Midi Olympique

Interrogat­ions avant les Fidji

JULIEN DELBOUIS

- Propos recueillis par Arnaud BEURDELEY arnaud.beurdeley@midi-olympique.fr

LE TROIS-QUARTS CENTRE DU STADE FRANÇAIS, FORMÉ À MASSY, COMPTE PARMI LES PETITS NOUVEAUX DU GROUPE XV DE FRANCE. L’OCCASION D’ALLER À LA RENCONTRE D’UN JEUNE JOUEUR PASSÉ PAR TOUTES LES ÉQUIPES DE FRANCE, CHAMPION DU MONDE DES MOINS DE 20 ANS EN 2019 ET QUI S’IMPOSE CHAQUE WEEK-END UN PEU PLUS EN TOP 14 DEPUIS DEUX ANS. Comment avez-vous appris votre sélection pour préparer le match France-Fidji ?

J’étais fatigué lundi, je me suis donc mis à la sieste vers 18 h 30 et quand je me suis réveillé, j’avais 35 notificati­ons sur mon téléphone, ce qui n’arrive jamais (rires). J’avais des messages de Gonzalo (Quesada), Thomas (Lombard) et d’autres pour me féliciter. J’ai donc vite compris. J’ai tout de même été sacrément surpris. Je ne m’y attendais pas du tout. Et j’avoue avoir ressenti beaucoup de joie et de fierté. C’est super excitant.

Vous n’aviez pas été averti en amont par le staff ?

Non, pas du tout. J’ai juste reçu un mail pour la convocatio­n.

Mais lors de la prise de fonction de Fabien Galthié, vous aviez rencontré le nouveau sélectionn­eur…

Oui, j’ai eu un premier rendez-vous il y a un an avec Fabien Galthié. Il m’avait alors dit que je faisais partie d’un groupe élargi d’une soixantain­e de joueurs. Nous avions bien échangé, c’était agréable de sentir l’intérêt du sélectionn­eur. Et puis, j’ai eu un deuxième rendez-vous il y a deux mois environ avec Laurent Labit. Seulement, après notre premier match contre Castres, je me suis blessé. Je n’ai rejoué qu’un quart d’heure contre le Racing 92 et disputé mon premier match complet contre le Stade toulousain le week-end dernier. Autant dire que je ne m’attendais pas du tout à être retenu.

Êtes-vous impatient de rejoindre le groupe ?

J’ai un peu d’appréhensi­on même si je connais quelques joueurs comme Romain (Ntamack), Teddy (Baubigny), Cameron (Woki), Demba (Bamba) que j’ai côtoyé chez les jeunes. Mais j’ai le sentiment que dans ce groupe il y a une super ambiance, ce qui est plus facile pour s’intégrer. En tout cas, cela semble plus simple qu’à une certaine époque où les jeunes arrivaient au compte-gouttes en équipe de France. Je sais que je vais beaucoup apprendre. Franchemen­t, j’y vais sans aucune prise de tête. Juste pour apprendre et profiter.

Qu’est ce qui justifie, selon, vous votre sélection ?

C’est plutôt à Fabien Galthié qu’il faut poser la question (rires). D’autant plus qu’Olivier Klemenczak avait été appelé pour préparer le dernier match contre l’Irlande. Dans la mesure où il y a encore dans la liste les trois centres entre guillemets titulaires (Fickou, Vakatawa, Vincent), le staff a-t-il dans l’idée de me faire travailler avec le groupe pour que je m’imprègne du système de jeu, de l’état d’esprit ? Pour mieux me faire revenir pour les matchs suivants, justement avec Olivier Klemenczak, puisque les autres centres auront participé à trois matchs ? Si mon interpréta­tion est bonne, je trouve ça très intelligen­t. Ça permettra le moment venu de ne pas être complèteme­nt dépaysé.

Racontez-nous un peu votre parcours ?

J’ai commencé le rugby à l’âge de 6 ans à l’US Métro. C’est le club qui m’a fait découvrir ce sport, j’y avais tous mes copains. Seulement, j’ai failli arrêter à 11 ans car ils sont tous partis au Racing club de France à l’époque. Les entraîneme­nts se déroulaien­t à Colombes, bien trop loin de chez moi. J’avais la chance que mes parents me suivaient tout le temps au sport, mais là, c’était injouable. Et finalement, un copain de mes parents m’a conseillé de rejoindre Massy. Et là, je me suis éclaté. J’ai eu la chance d’avoir d’excellents entraîneur­s comme Olivier Gazon ou encore Hugues Mercier. Ce club m’a permis de découvrir le rugby profession­nel à seulement 18 ans. Et je l’en remercie encore aujourd’hui.

Votre départ pour le Stade français en 2018 a été critiqué par certains. Comment l’aviez-vous vécu ?

On m’a dit que je partais trop tôt, que je ne jouerais pas. Finalement, j’ai eu la chance d’avoir la confiance d’Heyneke Meyer. Il a été beaucoup critiqué au club, mais à 19 ans il m’a fait jouer 22 ou 23 matchs lors de ma première saison. Résultat : je n’ai pas eu le temps de me poser la question pour savoir si j’avais fait le bon choix ou non.

Vous avez été champion du monde des moins de 20 ans en 2019, vous avez suivi tout le cursus des équipes nationales jeunes. Est-ce que c’est aussi ça qui vous ouvre aujourd’hui les portes du XV de France ?

Je sais que Sébastien Piqueronie­s (sélectionn­eur des moins de 20 ans, N.D.L.R.) travaille main dans la main avec le staff des Bleus. Il y a aujourd’hui clairement un prolongeme­nt entre les équipes de France jeunes et le XV de France. Franchemen­t, Seb fait un super boulot.

Pourtant, vous aviez mal vécu de ne pas avoir été retenu pour la Coupe du monde des moins de 20 ans en France en 2018…

C’est vrai, mais c’est aussi un peu de ma faute. Cet épisode a été ma première grande déception. Avec Romain (Ntamack), nous avions fait toutes les sélections ensemble avec un an d’avance. Et pour cette année 2018, je suis retenu avec lui pour le Tournoi des 6 Nations. Seulement, je joue à Massy alors en Pro D2 et on se bat pour le maintien. Du coup, Didier Faugeron et Seb Piqueronie­s trouvent un accord pour que je puisse jouer deux matchs avec mon club durant le 6 Nations. Ensuite, je dois jouer le match contre l’Angleterre, mais je me blesse quelques jours avant. Au final, je ne joue que le dernier match contre l’Italie. Résultat : même si j’ai fait toute la préparatio­n du Mondial avec le groupe, je n’ai pas été retenu. Et j’ai eu les boules pendant un moment même si je n’avais aucune raison de crier au scandale. Les mecs retenus, c’était Arthur Vincent ou encore Pierre-Louis Barassi. Autant dire que Seb ne s’était pas trompé. Ces deux-là le prouvent encore aujourd’hui. Et puis, j’avais vachement apprécié le geste de Seb (Piqueronni­es) qui m’avait invité à Béziers pour la finale. J’étais heureux de voir mes potes soulever la Coupe du monde, mais put… Quelle frustratio­n au fond de moi.

Cette expérience vous a-t-elle servi ?

Oui surtout lors de ma première saison au Stade français. J’avais envie de prouver que j’aurais dû être pris, j’ai redoublé d’efforts pour vite m’intégrer et trouver ma place. Et surtout être performant.

« J’ai le sentiment que dans ce groupe il y a une super ambiance, ce qui est plus facile pour s’intégrer. »

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Photo Stéphane Hamel Le jeune Parisien Julien Delbouis pourrait faire ses débuts en Bleu cet automne.

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