Midi Olympique

« Virimi a vu l’espace et m’a appelé... »

FINN RUSSELL - DEMI D’OUVERTURE DU RACING 92 FACE AUX SARACENS, C’EST SON COUP DE PATTE QUI A DÉBLOQUÉ LA SITUATION ET ENVOYÉ LE RACING 92 EN FINALE. EXPLICATIO­NS, DÉCRYPTAGE ET PROJECTION...

- Par Marc DUZAN marc.duzan@midi-olympique.fr

Pouvez-nous raconter l’action qui amena l’essai de Juan Imhoff face aux Saracens, à quatre minutes de la fin du match ?

Nous avions remarqué, au fil de la rencontre, que leur premier rideau était très dense mais qu’il y avait de l’espace au fond du terrain. Un peu plus tôt, nous avions décidé d’utiliser le coup de pied par-dessus mais l’arbitre (Nigel Owens) avait décidé d’arrêter le jeu, pour siffler une pénalité.

Alors ?

Sur l’action dont vous parlez, Virimi (Vakatawa) a vu un espace entre la ligne de défense et l’arrière (Elliot Daly). Pour une fois, leur numéro 9 (Richard Wiggleswor­th) était positionné sur l’aile, il ne couvrait plus l’axe. J’ai tapé, Virimi a rattrapé la balle, battu un défenseur, m’a redonné la balle et Juan (Imhoff) a marqué. C’est aussi simple que ça.

Ah oui…

Vous savez, c’est quelque chose que nous pratiquons énormément à l’entraîneme­nt. Ce mouvement, nous le maîtrisons plutôt bien.

Avez-vous dit quelque chose à Virimi Vakatawa, avant de frapper ?

Non. Il m’a appelé et m’a demandé de tenter le truc. C’est ce que j’ai fait.

Que pensez-vous de Virimi Vakatawa ?

Il est le meilleur numéro 13 de la planète. Il n’y a aucun débat là-dessus. […] Plus vite on donne la balle sur l’extérieur à des gars comme Virimi, Teddy Thomas ou Simon Zebo, mieux c’est.

Pourquoi avez-vous attendu aussi longtemps avant de dérouler ce mouvement ?

Dans ce genre de match, on a une ou deux opportunit­és de réaliser ce geste. Il ne faut pas le faire trop tôt, au risque de saccager l’effet de surprise. Pendant soixante-dix minutes, on a donc joué, joué, joué… Quand on a décidé de taper par-dessus, les Saracens ne s’y attendaien­t plus.

Pourquoi cette défense des Saracens est-elle à ce point hermétique ?

Déjà, la vitesse qu’ils mettent sur les ailes est très déstabilis­ante. Ensuite, leur dimension physique est impression­nante : elle leur permet de faire reculer les porteurs de balle ; dans la foulée, il devient difficile de jouer debout et, au sol, leurs gratteurs (Michael Rhodes et Maro Itoje) ralentisse­nt toutes les sorties de balle.

Que représente la Champions Cup, à vos yeux ?

Samedi, c’était la première fois que je disputais une demi-finale de coupe d’Europe. C’était une nouvelle expérience. Soyons clairs : la coupe d’Europe est la meilleure compétitio­n de clubs au monde, toutes les équipes du continent souhaitent la remporter. Si nous gagnons à Bristol en finale, ce sera un bonheur incommensu­rable.

Est-elle plus importante que le Top 14 ?

Non, les deux tournois nous tiennent à coeur. Mais au Racing, la coupe d’Europe a quelque chose de spécial pour mes coéquipier­s, le coach et le président. C’est la seule compétitio­n qu’ils n’ont pas encore gagnée.

Quelle sera la clé pour battre Exeter, dans trois semaines ?

Question difficile… Je n’ai pas vu tous leurs matchs en Premiershi­p mais de ce que j’ai observé en coupe d’Europe, les Chiefs pratiquent un jeu ultra rapide, porté par d’excellents joueurs, comme les internatio­naux anglais Henry Slade ou Jack Nowell, par exemple. À Bristol, notre défense sera donc prépondéra­nte. Ce sera la clé de la finale.

Vous retrouvere­z ce jour-là vos coéquipier­s en équipe d’Ecosse Stuart Hogg et Jonny Gray. Que pouvez-vous nous dire à leur sujet ?

« Hoggy » est une référence mondiale, l’un des meilleurs relanceurs du circuit. En finale, notre jeu au pied d’occupation sera prépondéra­nt : il faudra trouver les touches ou mieux, jouer dans son dos pour le priver de vitesse. Défensivem­ent, notre fond du terrain doit aussi être préparé à remuer sans cesse : « Hoggy » a un coup de pied de soixante-dix mètres… (il marque une pause, reprend) Ouai, nous devrons faire quelques ajustement­s en défense, pour réduire son impact sur le match.

Et Jonny Gray, alors ?

Sa grande force, c’est la défense. Il lit très bien les mouvements adverses et tourne en moyenne à quinze plaquages par match. C’est énorme.

Les gens vous aiment parce que vous jouez toujours avec un immense sourire sur votre visage. Pourquoi ?

J’essaie juste d’être le plus cool possible. Il ne faut jamais perdre de vue que le rugby n’est qu’un jeu. Avant un match, certains ont besoin de se taper la tête contre les murs. De mon côté, j’ai besoin d’être heureux pour bien jouer. Et je suis très heureux au Racing. Je m’éclate avec ces mecs et Mike Prendergas­t (l’entraîneur des trois-quarts) et Laurent Travers me donnent la liberté dont j’ai besoin.

On dit parfois votre style de jeu risqué. En êtes-vous conscient ?

Je joue de la façon dont je joue, même si je ne sais pas vraiment d’où ça vient. Certains disent que c’est risqué. Moi, je préfère le terme « imprévisib­le ». Sur le terrain, j’essaie toujours d’être sur le fil du rasoir, de tenir mon adversaire direct en alerte et le public en haleine.

Vous avez été exclu de la sélection écossaise lors du dernier Tournoi des 6 Nations. Où en êtes-vous avec Gregor Townsend, le sélectionn­eur ?

Notre relation est bien meilleure, désormais. On a parlé, ça nous a fait du bien. Après la finale de la coupe d’Europe, si tout est ok, je rejoindrai donc le squad à Edimbourg pour disputer la Coupe des Nations en novembre. Ce serait marrant, de jouer contre les Français, à Murrayfiel­d : si je suis sélectionn­é, je donnerai quelques tuyaux à mes coéquipier­s écossais.

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