Midi Olympique

Le rugby comme une ligne de vie

La chronique de Benoît Guyot

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C’était en juin 2002, au Rugby Club de Garches, sur les terrains du Haras Lupin, à Vaucresson. Le club d’une ville sur les terrains d’une autre - tout le paradoxe des clubs parisiens. Ce jour-là, des copains m’avaient invité à un entraîneme­nt. J’enfilais pour la première fois de ma vie des crampons, je ne les ai plus jamais lâchés depuis. Je me souviens de chaque autre joueur, de l’entraîneur et de l’attention que tous avaient à mon égard. Depuis ce jour, le rugby fait partie de ma vie.

Je me rends compte aujourd’hui de l’importance de cette journée de printemps, à quel point elle a changé ma vie. Les vingt années suivantes ont toutes, sans exception, été liées au rugby, de près ou de loin. Ce sport m’a amené à rencontrer les personnes dont je suis le plus proche aujourd’hui. En occupant une place aussi centrale, le rugby a profondéme­nt et durablemen­t façonné la personne que je suis aujourd’hui.

Évidemment, le fait d’avoir été joueur profession­nel a eu des conséquenc­es concrètes, comme les déménageme­nts ou encore la rémunérati­on. Ce n’est évidemment et heureuseme­nt pas tout. Les épreuves qui constituen­t la vie d’un sportif de haut niveau changent l’approche des moments charnières de nos existences. Le format de ce jeu force l’analyse, l’intelligen­ce, la résistance, l’humilité ou encore l’esprit d’équipe. Il laisse des traces indélébile­s sur la personne qui le pratique.

On parle souvent de sacrifices qu’entraîne la pratique du rugby à haut niveau. Je me rends compte, a posteriori, que je n’ai absolument rien sacrifié du tout. J’ai juste choisi de ne pas vivre certaines choses comme peuvent le faire les autres jeunes de mon âge. Ma vie étudiante, je l’ai vécue studieusem­ent en faisant une croix sur la plupart des soirées. Je me suis rattrapé plus tard, lorsque mon hygiène de vie nécessitai­t un peu moins d’attention. La compétitio­n nécessite de s’investir corps et âme. Si j’avais le choix, je referais tout à l’identique, exactement pareil. Je ne regrette rien, ni mes choix, ni même certaines de mes erreurs.

Je souhaite à tous de pouvoir grandir au travers du rugby. Que ce soit dans les joies ou dans les pleurs, tout mérite d’être vécu aussi intensémen­t. Malheureus­ement, la période n’est pas la plus évidente pour se projeter sur les terrains. On doit malgré tout en rester convaincus, le rugby va bien finir par reprendre à 100 %. Encore un peu de patience : tout ce temps éloigné des terrains nous aide simplement à prendre conscience de l’importance du rugby dans nos vies.

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