Midi Olympique

Je n’ai jamais eu peur

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C’était bizarre, hein ? Je veux dire, ce stade vide, cette ambiance de funéraille­s qui annihile les considérat­ions habituelle­s sur l’hostilité présumée d’un match à l’extérieur ou celles, tout aussi vraies, concernant le dépassemen­t de quinze hommes poussés par 80 000 de leurs semblables… En fait, j’ai l’impression que le huis clos a changé ce qui aurait dû être une superbe rencontre, une performanc­e de très haut niveau, en un événement assez neutre. Les Bleus ont semble-t-il éprouvé les mêmes sentiments que les miens, tant ils marchaient à côté de leurs pompes en début de match. Sans public, sans chaleur, sans motif de transcenda­nce à portée de fusil, ils ont donc mis vingt-cinq minutes à se remettre dans le rythme du niveau internatio­nal.

Et puis ? Pffff… Il y a une telle profusion de talents dans cette équipe de France que les Gallois ont explosé comme des pop-corns, lorsque les coéquipier­s de Charles Ollivon ont décidé d’accélérer. Vous avez tous vu les différence­s qu’Antoine Dupont est capable de créer dans n’importe quelle défense au monde, les problèmes que peut poser Virimi Vakatawa à quelqu’un comme Jonathan Davies, que je considère pourtant comme l’un des meilleurs trois-quarts centre de la planète. Je n’oublie pas, enfin, Teddy Thomas, la pépite au parcours si contrasté. Lui, je l’aime autant qu’il m’agace : samedi soir, il a passé une mi-temps à papillonne­r et à sauter à deux mètres du ballon, sous toutes les chandelles. Tout à coup, il a sorti un geste incroyable, un petit coup de pied au-dessus du dernier défenseur, un truc qu’on ne voit plus depuis des années. Teddy Thomas, c’est douze essais en vingt sélections. Franchemen­t ? Il aurait dû être le meilleur ailier du monde et j’espère qu’à 27 ans, il en a encore le temps…

Pour le reste, il n’y a pas grand-chose à dire, sinon que cette équipe galloise me semble prendre actuelleme­nt le chemin inverse du nôtre. Samedi soir, alors qu’il était archi-dominant, le paquet d’avants aurait dû cogner un peu plus fort, parce qu’il n’est pas normal d’avoir été à ce point remué, en début de rencontre, par ces Gallois pas très fringants. Comment ça, je suis dur ? Parce que vous trouvez normal, vous, que le type le plus agressif du pack britanniqu­e se nomme Alun-Wyn Jones, qui vient de fêter ses 35 balais ? Soyons sérieux…

Moi, je n’ai jamais eu peur devant ce match. En fait, je me suis rapidement rendu compte que les Bleus se créaient une occasion d’essai sur chacun de leurs lancements et qu’au bout du bout, l’époque où les Gallois gagnaient tous les deux ans au Stade de France était bel et bien terminée. Dieu soit loué…

« Teddy Thomas, je l’aime autant qu’il m’agace. Il papillonne et tout à coup, il sort un geste incroyable, un truc qu’on ne voit plus au niveau internatio­nal... »

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