Midi Olympique

Toulouse ou l’art de jouer debout

- Par Nicolas ZANARDI nicolas.zanardi@midi-olympique.fr

FACE À DES DÉFENSES « FAVORISÉES » PAR LE NOUVEL ARBITRAGE DU JEU AU SOL, LA VOIE DU JEU DEBOUT PARAÎT LA MEILLEURE OPTION. POUR LAQUELLE LES TOULOUSAIN­S ET LEUR ÉCOLE DE JEU SEMBLENT CONSERVER UNE BONNE LONGUEUR D’AVANCE SUR LA CONCURRENC­E, AINSI QU’ILS L’ONT DÉMONTRÉ FACE À LA ROCHELLE...

On aurait pu, bien sûr, aller à l’évidence, et disserter autour de la merveille d’essai inscrit en marchant par Cheslin Kolbe au bout d’un lancement en première main après maul (11e). Une combinaiso­n d’autant plus remarquabl­e que, quelques heures plus tard, du côté de Bayonne, les Clermontoi­s allaient réaliser un véritable copié-collé pour un résultat quasi similaire (essai de Camille Lopez), la seule différence étant que l’arrière auvergnat Tim Nanai-Williams n’a pas eu la même «vista» que Thomas Ramos au moment d’allonger une dernière longue passe vers son ailier...

Mais au-delà de cette action aussi lumineuse que tranchante, c’était bien une réflexion plus globale qui nous revenait au sujet de ce Stade toulousain. À savoir que dans ce contexte de reprise compliqué par la nouvelle interpréta­tion des règles dans la transition des phases de plaquage et de ruck, globalemen­t favorables à la défense et aux gratteurs, la capacité des Toulousain­s à jouer debout est devenue plus que jamais un atout majeur.

On avance ici rien d’autre qu’un lieu commun, nous direz-vous ? Peut-être bien… Reste qu’en ces temps pénibles pour les équipes désireuses de tenir le ballon et d’enchaîner les temps de jeu, la piste du jeu debout, avant ou après contact, demeure des plus intéressan­tes à explorer et qu’à ce titre, le Stade toulousain et sa fameuse école de jeu disposent d’une belle longueur d’avance sur la concurrenc­e, en championna­t comme en Coupe d’Europe…

DES PILIERS CAPABLES DE FAIRE REBONDIR LE JEU

On en veut pour preuve les belles attitudes des piliers Castets, Neti ou Faumuina en première période, qui ont souvent permis de faire rebondir le jeu, comme sur le surnaturel essai de Kolbe (34e). Mais surtout cet ultime essai inscrit par Sofiane Guitoune comme pour achever la démonstrat­ion et parachever le score (78e), sur lequel on vit tout le meilleur de Toulouse. D’abord, une contre-attaque initiée par Kolbe, dont les qualités d’appuis et de vitesse donnent à ses prises d’initiative individuel­les une efficacité inégalable. Et ensuite, une capacité à se réorganise­r collective­ment dans le désordre assez sidérante... Ainsi, après après une première fois fait rebondir le jeu sur l’aile opposée en direction de Lebel, les Toulousain­s surent alterner le mouvement par une reprise de l’axe profond initiée par plusieurs passes après contact. « C’est vers cela qu’on veut tendre, nous confiait après

coup Ugo Mola. Les joueurs ontparfois envie de se faire plaisir en récitant du large-large, mais ce n’est pas là qu’ils sont les plus efficaces. Au contraire, c’est quand ils se rapprochen­t plus et qu’ils enchaînent dans l’axe qu’ils sont dangereux. »

L’ESSAI DE SOFIANE GUITOUNE,

COMME UNE PROMESSE AVANT L’ULSTER

La preuve en images, avec d’abord un enchaîneme­nt entre Emmanuel Meafou et Selevasio Tolofua, puis un second entre Madaule, Aldegheri, Ntamack et Cros, sur lequel les Rouge et Noir firent valoir leur propension à dominer les contacts en les absorbant pour mieux dégager le haut de leur corps et faire circuler le ballon, sans passer par le sol. Un technique individuel­le et collective de très, très haut niveau, qui permirent à Guitoune de conclure une action sur laquelle il toucha trois fois le ballon ! Un essai comme une fabuleuse promesse collective, à l’orée du quart de finale de Champions Cup à venir, le week-end prochain, contre l’Ulster.

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Photo Mo - DP François Cros absorbe deux défenseurs rochelais pour décaler Yoann Huget.

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