L’ENVIE EN JAUNE
SITALEKI TIMANI - Deuxième ligne de Clermont ALORS QU’IL LIVRERA UN DUEL PARTICULIER FACE À SON FRÈRE LOPETI, IL REVIENT ÉGALEMENT SUR LA BONNE FORME DE SON ÉQUIPE.
CLERMONT, LE LEADER DU TOP 14, AURA FORT À FAIRE CE DIMANCHE EN DÉPLACEMENT CHEZ SON DAUPHIN ROCHELAIS. C’EST LA PROMESSE D’UN RUGBY À HAUTE INTENSITÉ !
Au vu des images venues de l’hémisphère Sud, où les matchs se jouent dans des stades pleins, ne vous dites pas en ce moment que vous vivez du mauvais côté de la planète ?
(il se marre) Jouer sans public, c’est différent, et c’est sûr que de voir des images de stades pleins de l’autre côté de la planète, ça fait rêver. Ça reviendra ici aussi, il faut être patient et s’adapter. Pour nous, le job reste le même mais c’est sûr qu’il manque quelque chose en termes de passion, d’excitation. En tant que joueur, nous avons besoin d’énergie et on ne ressent plus celle qui descend des tribunes pour s’en nourrir. C’est différent de ce qu’on a connu mais il n’y a pas d’autre choix que de passer par là.
Au sujet de Clermont, l’équipe semble avoir changé d’ère depuis la défaite en quarts de finale de Champions Cup…
Oui, complètement. L’équipe a été considérablement rajeunie, le staff essaie de construire quelque chose de nouveau depuis ce quart de finale. La saison a démarré difficilement, les deux-trois premières semaines n’ont pas été faciles mais il y a un élan nouveau. On joue davantage les uns pour les autres et cela se ressent sur le terrain.
Des jeunes sont arrivés mais vous êtes toujours là, vous qui étiez déjà le joueur le plus utilisé de l’effectif l’an dernier…
(il sourit) Dans toutes les équipes, il faut un mélange entre des jeunes joueurs et d’autres plus expérimentés pour arriver à un bon résultat. Quand on n’a que des jeunes, on manque un peu d’expérience ; quand on n’a que de l’expérience, il peut manquer de la fougue ou de la vitesse. Je trouve qu’en ce moment, nous sommes arrivés à un équilibre intéressant mais il ne faut pas se tromper : le plus dur est évidemment devant nous.
Ce match pour la première place à La Rochelle constitue-t-il l’examen de passage idéal pour la nouvelle ASM ?
Le match de la semaine dernière était déjà un gros test pour nous, dans le sens où nous voulions enfin nous évaluer dans un gros match à l’extérieur, puisque notre déplacement à Bordeaux avait été annulé. Cela a été plutôt positif puisque nous avons gagné, ce qui ne nous était plus arrivé depuis huit mois. Mais là, tout le monde a conscience que le défi qui nous attend sera le plus relevé de la saison. Même si nous sommes actuellement leaders, c’est clairement en tant outsiders que nous préparons ce déplacement à La Rochelle, qui impressionne tout le monde depuis un mois. Il va falloir combattre dur pour ramener quelque chose de là-bas mais si nous restons soudés pendant quatre-vingts minutes, tout sera possible.
Ce match sera d’autant plus particulier pour vous que vous affronterez votre frère Lopeti…
Quand on est sur un terrain, quand on se plaque, quand on se déblaie, nous sommes des adversaires comme les autres. La seule différence, c’est que ça nous rappelle ce que nous faisions déjà quand nous étions petits. Là, en plus, il n’y aura personne dans le stade donc ce sera un peu comme à l’époque ! (rires) Mais blague à part, chacun va tout faire sur le terrain pour faire gagner son équipe, c’est aussi simple que ça. Et puis, avant que je vienne en France, nous avions joué une saison ensemble, aux Waratahs, donc je ne l’ai pas découvert en tant que joueur de rugby professionnel la saison dernière.
Lopeti a connu quelques déboires extrasportifs ces dernières années. En tant que grand frère, on imagine que vous avez plutôt bien accueilli son arrivée en France…
Oui… En fait, cela faisait quelques années que je parlais à mon frère du Top 14, que ce serait bien pour notre famille s’il pouvait me rejoindre en France, à Clermont ou ailleurs. Finalement, il a eu l’opportunité de venir à La Rochelle et c’était très bien pour tout le monde. Même s’il y a eu le confinement, nous sommes parvenus à passer de bons moments ensemble, notamment cet été à La Rochelle ou nous avons pu profiter de la plage. Nos enfants ont passé du bon temps ensemble… C’est plus facile de se savoir proche les uns des autres, surtout après des moments difficiles.