Les paradoxes du « rush »
Le constat est sans appel : avec 13 essais concédés sur l’ensemble de la compétition (2 essais contre l’Angleterre et le pays de Galles, 3 contre l’Italie, l’Ecosse et l’Irlande), le XV de France présente comptablement l’un des plus mauvais bilans, seul l’Italie ayant fait pire sur l’ensemble de la compétition. Forcément une piste d’amélioration, quand bien même s’il s’agit de nuancer ce bilan… En effet, l’essence de la rush défense bâtie par Shaun Edwards vise d’abord à faire gagner des matchs, ce à quoi elle est plutôt bien parvenue. En effet, ce système très agressif vise en premier lieu à exercer une pression constante pour fournir en ballons de récupération les individualités tricolores, sur lesquelles ces dernières sont libres de faire parler leur talent et leur sens de l’adaptation. Une mission réussie haut la main puisque dans toutes les victoires « références (Angleterre, Galles, Irlande), c’est bien en imposant un énorme bras de fer en défense à leurs adversaires que les Bleus sont parvenus à les faire plier. Quitte à connaître des relâchements coupables par instants…
En effet, en y regardant de plus près, c’est peut-être là que réside la vraie marge de progression des Bleus : sur 13 essais concédés pendant la compétition, 11 le furent en deuxième mitemps, dont 7 dans les vingt dernières minutes. Preuve du côté « énergivore » de la rush défense, sans doute, puisque la plupart de ces essais encaissés le furent alors que les Bleus avaient déjà match gagné (à l’image des vingt dernières minutes contre l’Irlande). À bien y réfléchir, on peut aussi mesurer à quel point le carton rouge de Haouas coûta cher aux Bleus, la rush défense nécessitant déjà un rythme très difficile à tenir à 15, et pratiquement impossible à 14… De quoi conclure que ce système touchera sa pleine efficacité lorsque les Bleus s’avéreront capables de jouer pendant 80 minutes au complet, tout en descendant sous la barre des 10 pénalités concédées ? C’est un peu l’idée, oui…