Midi Olympique

Adieu Denis Tillinac

- Par Jérôme PRÉVÔT jerome.prevot@midi-olympique.fr

Il est mort brusquemen­t à 73 ans. Nous avions appelé Denis Tillinac l’été dernier pour évoquer un match mythique, le quart de finale de 1980 entre Brive et Tulle, qui avait enflammé la Corrèze.

Lui soutenait Tulle, la préfecture, sa ville où son épouse tenait une pharmacie. Ce derby limousin, il nous l’avait narré avec sa voix reconnaiss­able, légèrement enrouée et chaleureus­e. Par son sens du récit il nous avait offert sur un plateau l’épine dorsale de notre article « Le ciel était plombé, avec une pluie de printemps insinuante. On a vu débarquer pour ce match des reporters de la France entière, du Figaro, du Monde. Je les ai vus construire en direct la mythologie des deux cités, Brive, plus commerçant­e et plus ouverte, et Tulle, ouvrière et repliée sur elle-même. Brive, c’est le calcaire, déjà l’Aquitaine, c’est un carrefour, Tulle, c’est le Massif central, c’est le granit. Une ville de fonctionna­ires ou d’employés de l’État, on n’y aimait pas l’argent. » Denis Tillinac était une figure des lettres françaises, un ancien journalist­e entre autres à La Dépêche du Midi, devenu écrivain, essayiste et éditeur, patron d’une maison d’édition : « La Table Ronde ». Il aimait Elvis Presley, Johnny Halliday et… Jacques Chirac, mort un an jour pour jour avant lui. On l’avait d’ailleurs interrogé à ce sujet en septembre 2019. Il se libérait de toutes ses obligation­s pour répondre à notre journal, nous ne l’avons pas oublié. Il avait aussi pris la parole aux obsèques de Jacques Verdier, notre ancien patron On aimait son sens de la nostalgie, de la France de papa et son oeuvre maîtresse à notre sens : « Rugby Blues » (1999, La Table Ronde). Son héros à lui, c’était le Tulliste Jacky Ayral, instituteu­r et troisième ligne perforateu­r, généreux, exubérant : « Rives et Skrela m’ont confié que des trois, c’était le meilleur. »

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France