « La grande difficulté vient du fait que le joueur est partagé entre leur club qui les rétribue et l’équipe de France qui les fait briller, évoque, en connaissance de cause, Jo Maso, ancien manager des Bleus. Il peut se sentir tiraillé. C’est aux dirigeants de faire en sorte qu’il se sente bien. » Le calendrier international, encore et toujours, revient inévitablement au coeur de la discussion : « Il est de la responsabilité de la FFR et la LNR de s’entendre pour arriver à un calendrier normalisé. De combien de matchs les clubs ont-ils besoin pour vivre ? Est-ce que l’on ne peut pas s’entendre pour avoir une sélection performante ? Est-ce qu’en ayant plus de tests-matchs, la FFR ne pourrait pas payer davantage les joueurs, comme c’est le cas en Angleterre ? En tout cas, il est l’heure de donner la priorité au XV de France. » Mais en l’occurrence, le problème dépasse les limites des frontières françaises, comme le rappelle Pierre Villepreux : « Il faudra avant tout trouver une solution au niveau mondial. Car jusqu’à présent, les intérêts sont différents entre le Nord et le Sud, entre les Fédérations du Nord, entre les instances françaises… » D’autres pistes de réflexion sont toutefois avancées par l’ancien entraîneur national : « Si l’on veut faire un pas en avant, ne peuton pas, avec les effectifs actuels, passer à deux matchs par semaine ? Ça ferait de la place aux jeunes et ça libérerait des créneaux pour l’équipe de France. » Au grand regret des intervenants, les négociations menées pendant l’interruption des compétitions n’ont pas permis à l’épineux débat d’avancer : « Même si le confinement a pu marquer un pas en avant, ce n’est pas trop tard, affirme Jo Maso. Il y a toujours eu cette volonté au départ de trouver des compromis mais ça ne s’est jamais concrétisé. Est-ce que les clubs ont l’envie de participer à l’embellie du XV de France ? Je ne le sens pas. » Une allusion comme un message : aux dirigeants d’être à la hauteur de la mission.