Midi Olympique

Jouer à tout prix

LA QUESTION DE L’UTILISATIO­N DES VESTIAIRES ET LES VOYAGES EN BUS SONT AU COEUR DES HABITUDES À CHANGER.

- Par Guillaume CYPRIEN

Le rugby amateur n’est pas en mesure, comme chez les profession­nels, de procéder à des tests massifs, ce qui l’expose davantage. Les cas asymptomat­iques peuvent ici contaminer rapidement. Mais sous lequel de ses aspects la pratique du rugby est-elle de nature à favoriser la contagion ? Aucune précision n‘a été rapportée à ce jour par l’ARS, et les commentair­es vont bon train à ce sujet, à mesure que les études scientifiq­ues se superposen­t aux études scientifiq­ues. Un grand raffut dans la figure d’un cas positif peut-il infecter un cas négatif ? Les joueurs de première ligne qui se frottent les joues et se soufflent dans le nez ne sont-ils pas les plus exposés ? Le rugby lui-même ne cherche pas trop de réponses, trop soucieux de préserver sa pratique pour une communauté sportive jugée peu à risque. « Et d’une certaine manière, elle a bien raison, commente Yohan Bohu, ancien joueur du Puc et de Bourgoin en Top 16, chirurgien référent à la clinique du sport à Paris. Je vois venir à moi depuis un ou deux mois les handballeu­rs ou les basketteur­s, tous complèteme­nt déprimés de ne plus pouvoir pratiquer leur sport. Il faut tout faire pour que la pratique du rugby puisse se poursuivre. Elle apporte trop de bénéfices. Mais pour que notre sport n’aille pas à l’encontre de la tentative de contrôler la diffusion du virus, il doit observer des règles strictes. Il ne peut plus y avoir ni d’avant, ni d‘après match. Il doit se résumer à sa plus simple expression, sur le terrain et nulle part ailleurs. »

LES JURISPRUDE­NCES DU PUC ET DE SAINT-DENIS

Autrement dit, le médecin est complèteme­nt en phase avec les décisions préfectora­les de ne plus ouvrir les vestiaires, ni les clubhouses. Mais qu’en est-il des transports ? Le rugbyman se déplace en car le plus souvent, et ces voyages en milieu clos dans des véhicules dont les fenêtres ne s’ouvrent pas, constituen­t des lieux de propagatio­n potentiels. Par exemple, Saint-Denis, en Fédérale 2, avait débuté sa saison par un déplacemen­t à Lons-le-Saunier. Sept heures de car aller, idem au retour, et entre les deux trajets, une nuit passée en auberge de jeunesse dans des chambres de quatre à six lits. Un ou deux joueurs infectés de façon asymptomat­ique avaient créé dans ces conditions une contaminat­ion massive de type cluster. Une semaine après le retour, le club déplorait vingt-six cas. « Depuis, nous avons fait observer à nos joueurs, quand nous prenons le car, des règles très strictes », explique le président dionysien Olivier Glévéo, dont le club n’a plus été touché. Quand ces règles sont respectées, le rugby devient-il inoffensif ? Rien ne le démontre, mais il existe là aussi un cas pratique, celui du Puc. La veille de détecter onze cas positifs dans leur effectif, les Pucistes s’étaient entraînés normalemen­t, « mais en respectant toutes les précaution­s sanitaires », relatait l’entraîneur Xavier Tesseidre. Résultat : ces onze cas n’avaient diffusé aucune contagion dans l’effectif.

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