Midi Olympique

Routine sur fond de confinemen­t

- Par Jérôme PRÉVÔT jerome.prevot@midi-olympique.fr

C’ÉTAIT LA ROUTINE À DUBLIN… LES IRLANDAIS ONT MARQUÉ SEPT ESSAIS ET LES ITALIENS N’ONT JAMAIS FAIT ILLUSION, C’ÉTAIT TOUT À FAIT DÉSESPÉRAN­T. HÉLAS POUR LE TOURNOI !

De ce triomphe sans surprise on retiendra deux images. La première pour le grand public; la seconde pour les puristes. L’essai de Hugo Keenan (35e) fut un modèle de contre-attaque limpide, longue de quatre-vingt-dix mètres après un grattage de Caelan Doris. Le troisième ligne au casque bleu ciel se releva pour assurer lui-même la première passe pour Aki, puis Murray, qui joua son rôle habituel de « général ». Il leva la tête et choisit de poursuivre l’action de l’extérieur du pied droit. Une pichenette toute en délicatess­e pour son ailier débutant. Voilà comment l’ancien septiste du Leinster a célébré sa première sélection par un doublé. Et voilà comment l’Irlande d’Andy Farrell a fait mentir le cliché qui lui colle à la peau. Non, cette équipe ne fait pas que du rugby à une passe et au pied. Même si, depuis Joe Schmidt, ce schéma lui sert de base et elle sait se montrer spectacula­ire sur les bons ballons.

La seconde image concerne le pilier droit Andrew Porter, un rude caractère à la jeunesse difficile. Son début de match fut magnifique. Par quatre fois, ses interventi­ons au sol ou sur maul sont venues casser des initiative­s italiennes. Grattages, coffrages, plaquages : son arsenal est celui d’un homme de l’ombre. Il y a ajoute le record officieux de la plus lourde charge soulevée en squat (325 kg). Le pilier, formé au St Andrews College, a montré qu’il était mieux qu’une doublure de Furlong. Qui sait s’il ne pourrait pas glaner un strapontin pour la prochaine tournée des Lions ?

Ceci était notre chronique de cette rencontre dépourvue de suspense. Même une première offensive translpine brillante n’a pas pu le dérégler. Polledri avait pourtant traversé la ligne adverse, sans que personne ne le touche. L’action n’aboutit pas mais provoqua un carton jaune pour antijeu (Conor Murray). Dans les minutes qui suivirent, on eut l’impression que c’était l’Italie qui jouait à quatorze, incapable de mettre assez d’intensité dans son jeu pour rivaliser et seules quelques fulgurance­s sauvent son honneur. Le deuxième essai, signé du nouvel ouvreur Paolo Garbisi, méritait le détour, c’est vrai.

UNE SÉQUENCE COLLECTIVE REMARQUABL­E

Mais une autre différence nous a sautés aux yeux, à savoir le jeu au pied de pression à la « va-comme-je-te-pousse » des Italiens face aux coups de pied de géomètre de Sexton, distillés pour faire avancer les siens ou servir des hommes excentrés. Dans le « mouroir » de l’Aviva, nef désertée d’une ville confinée, les Irlandais ont fait ce qu’ils ont pu pour donner de la chaleur à tout un pays. Une séquence collective énorme conclue par Sexton (64e) et un amour de passe à une main de O’Mahony pour Aki (68e). Pas mal ce dernier geste, d’un gars étiqueté chien fou plaqueur-gratteur, qui réussit à fixer deux défenseurs sur un seul geste. Son sourire trahissait une joie particuliè­re : face à un adversaire faiblard, il s’est offert un petit bonbon. Dans un monde idéal, le Tournoi ne devrait pas permettre ça.

 ?? Photo Icon Sport ?? Pour sa première sélection, l’ailier du Leinster, Hugo Keenan, ici en action, a inscrit un doublé face aux Italiens.
Photo Icon Sport Pour sa première sélection, l’ailier du Leinster, Hugo Keenan, ici en action, a inscrit un doublé face aux Italiens.

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