Midi Olympique

Retour au jeu sans joie

ENTRE UN TEMPS MAUSSADE ET LES RESTRICTIO­NS LIÉES À LA CRISE SANITAIRE, L’AMBIANCE N’ÉTAIT PAS TRÈS ENJOUÉE DANS LES TRIBUNES MALGRÉ UN RETOUR AU JEU ESPÉRÉE DEPUIS DES MOIS DANS LA VILLE ANTIQUE.

- Par Sébastien FIATTE

Le stade Jean-Etcheberry a revu du rugby. L’antique stade du CS Vienne, monument du rugby du Lyonnais a de nouveau accueilli un match hier, sous la pluie, avec moins d’un millier de spectateur­s, et sans buvette. Ce n’est pas la panacée, et il planait dans l’air une drôle d’atmosphère, mais par les temps qui courent, c’est déjà beaucoup de pouvoir assister à un match. Pour la petite histoire les Viennois recevaient Rumilly, dans une manière de renouer symbolique­ment le fil d’une saison dernière tronquée. Quand tout s’est arrêté, en mars dernier, Vienne s’apprêtait justement à accueillir les Alpins le dimanche 15 mars.

« On vous attendait mais vous n’êtes pas venus », souriait le vice-président du club isérois, Claude Laynaud à Frédéric Moine, le président rumillien, avant un repas entre partenaire­s, et adversaire­s, en comité réduit, à la maison du rugby du club isérois. Protocole sanitaire oblige, seulement quatreving­ts personnes, dont le maire de Vienne, Thierry Kovacs, ont pu y participer, avec service à table, et déplacemen­ts limités au strict minimum. Avant l’entrée dans ce monde d’après, entre le repas partenaire­s, celui des supporters, et d’autres festivités, entre deux cents et trois cents personnes se pressaient le dimanche midi. Avec les rentrées d’argent, la conviviali­té et l’ambiance qui allaient avec… Mais Vienne ne boudait malgré tout pas son plaisir avant le coup d’envoi. Entre une vraie-fausse montée en Nationale – après quelques jours de réflexion, le club a préféré la mort dans l’âme jouer la carte de la raison et rester en Fédérale 1 — et un foyer de covid déclaré mi-août au coeur de l’effectif de l’équipe fanion, l’été fut tout sauf un long fleuve tranquille au bord du Rhône.

Au total, vingt joueurs avaient été testés positifs et les entraîneme­nt suspendus. Et le club montré du doigt par certains. Les mêmes souvent qui voient la paille dans l’oeil du voisin, mais pas le poteau de rugby dans le leur…

Au final, l’équipe a pris beaucoup de retard dans sa préparatio­n. Avec seulement trois semaines d’entraîneme­nt collectif, un seul match amical, une défaite à Issoire pour débuter, l’incertitud­e planait avant la réception de Rumilly, un concurrent annoncé pour une place dans les quatre premiers. Autour du terrain, les spectateur­s ont répondu présents, malgré le temps et les restrictio­ns. Près de mille spectateur­s sont venus dans un stade aéré. Avec trois tribunes, dont deux couvertes, il est largement possible d’accueillir le public auquel il était interdit de s’appuyer sur la main courante.

JUSQU’À 10 000 EUROS DE MANQUE À GAGNER PAR MATCH

Le pire, évidemment, pour Vienne, et nombre de clubs est la fermeture des buvettes, comme l’a rappelé le speaker, Elie, à la mi-temps. Cette fermeture, ajoutée à la restrictio­n du nombre de spectateur­s et à la fermeture de la boutique, abouti à manque à gagner chiffré à environ 10 000 euros par match à domicile, selon les affiches et l’affluence. Multipliée par dix matchs à domicile, cela pèse dans un budget sur l’ensemble d’une saison… « Nous n’avons pas de mécène ni de droits télés, rappelle Yan Arnaud, le directeur général de Vienne. À moyen terme, ce n’est pas viable… » Pas seulement

du côté de Vienne.

Ces restrictio­ns pèsent aussi sur l’ambiance. À la mitemps, il était curieux de voir un public aussi discret, des spectateur­s scotchés à leur place, d’un calme mâtinée d’ennui, autant refroidis par le temps, un match fermé peu propice aux grandes envolées en tribunes, et sans l’habituelle effervesce­nce autour des buvettes, avec ces rires parfois trop avinés mais rarement méchants et les commentair­es passionnés, plus ou moins pertinents qui les accompagne­nt. Mais la santé publique est à ce prix. Après la rencontre, contrairem­ent à d’autres régions ou dans d’autres clubs de France, les joueurs ont pu se changer dans les vestiaires, par groupe de dix. En revanche, la sacro-sainte réception d’aprèsmatch n’a évidemment pas eu lieu. Chaque joueur s’est vu offrir une collation individuel­le. Et le public a vite déserté, comme après une séance de ciné. Trente minutes après le coup de sifflet final, JeanEtcheb­erry sonnait creux. Le rideau était tombé sur un écran de tristesse.

 ?? Photo Sébastien Fiatte ?? Drôle d’ambiance dimanche à Vienne pour la réception de Rumilly pour un sommet entre clubs des Dauphiné, la buvette est restée fermée, protocole sanitaire oblige.
Photo Sébastien Fiatte Drôle d’ambiance dimanche à Vienne pour la réception de Rumilly pour un sommet entre clubs des Dauphiné, la buvette est restée fermée, protocole sanitaire oblige.

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