Retour à l’essentiel
Le déroulé de ce début de saison n’a jamais été aussi incertain. Des matchs annulés par ci, d’autres reportés par là. D’autres encore n’ont même pas la garantie d’avoir accès aux vestiaires après le match (arrêté préfectoral), conditions délicates lorsqu’un un retour de 4 heures de car doit s’en suivre… Que ce soient les professionnels ou les amateurs, tous sont logés à la même enseigne et doivent s’adapter à cette incertitude. J’ai l’impression que l’on commence d’ailleurs étrangement à s’y faire, avec une forme de fatalité.
Pour les entraîneurs, il est dorénavant presque impossible de prévoir ou de programmer. D’une semaine sur l’autre, on risque de voir une partie importante de l’effectif, si ce n’est la totalité, être contrainte de rester en quarantaine sans pouvoir s’entraîner ensemble. On s’adapte, on crée de nouvelles méthodes, on revient à l’essentiel. J’ai cru comprendre que Toulouse, par précaution, avait préparé sa demie sans une seule minute passée à s’entraîner collectivement. Qui aurait pu prévoir une telle situation il y a quelques mois alors même que l’on connaît l’importance des derniers réglages avant ces grands rendez-vous ?
Je suis assez impressionné par le fait que peu de joueurs ou d’entraîneurs cherchent à se cacher derrière le prétexte « Covid ». C’est comme ça et puis, c’est tout. On est tous dans le même cas. On a accepté de perdre une partie du contrôle, alors on fait avec. Il existe un parallèle fort entre l’adaptation à ces conditions extra-sportives et l’approche que l’on a du jeu. Accepter de ne pouvoir tout contrôler, c’est se forcer à s’adapter. C’est à mon sens une des clefs de la réussite, comme parviennent à le démontrer certaines des meilleures équipes actuelles. Cette fatalité induit aussi une approche plus légère du jeu, cela met le résultat presque au second plan. Le plus important au final, c’est de jouer, le reste on fait avec. Les reports successifs, les annulations redistribuent les cartes. Une hiérarchie encore évidente il y a quelques mois risque d’être totalement redéfinie aujourd’hui. Certains, qui occupaient les premières places, peuvent voir leur préparation totalement remise en question du jour au lendemain, avec les conséquences que cela peut avoir. L’injustice n’est pas loin, mais au fond, personne n’ose réellement s’en plaindre tant cela pourrait être perçu comme déplacé au vu de la situation globale.
Ne serait-ce pas une leçon d’humilité qui nous est appliquée à tous ? À l’heure où certains aimeraient avoir la main sur chacun des détails du jeu, des joueurs, de l’arbitre ou encore des calendriers, on se retrouve dans une situation où tout peut jusqu’au dernier moment ne pas arriver. Cela nous force tous à prendre du recul sur ce qui n’est finalement qu’un sport et, aussi essentiel puisse-t-il paraître, on se rend compte que la période actuelle continue de remettre en question des choses qui paraissaient jusque-là inébranlables.