Midi Olympique

« Fall a peut-être été inspiré par l’exemple de Botica »

THIERRY EMIN - Président d’Oyonnax SON CLUB A ÉTÉ LE PLUS IMPACTÉ PAR LA COVID…MAIS IL EST AUSSI LE SEUL INVAINCU DU PRO D2.

- Propos recueillis par Jean-Pierre DUNAND

Votre club a été fortement impacté par la crise sanitaire. Vous avez déjà connu trois reports mais avec cinq matchs joués, Oyonnax reste invaincu. Cette situation n’est-elle pas paradoxale ?

À l’annonce du report de notre premier match contre Montauban, j’avais dit que nous démarrions la saison en marche arrière après avoir déjà dû nous contenter d’un match de préparatio­n au lieu des deux prévus. Depuis, à travers les événements traversés, on a découvert la force d’un groupe, capable de repousser ses limites alors que tout était compliqué. Ce qui s’est passé avant le match à Carcassonn­e est révélateur d’un état d’esprit. Durant la semaine, les joueurs se sont entraînés par groupes de quatre et la veille du match, à 23 heures, nous avons appris que nous ne serions que vingt et un sur la feuille de match… Et nous avons gagné.

Placez-vous la clé de ce début de championna­t réussi dans cette force mentale ?

Nous avons bien sûr des talents dans notre équipe mais il s’agit avant tout d’une bande de copains prêts à tout donner les uns pour les autres. Quand Joe El Abd nous a rejoints en début de saison passée, il avait annoncé sa volonté de retrouver ce qu’il avait vécu et partagé dans notre club lors de son premier passage comme joueur puis entraîneur.

Son recrutemen­t a constitué un vrai choix parce qu’il connaît parfaiteme­nt Oyonnax. Son discours a mis en avant le territoire, les supporters et l’état d’esprit des Oyomen qu’il a su raviver.

Pour cette saison, vous avez choisi de faire confiance aux jeunes mais aussi de procéder à quelques retouches lors du recrutemen­t. Était-ce là aussi un bon choix ?

Nous avons mené un recrutemen­t presque homéopathi­que, ciblé, limité, en accord avec nos contrainte­s budgétaire­s alors que les joueurs ont accepté une baisse de 15 % des salaires. De tout temps, nous n’avons jamais eu le doit de nous tromper. Cette année, plus encore que les autres. Il était impératif que ceux qui nous rejoignaie­nt partagent notre état d’esprit.

Dernier arrivé, Benjamin Fall s’inscrit lui aussi dans ce cadre…

Il avait d’autres possibilit­és mais il a choisi Oyonnax… Peut-être inspiré par l’exemple de Ben Botica qui s’est révélé chez nous. Quand un joueur est bien dans sa tête, il est bien sur le terrain.

Dans le contexte actuel, la charge de président n’est-elle pas encore plus pesante ?

Je suis sans cesse à l’affût des résultats des tests. J’attends les retours de nos commerciau­x en lien avec les partenaire­s. Je n’ai jamais connu ça. C’est un souci permanent avec des interrogat­ions et des questionne­ments sans cesse répétés. Aujourd’hui, nous sommes déjà tournés vers la préparatio­n de notre prochain match, avec la réception de Rouen, le 6 novembre. Face à Aurillac il y avait 3 312 spectateur­s. Contre Rouen la jauge sera abaissée à 1 000. Comment allons nous choisir ? C’est un crève-coeur. Parmi ces 3 312 spectateur­s présents lors du match contre Aurillac, il y avait nos abonnés, nos partenaire­s. Humainemen­t, tous ont la même valeur. Aujourd’hui, cette crise sanitaire nous coupe de tout ce qui fait l’essence de notre sport.

Qu’est-ce qui vous porte ?

Je m’accroche à tout ce qui reste de positif, les résultats bien sûr, mais aussi l’engagement des salariés qui font tourner le club, le soutien de nos partenaire­s, la présence de nos supporters. Nous n’avons pas toujours eu cette adhésion au cours des trois ou quatre dernières années. Quand on a, au quotidien, le souci de la santé des autres, on ne peut pas être serein. Mais les résultats de l’équipe insufflent à tout le club une véritable force.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France