Bleus : la fureur de vivre
EN CES TEMPS SINISTRES, LA BELLE VICTOIRE DES TRICOLORES CONTRE GALLES EST, SINON UNE BOUFFÉE D’OXYGÈNE, AU MOINS UNE LUEUR DANS LA NUIT. ET SI, EN DÉPIT DES APPARENCES, LE MEILLEUR ÉTAIT À VENIR ?
Fabien Galthié a des certitudes : les « data », ces données chiffrées entourant la santé globale des Tricolores, offrent une somme d’informations que l’oeil nu, déjà capable de constater que Cyril Baille est incontestablement plus adroit que Bernard Le Roux, lequel couvre indéniablement plus de terrain que le pilier toulousain, suffirait probablement à fournir ; les entraînements de la semaine, pour la plupart en opposition réelle, doivent englober quarante-deux joueurs et, surtout, se dérouler à « haute intensité », le tour de terrain à deux à l’heure et le concours de drops chers au rugby de papa n’en faisant visiblement pas partie ; la « bobo » nutrition, à base de jus de betterave, de graines diverses et d’étrangetés vegan, est un facteur non-négociable de performance ; la « flèche du temps », qui… non, pardon, on ne sait toujours pas ce que signifie cette foutue « flèche du temps », même après six mois de pratique.
Pour être tout à fait clair, et si on est bel et bien convaincu que Galthié est pour beaucoup dans la résurrection de la sélection nationale, on dira simplement que ce FranceGalles inaugural -ce « warm-up game », comme le caractérisaient ces jours derniers les barbares qui jugent visiblement les « matchs de préparation » comme trop poussiéreux- a piétiné la plupart des concepts indissociables des prémices de l’ère Galthié. Avant de produire l’une des performances les plus séduisantes de ces dix dernières années, les Bleus ont travaillé six jours à Marcoussis, une courte parenthèse leur ayant simplement permis de réaliser un seul et unique « entraînement à haute intensité ».
Avant de planter cinq essais au XV du Poireau, supposément l’un des meilleurs rideaux défensifs au monde, les Tricolores étaient 31 à Marcatraz et bataillaient avec de bien modestes sparring-partners (dont le pilier de la Section paloise Lucas Pointud, que le club béarnais ne conservera pas), lesquels n’avaient évidemment rien en commun avec ceux du week-end international. Alors, quoi ? Disons que le succès contre Galles est un plaidoyer rêvé pour la Ligue et les clubs, pour le moins réticents lorsqu’il s’agit de libérer, dans le désordre, joueurs, temps de travail ou roupies.
FICKOU AU CENTRE, LA BELLE IDÉE…
Car la préparation et le tableau noir sont une chose, le talent et la fraîcheur en sont une autre. Diable, cette génération tricolore est juste dingue, dotée d’un flair, d’un culot et d’une puissance de feu que le XV de France avait perdus, au temps où la génération maudite traversait péniblement les mandats Saint-André, Novès ou Brunel. Et puis, ces Bleus, mis au frigo pendant sept mois et qui n’en sont encore qu’au début de leur saison domestique, ont aujourd’hui l’allant dont ils étaient généralement dépourvus quand ils affrontaient les Celtes, pour lesquels la Champions Cup et les tests constituent par nature les vingt échéances majeures de leur saison. Samedi soir, dans cette ambiance de fin des temps, les coéquipiers de Charles Ollivon ont donc dominé les beaux bébés Gallois dans le défi physique, les marquant au fer rouge sur les impacts et les prenant