Midi Olympique

Duncan Weir, le troisième homme

IL N’A PAS LA CLASSE NATURELLE DE SES DEUX CADETS, RUSSELL ET HASTINGS, MAIS IL A FAIT LE BOULOT CONTRE L’ITALIE. LE SOUS-ESTIMÉ DUNCAN WEIR PEUT ENCORE SERVIR AU NIVEAU INTERNATIO­NAL.

- Par Jérôme PRÉVÔT jerome.prevot@midi-olympique.fr

Trois victoires en trois matchs cet automne. L’Écosse vit une jolie petite embellie, elle a mis fin à une série noire face aux Gallois, et au classement World Rugby, elle s’est retrouvée à la septième place, une jolie petite performanc­e pour la nation majeure qui compte le moins de pratiquant­s. Et tout ça, elle l’a fait après avoir perdu ses deux meilleurs demis d’ouverture, Finn Russell du Racing et Adam Hastings des Glasgow Warriors. Ce n’est pas une petite tuile car l’Écosse est historique­ment pauvre en talent à ce poste stratégiqu­e. Et il n’y a que deux franchises en Écosse, à Édimbourg, c’est un SudAfricai­n qui joue presque tout le temps, Jaco Van der Walt. Sa doublure Nathan Chamberlai­n, 20 ans, est trop tendre. C’est ce qui a poussé Greg Townsend a appelé contre l’Italie un vrai revenant, Duncan Weir, 29 ans. Il n’avait plus débuté un match en sélection depuis quatre ans (Tournoi 2016). Entre-temps, on l’avait aperçu à cinq reprises pour des bouts de matchs dont les dernières minutes du dernier Écosse-France au mois de mars. Mais cela faisait trois ans qu’on ne l’avait plus vu avec le maillot frappé du Chardon.

EXILÉ EN ANGLETERRE

Il n’avait pas, c’est vrai, l’aisance et la créativité de Finn Russell, son sens de la passe après contact et ses fulgurance­s décisives. À côté de lui, Weir faisait très « plan-plan »., incarnatio­n d’un rugby écossais face au « plafond de verre » du très haut niveau. D’ailleurs, dès 2016, la montée en puissance de Russell poussa Weir hors des Glasgow Warriors, il s’était retrouvé pour deux saisons sans grand relief chez les voisins d’Édimbourg avant de prendre la direction de Worcester, en 2018 : un club anglais qui joue surtout pour ne pas descendre. Il a continué à faire son boulot d’ouvreur un rien besogneux, pas si maladroit mais assez clairvoyan­t pour garder sa place dans une compétitio­n de haut niveau. Il a changé de coupe de cheveux, il arbore désormais une touffe généreuse qui rompt avec l’aspect triste de sa physionomi­e d’antan. À Florence, contre l’Italie, il n’a pas loupé le coche. Il a fait un bon match, il a même marqué un essai spectacula­ire, en bout de ligne, à l’intérieur d’une attaque au large, finalement refusé pour un en-avant de passe de son ailier. « Il doit cette nouvelle sélection à son caractère, le fait de jouer dans de nouveaux environnem­ents l’a aidé. Et le fait de jouer pour plusieurs entraîneur­s, combinés avec de la maturité lui ont beaucoup servi à un poste où l’on apprend jusqu’à la fin de sa carrière. » a commenté son sélectionn­eur.

ÉLARGIR SA PALETTE

« Oui, il sait contrôler le jeu et ne pas se précipiter. Ses passes ont toujours été de qualité, mais désormais il faut savoir que nous demandons de nouvelles choses aux ouvreurs. Il faut qu’ils soient connectés aux avants, et servir de premier receveur, dans certains cas. Il faut travailler dur pour ajouter ça à sa palette d’ouvreur classique. J’ai vu ça de plus en plus chez lui depuis deux saisons et surtout depuis quelques mois dans sa façon de jouer à Worcester. » C’est vrai, si l’Écosse bat la France deux fois dans l’année privée de ses deux talents reconnus à l’ouverture, ça aura une sacrée gueule et Weir, pas le genre « grande gueule » le savourera doublement, au moins intérieure­ment.

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Photo Icon Sport Duncan Weir durant un entraineme­nt avec sa sélection à Murrayfiel­d.

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