La Rochelle : alterner pour mieux régner
LA ROCHELLE REDOUTABLES DEPUIS LA FIN DE LA TRÊVE EUROPÉENNE, LES MARITIMES EXÉCUTENT À MERVEILLE UN PLAN DE JEU OÙ L’ALTERNANCE A LE VENT EN POUPE.
Dix-huit points pris sur vingt possibles. Les plus pointilleux trouveront sans doute à dire qu’il y avait la place de décrocher le jackpot. Certes, le Stade rochelais peut nourrir des regrets d’avoir laissé filer un bonus offensif lui tendant les bras au Hameau (25-34), une semaine après être passé près d’une autre victoire à cinq points contre l’UBB (20-6). Sacrée moisson, tout de même, depuis la parenthèse européenne du mois de septembre. Le club à la caravelle, en tout cas, s’en satisfait amplement. Cette série de quatre succès dont deux à l’extérieur, a surtout le mérite de valider une stratégie de plus en plus injouable pour l’adversaire. Difficile à décoder, tout du moins.
SOIGNER LES ENTAMES DE SECONDE PÉRIODE
Une première mi-temps de feu mais du retard à l’allumage au retour des vestiaires. Caractéristique commune de ses trois derniers succès, le Stade rochelais peine à conserver le même tempo après la pause. Le groupe a beau répéter qu’il revient sur la pelouse comme si le score était nul et vierge, il perd quelque peu en consistance. Des relatifs trous d’air à gommer pour bonifier les performances XXL du premier acte. Ce qui n’a pas été le cas face à l’UBB et Pau. Mais cela reste des problèmes de riche.
Ce Stade rochelais-là a quelque chose d’imprévisible, depuis quelques semaines. Comme s’il avait plusieurs coups d’avance. Ne serait-ce qu’un seul. « Il y a le sentiment que peu importent les choses qui arrivent pendant le match, nous allons être prêts à faire face à la situation », lançait d’ailleurs Jono Gibbes, deux jours avant que son groupe n’écoeure la Section paloise. Si le plan de jeu façonné par le staff n’a pas connu de révolution majeure à l’intersaison, il est surtout mieux exécuté. Plus clinique, plus précis, plus efficace. Plus déstabilisant, aussi, pour l’adversaire. De par la faculté à alterner. La facilité, même, pourraiton dire, quand on regarde La Rochelle manier l’arme du jeu au pied. Entre autres.
L’ART DE L’OCCUPATION
Dans le rôle de chef d’orchestre, Jules Plisson. Sur 166 ballons depuis le début de la saison, l’ouvreur maritime en a joué 68 au pied. Soit un tiers ! Colossal. Et très rarement pour s’en débarrasser. Non, Plisson est plutôt du genre à délivrer des caviars à ses partenaires, aux quatre coins du terrain. Et quand il s’agit d’occuper ou de renverser la pression, l’ancien Parisien marche sur l’eau en ce moment. « Les Rochelais ? Ils n’ont fait que nous renvoyer chez nous. Nous avons perdu la bataille de l’occupation et, au fur et à mesure, ils se sont installés… » Son homologue girondin Matthieu Jalibert en témoignait, pas plus tard qu’il y a deux semaines. Pau aussi en a fait les frais. Ronan O’Gara espère, par ce biais, allonger la liste des victimes : « J’ai un numéro 10 capable de taper le ballon sur soixante-dix mètres et c’est une bonne tactique pour l’hiver. » L’entraîneur en chef loue aussi l’utilisation souvent récompensée des petits par-dessus. Allant jusqu’à comparer la performance dominicale de son arrière Dulin, en la matière, à celle de l’ouvreur du XV de France, Romain Ntamack, la veille face à l’Irlande. « Brice a fait la même. C’est la classe internationale. Il n’y a pas beaucoup de joueurs qui peuvent faire ça. J’adore ceux qui jouent avec un peu d’instinct. » Doumayrou et Sinzelle prennent aussi leur part du gâteau, au pied. Cette volonté de varier le jeu, La Rochelle la cultive toute la semaine, à l’entraînement. À coups de combinaisons et de rampes de lancement idéales. « Nous parvenons à tenir le ballon beaucoup plus longtemps que les autres années, confirme le flanker Wiaan Liebenberg. Pour attaquer, c’est beaucoup plus facile. » Son actuelle partition, le Stade rochelais espère maintenant, pour mesurer pleinement sa force de frappe, la réciter face au leader asémiste. Sa bête noire. Seulement deux victoires sur les dix dernières confrontations, toutes compétitions confondues.