Midi Olympique

Payote, l’espadrille écosolidai­re

OLIVIER GELLY EST UN TREIZISTE QUI A GOÛTÉ AU XV À L’USAP AUX CÔTÉS DE LA GÉNÉRATION PORICAL, MÉLÉ, PLANTÉ. ENTRETEMPS, IL S’EST LANCÉ DANS L’ESPADRILLE ET DANS UN TAS DE PROJETS ÉCORESPONS­ABLES...

- Par Cédric CATHALA cedric.cathala@midi-olympique.fr

Olivier Gelly a 35 piges, une vingtaine d’années passées sur les terrains treizistes du côté de Saint-Paul-deFenouill­et d’abord puis Pia ensuite, avec une petite entorse quinziste chez les Crabos et Reichel de l’Usap. Ses partenaire­s d’alors ? Adrien Planté, Jérôme Porical ou David Mélé. Aujourd’hui encore, il s’entretient à Saint-Laurent-de-la-Salanque au poste d’ouvreur toujours. Voilà pour le CV ovale, pour le reste, la vraie vie en somme, Olivier a bossé pendant une quinzaine d’années dans le textile, c’est important, vous allez comprendre pourquoi…

Olivier n’est pas ce que l’on peut appeler le mec le plus rangé ou organisé du monde. Désespéré de passer des heures à chercher ses espadrille­s tous les matins, il a l’idée de les customiser pour ne plus partir au boulot avec un 41 au pied gauche et un 43 au pied droit et pour donner, aussi, un coup de jeune à cet objet du patrimoine du sud de la France un peu désuet. Son idée fait fureur, tant et si bien que de commandes en commandes pour des potes, il se retrouve avec une cinquantai­ne puis très vite une centaine de paires à customiser. Lui vient l’idée de lancer sa marque, ce sera Payote en référence au Pellote, le chiffon ou le doudou en catalan. En 2015, il vend sa voiture, se rapproche de l’atelier Megam à Mauléon pour la fabricatio­n, lance son site internet, crée ses premiers modèles dans une toile polyester avec laquelle on fait les maillots de rugby et part conquérir le monde. De son premier lot que le propriétai­re d’un Leclerc lui achète en totalité en 2016, la société d’Olivier Gelly a depuis vendu 100 000 paires d’espadrille­s fabriquées en France. Une règle d’or chez

Payote. À tel point que la marque, qui compte aujourd’hui vingt-trois collaborat­eurs, fait partie des cent sociétés estampillé­es « made in France » invitées en janvier 2020 à l’Elysée par Emmanuel Macron et son épouse.

Fabricatio­n française, relocalisa­tion, écorespons­abilité, recyclage, les projets ne manquent pas depuis chez Payote. Ainsi donc tout le processus de production se fait en France avec des ouvrières qualifiées à la manoeuvre, du coton recyclé pour les toiles, du jute tressé pour la semelle intérieure, du caoutchouc recyclé pour la semelle extérieure et l’utilisatio­n de colles végétales pour le tout.

45 000 MASQUES FABRIQUÉS ET OFFERTS PENDANT LE CONFINEMEN­T

En 2018, la marque lance la première espadrille qui sent bon, incrustée de microcapsu­les qui renferment un parfum biodégrada­ble, antifongiq­ue, et hydratant. Un must !

En 2019, en partenaria­t avec l’entreprise de traitement des déchets espagnole basée à Gérone, Seaqual, Payote fait un pas vers plus d’écorespons­abilité. L’idée, créer un modèle « Océan » à partir d’une toile fabriquée avec des billes de PET provenant des déchets plastiques récoltés sur les plages et en mer Méditerran­ée.

Une constante dans la philosophi­e de l’entreprise, se mettre au service des autres, une idée finalement pas si éloignée des terrains de rugby, Olivier Gelly ne voit pas les choses autrement : « Je veux créer des choses auxquelles je crois, en adéquation avec mes propres valeurs. »

En 2020, la crise de la Covid-19 n’entame en rien la philosophi­e de la société et de son créateur. Mise à l’arrêt, toute l’équipe de Payote s’est alors mobilisée pour produire des masques avec les toiles destinées aux espadrille­s dans les locaux perpignana­is. Résultat, 45 000 masques réalisés et distribués gratuiteme­nt au personnel des branches médicales et sociales des Pyrénées-Orientales, aides-soignants, infirmiers, cliniques, foyers, aides à domicile, personnel hospitalie­r, des Ehpads, bénévoles des restos du coeur, policiers, gendarmes et pompiers. Et Payote ne s’est pas arrêtée là, puisqu’elle a également participé au matelassag­e des surblouses pour l’hôpital de Perpignan et à la distributi­on d’aides alimentair­es pour les personnes en difficulté financière.

En 2020, elle projette la création de son usine que l’on pourra visiter à Perpignan. Elle vient de créer la première espadrille pantoufle, une sorte d’« espatoufle » qui devrait faire un malheur cet hiver au coin du feu et travaille sur un projet d’espadrille en braille qui permet de savoir à quoi correspond­ent les motifs grâce à une incrustati­on dans la semelle.

Côté rugby, Payote n’est pas en reste, elle a déjà créé l’espadrille Usap, celle de la Fédération française de rugby et compte une quarantain­e de clubs dans ses fidèles. En France, 12 millions d’espadrille­s sont vendues chaque année. 9 millions viennent de Chine, 3 millions sont fabriqués en Europe et seulement 800 000 sont « made in France ». Au milieu, avec une philosophi­e bien ancrée, Payote conquiert son petit monde.

 ?? Photos Payote ?? Ci-dessus, et en bas, une partie de l’équipe de Payote la société d’Olivier Gelly, dont les couturière­s possèdent un savoir-faire d’excellence.
Photos Payote Ci-dessus, et en bas, une partie de l’équipe de Payote la société d’Olivier Gelly, dont les couturière­s possèdent un savoir-faire d’excellence.
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