Midi Olympique

Aux origines du phénomène Vakatawa

AUTEUR DE DEUX PASSES DÉCISIVES ET D’UNE PERFORMANC­E MAJUSCULE FACE AU PAYS DE GALLES, VIRIMI VAKATAWA A ENCORE BRILLÉ SOUS LE MAILLOT BLEU...

- Par Marc DUZAN marc.duzan@midi-olympique.fr

On ne compte plus les personnali­tés du rugby pro qui, de Henry Chavancy à Chris Masoe, jugent aujourd’hui que Virimi Vakatawa est le meilleur centre du monde. Mais comment la bombe a-t-elle été amorcée ? Comment cet ailier pur s’est transformé, en trois ans à peine, en un milieu de terrain déroutant ? De 2013 à 2015, l’internatio­nal gallois Jamie Roberts fut l’un des trois-quarts centre du Racing 92. Si son passage dans les Hauts-de-Seine n’a pas vraiment marqué les esprits, le colosse britanniqu­e a en revanche conservé des souvenirs bien précis de son expérience en banlieue parisienne. À propos de Virimi Vakatawa, l’ancien attaquant du XV du Poireau racontait ceci à nos confrères de Rugby Pass : « À l’époque,Vakatawa était le môme du centre de formation. Il ne parlait ni Français, ni Anglais. Un jour, Laurent Labit (l’ancien entraîneur des troisquart­s du Racing 92, N.D.L.R.) lui a demandé de nous rejoindre à l’entraîneme­nt. Au bout d’une heure, on s’est tous regardé, surpris : « Qui est donc ce

mec ? » Il nous faisait tous passer pour des idiots. Quels appuis ! Quelle puissance ! C’était dingue, quand j’y repense… » Laurent Labit, l’entraîneur des trois-quarts tricolores, à l’origine du reposition­nement du phénomène, va plus loin : « Quand j’ai débarqué au Racing, Virimi se posait beaucoup de questions sur son avenir et son jeu. Il a donc décidé de partir à 7, ce qui lui a permis de s’éclater quelques mois et devenir meilleur dans de nombreux secteurs : le combat au sol, l’endurance ou la technique individuel­le, par exemple… » À son retour au bercail, Guy Novès plaça l’un des meilleurs joueurs du circuit « Sevens » sur l’aile gauche du XV de France. Avec un succès mitigé, cela

dit. Labit poursuit : « Virimi avait déjà conscience qu’il n’était pas le meilleur, sur les courses longues. En revanche, sur vingt ou trente mètres, il pouvait créer d’énormes déséquilib­res et, en club, on a donc décidé de le reposition­ner au milieu du terrain, de faire de lui le centre de notre jeu ». LAURENT LABIT : « IL N’EST PAS SEULEMENT LE BRÉSILIEN DU RUGBY »

Dans les Hauts-de-Seine, l’idée était séduisante. Malgré tout, elle se heurtait à un problème majeur : la défense alors anarchique du Franco-fidjien. « Au Racing, poursuit Labit, j’avais la chance d’avoir sous la main Henry Chavancy, l’un des meilleurs défenseurs du championna­t et, surtout, l’un des plus proches amis de Virimi. Aux côtés d’un maître en la matière, il a connu un apprentiss­age accéléré : Henry était formidable avec lui ; il rattrapait les coups, acceptait de toucher moins de ballons pour mettre son pote dans des situations favorables. En gros, Chavancy doublait les efforts, c’était pour lui très énergivore mais en quelques mois, Virimi a gagné confiance, avant d’exploser ». La suite,

vous la connaissez. « Virimi est aujourd’hui devenu une arme incroyable, enchaîne ledit « Lolo ». Aucun de ses adversaire­s ne parvient à décrypter son jeu parce qu’il a mille cordes à son arc : la percussion, le jeu dans le plaquage, la passe aveugle avant contact, l’évitement… Il peut lâcher un ballon dans toutes les situations, mobilise à chaque fois deux à trois défenseurs et autour de lui, crée des espaces : tôt ou tard, les joueurs qui circulent dans sa zone auront des occasions d’essais ». Pour l’avoir compris, Antoine Dupont et Teddy Thomas en ont aplati un chacun, après une passe décisive du magicien Vakatawa. Labit, encore : « Contrairem­ent à ce que les gens croient,Viri n’est pas seulement le brésilien du rugby. C’est quelqu’un qui analyse le jeu, qui connaît parfaiteme­nt ses adversaire­s et les lignes de course qu’il utilisera face à eux. Beaucoup d’entraîneur­s rêveraient d’avoir un joueur

comme ça ». Alex King, le boss des troisquart­s de Gloucester, fait partie de ceuxlà et récemment, le club anglais a décidé de péter sa tirelire pour s’offrir, en tant que « marquee player », la star du Racing. Partira ? Partira pas ? À ce sujet, Jacky Lorenzetti nous a toujours confié travailler depuis de très longs mois sur la prolongati­on du phénomène. Reste qu’à ce jour, le renouvelle­ment de contrat n’a toujours pas été acté. « Aucun règlement ne nous interdit de sélectionn­er un joueur évoluant à l’étranger, conclut Laurent Labit. Ce serait même plus simple pour nous, puisqu’il échapperai­t à la convention… Au fond de moi, j’espère pourtant qu’il restera au Racing. Parce que ce club a toujours une place particuliè­re dans mon coeur et que la présence de Virimi ne peut que lui être bénéfique ».

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Photo Icon Sport Virimi Vakatawa est souvent désigné par ses pairs comme le meilleur trois-quarts centre du monde

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