L’ogre Saracens vit toujours
EN ÉTOUFFANT LE LEINSTER SUR SA PELOUSE, LES LONDONIENS ONT ENCORE MARQUÉ LEUR TERRITOIRE EUROPÉEN. ILS RESTENT LES GRANDS FAVORIS DE LA COMPÉTITION.
Àl’aube de ces quarts de finale, beaucoup de certitudes pointaient. Le Leinster serait une machine dure à battre ; le Racing et le Stade toulousain seraient fin prêts aux rudes joutes européennes ; Exeter serait grandissime favori face à Northampton, invité surprise de ces quarts et décimé avant même de combattre ; Clermont et l’Ulster seraient outsiders de leur affaire, quand bien même les Auvergnats évoluaient à domicile. Et les Saracens ? Personne ne savait vraiment.
Théoriquement, les Londoniens sont la meilleure équipe d’Europe, sans discussion possible, trois sacres continentaux et quatre titres domestiques au compteur ces cinq dernières années. Lors de la dernière édition, ils avaient partagé le Leinster en deux en finale, pour ce qui restait la dernière défaite en date des Dublinois. Seraient-ils façonnés de ce même bois, après l’ouragan de sanctions qui a provoqué leur relégation administrative, il y a dix mois, pour de multiples fraudes au salary cap anglais ? La réponse, samedi à Dublin, fut cinglante : pour quelques semaines encore, les Saracens sont bien les grands gourous du rugby européen.
ET POURTANT, DOUZE JOUEURS DE MOINS…
Au moment de se rendre à Dublin, une absence nourrissait les conversations : sans Owen Farrell, suspendu pour une brave manchette assénée en championnat d’Angleterre, les hommes de Mark McCall pourraient-ils rivaliser avec le Leinster ? Ce fut même une démonstration, en première période. Dans leur plus pur style de pression défensive, à la chasse du moindre porteur de balle, ils ont étouffé leur hôte. Si bien que les Saracens menaient 22-3 à la pause. Sortis vainqueurs de ce bras de fer au sommet (25-17), ils seront les hommes à battre en demi-finale. Alors même que douze hommes ont quitté leurs rangs, depuis la finale de Champions Cup 2019 (L. Williams,
Lozowski, Farrell, Spencer, Lamositele, Skelton, Kruis, Gray, Isiekwe, Burger, Tompkins et Strettle).
Voilà la mission, épicée, qui attend désormais les Racingmen, dans un premier temps. Exeter ou Toulouse, ensuite, si les Franciliens butent à leur tour sur l’ogre Sarries. Mais la demifinale, déjà, vaudra le détour : vainqueurs à Clermont après avoir dominé des Clermontois apathiques sur leur pelouse, les Ciel et Blanc sont peut-être les mieux armés pour contrer la machine londonienne à son propre jeu, dans un rugby de pressiondestruction où l’impact physique se fait central. Ici, le Racing pourra faire valoir sa toute-puissance, certainement la plus prégnante du Top 14. Les hommes de Laurent Travers ont détruit l’ASMCA physiquement. Pourront-ils en faire de même face aux golgoths des Sarries ? Au boulot.