« Fiers de notre différence »
MARIO LEDESMA (Sélectionneur de l’Argentine) REVIENT SUR LA PERFORMANCE EXCEPTIONNELLE DE SES JOUEURS, QUI N’AVAIENT PLUS ÉVOLUÉ ENSEMBLE DEPUIS UN AN.
Comment réagissez-vous à chaud à cette victoire ?
C’est irréel. Non pas tant la victoire elle-même mais le fait d’avoir joué ce match, d’avoir vu voir les joueurs sur le terrain, d’être là simplement après tout ce qui est arrivé et qui continue à frapper notre pays. Je suis fier de mes joueurs, de ce qu’ils ont accompli pour être là. Ils ont été fantastiques pendant toute cette pandémie. Ils ont été ballottés de quarantaine en quarantaine, une fois en Uruguay, maintenant en Australie. Certains n’ont pas vu leur famille depuis quatre mois mais il n’y a pas une seule plainte ; ils savent rester positifs. Et pour le rugby argentin, c’est exceptionnel : les All Blacks étaient la dernière équipe que nous n’avions jamais battue et le faire dans de telles circonstances, c’est un moment très intense pour l’entraîneur que je suis. Un moment dont on va tous se souvenir très longtemps. Je suis sûr qu’un livre sera écrit làdessus (rires).
On a pu voir une équipe d’Argentine très disciplinée et commettant très peu d’erreurs. Cela a dû vous faire plaisir de voir que le plan de jeu était particulièrement bien suivi…
Nous avons montré beaucoup de discipline autour du plan de jeu mais cela ne me surprend pas. En janvier, j’ai réuni les leaders du groupe pour définir l’équipe que nous voulions être, son identité, sa culture. Et le groupe a parfaitement adhéré. Pendant trop longtemps, l’Argentine a voulu copier ce que faisaient les autres. Mais nous sommes différents et nous sommes fiers de notre différence. Maintenant, nous avons confiance à 100 % dans ce plan. Les jeunes se sont parfaitement fondus dans le moule et ils amènent toute leur énergie. Il faut aussi savoir ce que représente le maillot pour les joueurs argentins. On savait que nous pouvions gagner. Il fallait juste entrer sur le terrain et prendre ce match à bras-le-corps, sans jamais le relâcher.
Vous avez très peu utilisé votre banc. Était-ce voulu, surtout quand on sait que votre équipe manquait de compétition ?
Nous étions en communication constante avec les soigneurs qui suivaient les joueurs et leur niveau d’énergie. Et ils nous disaient qu’ils étaient bien. Sur la fin, nous avons quand même voulu injecter un regain d’énergie et nous avons commencé à utiliser notre banc. Notre plan initial était de les faire entrer plus tôt car nous pensions qu’ils ne tiendraient pas le rythme mais ils ont tenu jusqu’au bout.
Un mot sur votre ouvreur Nicolas Sanchez qui a inscrit tous les points des Pumas ?
Il est bien dans sa tête et il s’est très bien intégré au groupe. Mais il n’y a pas de miracle à sa performance. Il s’est très bien préparé pour être prêt pour ce tournoi, aussi bien au plan physique que mental. Il a parfaitement su appliquer le plan de jeu et son jeu au pied a été parfait.
Michael Cheika était à vos côtés. Qu’amène-t-il au groupe ?
Il connaît parfaitement le rugby. Il s’est tout de suite bien intégré, même s’il n’a pas pu nous rejoindre avant la fin de la quarantaine. Du coup, il regardait tout du haut de la tribune puis on faisait des visioconférences. Il a beaucoup observé puis est intervenu de manière ponctuelle pour faire quelques ajustements. C’est un type qui sent le jeu et qui sait motiver et trouver les mots. Quand les joueurs lui ont demandé ce qu’il leur manquait pour battre les All Blacks, il leur a dit : « Rien, vous avez tout pour gagner. » Il faut juste croire en vous et saisir les opportunités quand elles se présentent.