Comment Toulouse a mis la main sur les débats
DU MATCH DES STADISTES À BRIVE, SAMEDI, LE GRAND PUBLIC RETIENDRA LES ESSAIS DE TROIS-QUARTS. MAIS LA DOMINATION EST PARTIE DU TRAVAIL DE SAPE DES AVANTS DANS LE JEU AU SOL. EXPLICATION.
La première impression aura donc été la bonne. Samedi, le Stade toulousain a immédiatement posé son empreinte sur la rencontre. On ne parle pas ici de la première percée plein champ de Thomas Ramos, à la 4e, à l’origine de l’essai de Cheslin Kolbe.
En fait, le plan toulousain avait déjà commencé à montrer son efficacité. Après cent secondes de jeu, pour être exact. Sur les quarante mètres visiteurs, le CABCL disposait d’un premier ballon d’attaque. Après une déviation de Saïd Hirèche, Axel Muller était servi, comme fréquemment, en position de premier attaquant et sa libération était ralentie par Julien Marchand ; dans la foulée, Hayden Thomspon-Stringer chargeait à son tour mais le talonneur stadiste mettait les mains sur la balle avec conviction. Peet Marais et Florian Dufour, avec un temps de retard sur le déblayage, n’y pouvaient plus rien. Quatre autres scènes du même genre allaient se produire sur la première période : Jerome Kaino « coinçait » Galala, sans soutien (8e) ; Julien Marchand récidivait à deux reprises sur Peet Marais (22e) puis sur ThompsonStringer (39e) ; avant un dernier contreruck efficace à la sirène poussant les Corréziens à la faute, sur un de leurs rares temps forts avant la pause. La deuxième période, avec un troisième grattage de Julien Marchand sur Thomspon-Stringer, assorti d’une pénalité de Thomas Ramos, repartait sur les mêmes bases.
Sur le tableau noir comme dans les discours, les Stadistes s’étaient préparés avec
justesse au bras de fer briviste : « Il y avait la crainte de venir ici : tout le monde sait très bien que Brive est une équipe avec beaucoup d’agressivité sur les phases de combat et que si l’on ne mettait pas l’envie nécessaire, on risquait de ramasser », commente Julien
Marchand. « On avait mis en garde l’ensemble du groupe sur le défi physique qui allait se présenter à nous. Ils ont répondu présent », résume Clément Poitrenaud.
« IL FAUT REVOIR LES IMAGES »
Thomas Laranjeira et ses partenaires n’ont
pu que constater les dégâts : « Ils ont été très efficaces sur les contests. Dès le début de match, nous n’avons pas réussi à enchaîner les temps de jeu. » Jeremy Davidson grimace, de son côté : « Nous avons été beaucoup pénalisés au sol et du coup, il n’a pas été possible de mettre la pression sur l’adversaire. » Au coup de sifflet final, l’entraîneur nord-irlandais était d’ailleurs impatient de visionner les séquences en question : « Mon interprétation, c’est que les plaqueurs toulousains ne se sortaient pas de la zone et ça ralentissait nos soutiens. Mais il faut revoir les images, là, c’est à chaud… » Victor Lebas déplore, lui, les attitudes des siens : « Les soutiens n’étaient pas assez proches. Nous nous sommes du coup esseulés. »
Cette domination écrasante dans le jeu au sol de la part de Marchand et compagnie s’est révélée doublement positive pour les derniers champions de France : elle a annihilé les offensives de Brive, semant le doute dans son organisation offensive, comme elle leur a offert de précieuses pénaltouches. Les visiteurs ont pu dicter le tempo de la rencontre face à des hôtes devenus impuissants. « Ils ont eu la mainmise sur la partie, ce sont eux qui ont géré le tempo, explique Thomas Laranjeira. Et après, que ça accélère, que ça passe les bras, que ça converge, c’est compliqué d’arrêter leurs assauts. » Toutes les qualités offensives des hommes d’Ugo Mola ont pu s’exprimer à leur guise. Mais Thomas Ramos n’oublie pas comment tout est parti : « On peut dire bravo à notre paquet d’avants, y compris les remplaçants, qui nous ont facilité la vie derrière. »