Midi Olympique

La meute des Sarries est de retour

SARACENS INCROYABLE­S DE SOLIDARITÉ ET D’ENGAGEMENT, LES SARACENS ONT MIS UN TERME À LA SÉRIE DE 25 VICTOIRES CONSÉCUTIV­ES DU LEINSTER POUR S’OFFRIR UNE DEMIE.

- Par Simon VALZER simon.valzer@midi-olympique.fr

Leur appellatio­n de « Wolfpack » (« meute de loups » en français, choisie pour décrire leur système de défense ultra-agressive créé par Paul Gustard) ne leur a jamais aussi bien sis. On les disait hésitants, on les disait meurtris par les crises, dispersés ou encore affaiblis par rapport à l’équipe qui avait remporté la finale 2019 face à ces mêmes Irlandais du Leinster… Il n’en fut rien. Samedi, on a retrouvé la meute des Saracens. Cette bande de chiens enragés qui fond sur ses proies et ne relâche jamais son étreinte. Samedi, les coéquipier­s de Brad Barritt ont littéralem­ent étouffé le grand Leinster qui, pendant presque une heure, n’a eu nulle part où aller. Ni au près, où les George, Itoje, Swinson et autre Rhodes les ont constammen­t agressés; ni au centre du terrain où Barritt et Taylor régnèrent en maîtres malgré l’éblouissan­t talent de Garry Ringrose; ni sur les extérieurs où Sean Maitland musela James Lowe. Ce match, dont l’intensité à la limite de la violence était celle d’un véritable test internatio­nal, a laissé pantois Mark McCall « himself », le manager des Sarries : « Mon équipe ne cesse jamais de me surprendre. Nous aurions rêvé d’une telle prestation après une année aussi dure et éprouvante. Ces mecs-là ont traversé tellement d’épreuves entre eux… Je crois qu’aujourd’hui, cela s’est vu. Nous avons montré la cohésion et l’unité nécessaire­s. »

VINCENT KOCH AU SOMMET

Il est vrai que la mêlée du Leinster n’a pas l’habitude de se retrouver perchée sur le toit de l’Aviva Stadium… C’est pourtant bien là où elle a fini samedi soir. Pas moins de sept pénalités concédées, alors que le remplaçant du droitier Tadgh Furlong, Andrew Porter, se trouve pourtant dans une forme optimale. Mais il n’y eut rien à faire. Le trio infernal Vunipola-George-Koch a littéralem­ent châtié son homologue irlandais, HealyCroni­n-Porter. À ce titre, il faut saluer l’immense performanc­e du droitier sudafricai­n Vincent Koch, sacré champion du monde avec les Boks en novembre dernier. Non content d’avoir puni le colosse Cian Healy, il en a fait de même avec son remplaçant Ed Byrne. Et ce jusqu’au coup de sifflet final. Car oui,Vincent Koch n’a jamais été remplacé. Et a terminé la rencontre avec 18 plaquages à son actif, autant que son coéquipier Mako Vunipola. Au rang des performanc­es individuel­les, signalons aussi celle d’Alex Goode qui, bien que replacé à l’ouverture, a fait oublier l’absence du banni Owen Farrell en inscrivant un essai, une transforma­tion et quatre pénalités.

BARRITT : « TRAVAIL, ADVERSITÉ ET RÉSILIENCE »

La rage des Saracens était patente. Sur chaque impact, sur chaque montée, les protégés de Mark McCall se livraient comme si leur vie en dépendait. Alors forcément, au bout d’un moment, ils ont payé cette formidable dépense d’énergie et ont vu revenir sur leurs talons des Leinsterme­n pugnaces, bien que constammen­t dominés sur la ligne d’avantage : « Cette équipe s’est construite dans le travail, l’adversité et la résilience. L’esprit de corps de cette équipe a brillé de mille feux. Avec ou sans le ballon, nous avons remporté les contacts. Nous voulions repasser une autre semaine ensemble, préparer un autre match de phase finale. » À l’issue de la rencontre, le flanker Michael Rhodes en profitait pour saluer les pronostiqu­eurs : « Il y avait tellement de gens qui ne nous donnaient pas la moindre chance… Venir s’imposer après l’année que nous venons de passer est quelque

chose d’exceptionn­el. » À les entendre, cette victoire est aussi belle qu’un titre. Ce n’est pas faux, tant le scénario est beau, le contexte difficile, l’adversaire flamboyant. Paul Grayson, l’ancien demi d’ouverture de l’Angleterre qui commentait le match à la télé anglaise n’a d’ailleurs pas hésité à le qualifier « d’épique ». Au point de vous faire vous réconcilie­r avec cette équipe honnie par tous les autres clubs du championna­t anglais :

« Peu importe ce que vous pensez des Saracens ou de leurs affaires. Ceci, mesdames et messieurs, est une performanc­e hors du commun. » Et l’on ne peut que lui donner raison.

Newspapers in French

Newspapers from France