Midi Olympique

Des bulles de jazz

- Éditorial Emmanuel MASSICARD emmanuel.massicard@midi-olympique.fr

Il y a des dimanches où nous aurions envie de pousser la chansonnet­te et, pour de bon, d’imiter Claude. Nougaro. Bref, d’entonner l’ode à la ville rose pour mieux célébrer son Toulouse. Manière indirecte de louer les mérites d’un Stade toulousain bluffant d’efficacité et de talents face à l’Ulster pour s’envoler en demi-finale de Champions Cup. Avec son matador de l’aile, Cheslin Kolbe. Lui, c’est une pépite formidable, digne des plus grands magiciens qu’a connus ce jeu ! Un jour horsnorme. Ô Toulouse !

Quel bonheur d’avoir la chance de déguster ce rugby pétillant comme des bulles de jazz. Quel pied de regarder les ténors réciter cette partition digne d’un vrai gros match de rugby alors que nous sommes encore au plus tôt dans la saison, quand les équipes sortent à peine du berceau.

Oui c’est un bonheur, même pour celui qui comme nous n’a personne à supporter. C’est surtout la plus belle des publicités pour notre sport, qui prend ses airs de magie quand les planètes s’alignent ainsi. Lorsqu’une équipe partage ce qu’elle a de plus beau. C’était Toulouse, ce dimanche. Et c’était le Racing 92 la veille, qui s’est qualifié face à Clermont en faisant valoir une autre culture constituti­ve de ce jeu : le sourd combat collectif et le défi entre hommes forts. Très forts. Chapeaux bas, Messieurs.

En deux rencontres aux styles diamétrale­ment opposés c’est tout le rugby qui nous fut ainsi déclamé sur le plateau de la Coupe d’Europe. Ce n’est pas le moindre des paradoxes : la Champions Cup, compétitio­n que l’on disait moribonde, n’a pas fini de nous surprendre. Et dire que certains voudraient lui régler son compte, au nom de la modernité et d’incertaine­s retombées financière­s. L’herbe est certes toujours plus verte ailleurs mais ce gratin européen nous permet quand même de flirter avec une forme d’excellence qui n’est pas toujours au rendez-vous lors des championna­ts domestique­s, des marathons trop longs pour porter le sceau de l’orfèvrerie.

Dans l’attente les demi-finales qui nous offriront une nouvelle opposition de styles entre l’étouffant Racing-Saracens et le plus aérien Exeter-Toulouse, pour autant de duels franco-anglais (quatre avec Leicester-Toulon et Bristol-Bordeaux, en Challenge), ces performanc­es du week-end ont l’allure de vraies bulles d’air posées sur le chemin de ce début de saison qui n’épargne personne.

Elles nous donnent du grain à moudre, des émotions et de l’espoir à partager. À tel point qu’au milieu des luttes de pouvoir qui agitent notre rugby français en coulisses, nous avons la certitude que ce jeu n’a rien perdu de son attractivi­té. Pour peu qu’on veuille bien lui accorder un tant soit peu d’attention, d’ambition et de réflexion. Messieurs, la suite !

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