Midi Olympique

Coupes d’Europe

Deux de chute pour les clubs français

- Propos recueillis à Bristol par M. D.

JACKY LORENZETTI - Président du Racing 92 À L’HEURE DU DÉBRIEFING, JACKY LORENZETTI N’ÉCHAPPE PAS À L’AUTOCRITIQ­UE : A-T-IL DONNÉ TROP DE CONFORT À SES JOUEURS ? POUR NOUS, LE PRÉSIDENT DU RACING 92 REVIENT À PRÉSENT SUR CETTE FINALE JOUÉE DANS UN DÉCOR « GLAUQUE » ET QUE SES JOUEURS, SUPÉRIEURS DANS DE NOMBREUX SECTEURS DE JEU, « ONT DONNÉ À EXETER ».

À froid, comment analysez-vous cette troisième défaite en finale de Coupe d’Europe ?

On leur donne le match. On s’est battu nous-mêmes. Les Anglais n’ont rien montré sauf ce courage invraisemb­lable sur la ligne. […] Nous étions pourtant prévenus. Nous savions, après leur victoire face au Stade toulousain, que les pick and go dans les 22 mètres adverses faisaient partie de leur tactique : « pénaltouch­e et je t’envoie du lourd, je t’envoie du gros, encore et encore, jusqu’à ce que ça passe »… Tout ça, c’était écrit et pourtant, nous n’avons pas su contrer les Chiefs. C’est incroyable, quoi…

Où le Racing a-t-il donc pêché ?

Il y a eu des erreurs individuel­les, une charnière défaillant­e… C’est rageant parce que tout était réuni pour remporter ce premier titre européen : la préparatio­n avait été bonne et dans nos rangs, il n’y avait aucun absent. Peut-être nous sommes-nous vus trop beaux, allez savoir…

Quid de l’ambiance de ce match à huis clos ? Glaciale ?

C’était plus que glacial, c’était glauque. Il y avait aussi, dans toutes les têtes, cette barbarie (le professeur d’histoire décapité dans les Yvelines,

N.D.L.R.) nous ayant envahis deux jours plus tôt… En somme, le climat était funeste et nous n’avons pas su améliorer l’ambiance.

Qu’avez-vous prévu, désormais ?

On a des réunions ce lundi, on tirera les enseigneme­nts de cette finale et on réagira, j’en suis certain. Derrière, il y a encore un championna­t et une autre Coupe d’Europe, que je sache : la coupe 2019-2020 est morte, vive la coupe 2020-2021 ! […] Ne nous enterrez pas trop vite… On va recommence­r ce week-end par un gentil petit derby (face au Stade français, à Jean-Bouin, N.D.L.R.)…

La performanc­e de Teddy Iribaren, si brillant depuis des mois, eut de quoi interloque­r en finale…

On ne veut pas accabler un joueur plus qu’un autre. C’est une défaite collective, la mienne et celle de Laurent Travers y compris. Tout le monde a vu ce qui s’était passé. On ne va pas y passer la journée, non plus…

Que s’est-il passé en fin de rencontre, après l’ultime pénalité frappée par le buteur d’Exeter ? Pourquoi le renvoi n’a-t-il pas été joué, alors que le chronomètr­e ne semblait pas avoir égrainé ses dernières secondes ?

Nigel Owens a simplement dit que la pénalité (de l’ouvreur anglais Joe Simmonds) avait été frappée après le temps imparti et que le renvoi ne pouvait donc être joué. (il marque

une pause) Ce serait trop facile de rentrer dans l’éternel débat : « Les Français ont perdu à cause de l’arbitrage britanniqu­e ». Il y en a marre, de ça… Nigel Owens, il ne nous a peutêtre pas aidés mais il n’est en rien responsabl­e de notre défaite.

On vous suit…

Pourquoi, à cinq minutes de la fin, Antonie Claassen n’allonge-t-il pas le bras pour aplatir ? Pourquoi, un peu plus tôt, Maxime Machenaud n’écarte-t-il pas la balle vers Kurtley Beale, seul avec Juan Imhoff sur les extérieurs ?

(il soupire) On a eu notre chance et on n’a pas su la saisir, voilà tout. Au bout du bout, les Anglais ont fait la fête et nous, on a pleuré.

Qu’avez-vous fait après la rencontre ?

On ne pouvait pas rester en Angleterre. On est rentré à la maison le soir même, en avion, sans pouvoir se rassembler autour d’un dernier verre (le couvre-feu est entré en vigueur samedi soir en région parisienne, N.D.L.R.). Triste soirée.

Trois échecs en finale de Coupe d’Europe, c’est lourd à digérer… Allez-vous vraiment pouvoir rebondir ?

Il faut aller chercher des ressources au fond de nous-mêmes. On est des grands garçons et l’on sait que la vie n’est pas facile : il suffit d’ailleurs de regarder autour de soi pour se rendre compte que nous sommes des gens bienheureu­x. Quant à moi, il faut que je me pose certaines questions.

Lesquelles ?

Leur ai-je donné trop de confort ? Peut-être devrais-je parfois faire parler leurs têtes plutôt que leurs corps, je ne sais pas… Mais je vais me remettre en cause, en tout cas…

Manquent-ils de caractère, ces Racingmen ?

Non. Ils se sont battus comme des lions face à Exeter. Ceci dit, il manquait peut-être un peu de jugeote… […] Aujourd’hui, on est tous dans la mouise et on se relèvera tous ensemble : pour nos supporters, nos partenaire­s et nos familles.

Un dernier mot ?

Je n’oublie pas qu’il y a eu, avant cette finale européenne, un véritable élan de la France derrière le Racing. À Bristol, on se sentait investi d’une mission et dans un moment difficile pour le rugby français, c’eût été bien que le Racing soit champion d’Europe. […] Cela n’a pas été le cas, passons désormais à autre chose…

« On a eu notre chance et on n’a pas su la saisir, voilà tout. Au bout du bout, les Anglais ont fait la fête et nous, on a pleuré. »

Jacky LORENZETTI Président du Racing 92

 ?? Photo Icon Sport ?? Le président du Racing 92 Jacky Lorenzetti a connu ce samedi sa troisième défaite en finale de Coupe d’Europe.
Photo Icon Sport Le président du Racing 92 Jacky Lorenzetti a connu ce samedi sa troisième défaite en finale de Coupe d’Europe.

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