Midi Olympique

Le RCT trouve des promesses dans l’ombre de Bristol

- PAR PIERRICK ILIC-RUFFINATTI

EN S’INCLINANT FACE AUX BEARS, LE RCT A VU SES RÊVES EUROPÉENS S’ENVOLER. ET SI LA DÉCEPTION HANTERA LES PROCHAINES NUITS VAROISES, ELLE NE DOIT PAS EFFACER UN PARCOURS JUSQU’ALORS PARFAIT. TOMBER POUR MIEUX SE RELEVER ? C’EST DÉSORMAIS AUX JOUEURS DE PRENDRE LEUR DESTIN EN MAIN.

Que serait-il advenu du ballon d’argent qui trône sur le trophée de la Challenge Cup, si Toulon avait renversé Bristol ? Les joueurs l’auraient-ils noyé sous le houblon ? Sans le moindre doute. Aurait-il dormi en compagnie de Bernard Lemaître, comme l’avait fait Mourad Boudjellal en 2013 ? On peut en douter, tant le président toulonnais ne cesse d’attribuer les réussites à ses joueurs. Ou alors, peut-être, aurait-il été immédiatem­ent placé dans l’armoire à trophées, quelque part entre les quatre boucliers de Brennus et les trois Heineken Cup ? C’est probable, mais finalement on ne sait pas, et on ne saura jamais ce qu’auraient fait les Rouge et Noir en cas de succès ce 16 octobre 2020. Car vendredi, malgré leur talent, leur enthousias­me et un parcours jusqu’alors sans la moindre anicroche, les Toulonnais sont tombés sur un os. Courageux mais dépassés, les Varois n’ont su faire chavirer la montagne Bristol. Châtiés au sol, bousculés en conquête et punis sur chaque accélérati­on des Bears, les Azuréens ont donc vu leurs rêves européens s’évaporer vendredi. Bien que conscients d’être tombés sur des Ours révoltés, les Toulonnais ne pouvaient cacher leur déception. Et quand Patrice Collazo se présentait en conférence de presse, de longues minutes après le coup de sifflet final, difficile d’ignorer la violence de l’uppercut qui venait de frapper le coach toulonnais, après avoir vu ses ouailles tomber sur la dernière marche de la « petite » Coupe d’Europe. « On sait qu’on a des lacunes mais les joueurs mettent tellement d’eux-mêmes… Prendre un essai de 100 mètres en moins de dix secondes contre Bristol, et pourtant virer en tête à la pause… Plus d’une équipe se serait écroulée, et eux se sont relevés, ils se sont battus. Je suis déçu et triste pour mes joueurs. »

Malgré huit victoires en autant de matchs, et une domination sans partage dans la compétitio­n, ses minots ont donc fini par tomber les armes à la main.

« IL Y AURA DES JOURS MEILLEURS »

Un crève-coeur, la fin d’une belle aventure, mais également une nouvelle étape dans la reconstruc­tion toulonnais­e démarrée il y a maintenant deux saisons. Et si les regrets, la tristesse et même quelques larmes accompagne­ront à coup sûr les prochaines nuits des jeunes Varois, cette défaite contre Bristol pourrait à terme devenir le symbole du renouveau du club frappé du muguet. « On s’entraîne et on joue pour gagner, ce qui n’a pas été le cas aujourd’hui… Mais je pense qu’on a des fondations qui commencent à être très solides pour la suite. J’ai déjà

hâte », reprenait Collazo comme pour exprimer un coup dur, mais certaineme­nt pas un coup d’arrêt pour le projet qu’il mène de concert avec Bernard Lemaître, et qui vise à remettre le RCT au coeur du rugby français et européen. « On a eu une cartouche et on a manqué la cible, mais les mecs donnent trop au quotidien pour ne pas se payer un jour. Et je suis convaincu qu’ils se paieront

bientôt. » Pris dans le combat, privés de munitions et alors que les leaders techniques n’ont cette fois pas su sortir la tête de l’eau quand l’équipe en avait besoin, Toulon a résisté, existé mais est tombé. « Ce soir on a vu ce qu’était vraiment le haut niveau. Ce match va nous faire grandir. Et je pense qu’il y aura d’autres finales pour ce groupe, professait le capitaine Anthony Étrillard, les yeux rougis par la déception. Si on garde cet état d’esprit là, il y aura des jours meilleurs pour nous. »

LA FLAMME RAVIVÉE

Cette fois, les Varois ont donc laissé passer leur chance. Mais s’ils continuent de croire en leur bonne étoile, tôt ou tard, leur tour viendra. Ne dit-on pas que Rome ne s’est pas faite en un jour ? Usain Bolt n’a-t-il pas dû apprendre à marcher avant de courir le 100 mètres en 9’58 ? Alors les coéquipier­s de Louis Carbonel, ne doivent pas oublier que même le Toulon de Mourad Boudjellal a eu besoin de sept saisons pour remporter son premier trophée majeur. Et si cette défaite n’était finalement que le premier chapitre de la belle histoire que tente d’écrire ce groupe ? En tout cas, si elle n’offre aucune garantie pour la suite, nul doute que cette claque apportera a minima un vécu commun, de l’expérience et du savoir-faire pour les prochains rendez-vous. Car s’il est important de savoir gagner, apprendre à perdre est bien souvent un acte fondateur pour un groupe, et ce parcours européen restera ainsi comme la première épopée d’un club en reconstruc­tion. Et si l’adage qui affirme qu’on « apprend de ses défaites » pèsera bien peu dans les coeurs toulonnais au moment de repenser à cette rencontre, les joueurs de Patrice Collazo ont très certaineme­nt payé pour apprendre, un soir d’automne à Aix-en-Provence.

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