Paia’aua, la renaissance d’un magicien
SEUL JOUEUR TITULARISÉ LORS DES HUIT PREMIÈRES RENCONTRES DE LA SAISON DU RCT, DUNCAN PAIA’AUA S’IMPOSE AUJOURD’HUI COMME L’UNE DES PIERRES ANGULAIRES DU SYSTÈME VAROIS. CONTRE CASTRES, L’AUSTRALIEN A INSCRIT SON PREMIER ESSAI EN ROUGE ET NOIR.
Il était devenu le maître à jouer des Queensland Reds depuis cinq saisons, avait l’avenir devant lui Down Under et même… une proposition de contrat de deux ans de sa Fédération. Sauf que déçu par le système australien, et par Michael Cheika qui, après lui avoir donné sa chance lors d’un match d’exhibition entre les Wallabies et les Barbarians en 2017 (durant lequel Paia’aua avait inscrit deux essais), ne lui avait plus jamais donné de nouvelle, Magic Duncan préférait changer d’air à l’été 2019. « Cheika ne m’a fait aucun retour sur le match et ne s’est plus jamais adressé à moi… Chaque annonce de sélection me foutait une boule au ventre. J’étais écoeuré. Du jour au lendemain silence radio. » À 24 ans, et alors que son rêve de porter le maillot australien s’envole, « Dunki » fait le choix de l’exil, et rejoint son cousin, Jonah Placid, sur la rade à l’intersaison 2019. Sauf que le polyvalent Australien est victime d’une rupture du tendon d’Achille dès la pré-saison : il lui faut alors six mois de réathlétisation et de travail à la salle pour renouer enfin avec la compétition début avril. Entre-temps ? Une pandémie mondiale a interrompu la saison, et repoussé ses premières minutes sous le maillot varois. Alors quand Patrice Collazo lui annonce qu’il démarrera la première rencontre de la saison 2020-2021 en qualité de titulaire, l’ancien Reds sait que son histoire avec Toulon est enfin lancée. Depuis, Duncan Paia’aua s’est imposé comme l’une des options privilégiées du staff toulonnais, et est le seul et unique joueur du RCT à avoir démarré les huit premières rencontres de la saison, avec 628 minutes disputées sur 640 possibles.
« DUNCAN A UNE VISION INCROYABLE »
« Ce n’est pas simplement un jeune talent, c’est un top joueur. Il sait faire énormément de choses, a une vision du jeu incroyable, est rapide pour prendre des décisions, complimente Isaia Toeava. Il continue d’apprendre, mais c’est un joueur qu’il est préférable d’avoir à ses côtés : il t’apporte de la confiance, et tu sais que tu peux te concentrer uniquement sur ton boulot,
le sien sera fait sans problème. »
Polyvalent 10-12-13, capable de faire une passe laser de 25 mètres, de « poser un
mec sur 5 mètres carrés » (dixit Serin), de jouer au pied mais également de distiller un caramel de deuxième ligne, le natif de Wellington (qui a déménagé à trois ans en Australie), prend donc ses marques sur la rade, et s’impose sortie après sortie comme l’un des hommes de confiance de Patrice Collazo. Mieux, régulièrement passeur décisif, Pai’aua (que l’on prononce Pa-hi-ha-ha-hou-ha) a inscrit son premier essai sous le maillot toulonnais ce vendredi contre Castres. D’une course rentrante, le centre australien formé au rugby à XIII se présentait comme premier soutien de Daniel Ikpefan, ré-accélérait et déposait le dernier défenseur pour aller inscrire ses premiers points en Rouge et Noir. Une joie immense, mais surtout la première pierre d’une belle histoire qui ne fait que démarrer entre ce magicien d’Oz et le RCT.