Les Pumas envoient un message au rugby mondial

« D’abord, je voudrais dire à quel point j’espère que l’on retrouvera vite des stades remplis de supporters. Quand je vois les matchs du Tri-Nations avec ce public qui chante, qui vibre et qui saute partout, je me dis que cela nous manque terriblement. On a beaucoup parlé de la victoire historique des Pumas contre les All Blacks et je vais y revenir. Mais avant, j’aimerais parler de ce match nul de l’Argentine contre les Wallabies. Pour moi, ce match nul est une victoire car il montre bien à quel point les Pumas ont su rester concentrés dans leur bulle, malgré leur exploit et les innombrables sollicitations médiatiques qu’ils ont reçues après cette victoire historique. Cela montre bien toute la détermination de ce groupe, son envie d’exister. Certes, ils n’ont pas gagné ni même fait un match parfait. Mais ils ont arraché ce match nul dans les 20 dernières minutes, au courage. Il faut aussi revenir sur les conditions dans lesquelles les Pumas ont battu les All Blacks… Comme ils n’ont pas eu l’autorisation du gouvernement de s’entraîner en Argentine, ils ont rallié l’Uruguay où, bizarrement, il n’y a pas eu de cas de Covid-19. Ils se sont donc isolés en Uruguay, puis se sont confinés deux semaines en Australie, dont une où ils n’avaient même pas le droit de prendre leur repas en commun. Et puis cela faisait sept mois qu’ils n’avaient pas joué de testmatch ! C’est fou. Mais les Pumas se sont construits dans ce contexte délicat, dans ces contraintes, dans cette adversité. Mais c’est comme ça : le rugby argentin n’a pas le choix. S’il veut exister, il doit gagner. Sinon, tout le monde l’oubliera. Les Néo-Zélandais et les Australiens sont proches, ils peuvent jouer les uns contre les autres. Les Sud-Africains sont les champions du monde en titre, ils peuvent se permettre de renoncer au Rugby Championship pour telle ou telle raison. Mais les Pumas, eux, ne peuvent se permettre cela. Ils doivent gagner, et prouver qu’ils méritent d’exister sur la scène internationale. Cette victoire contre les Blacks, c’est un message envoyé par les Pumas au rugby mondial. La rage qui a animé le capitaine Pablo Matera lors du premier match est à l’image de cette qui anime cette équipe et ses dirigeants. Après, Matera ne doit pas oublier qu’il est capitaine, et qu’il ne peut se permettre de tirer les cheveux d’un adversaire comme il l’a fait contre les Wallabies. Mais cette équipe me fait envie. Mario Ledesma fait du bon boulot, Michael Cheika a apporté sa touche, et Marcelo Loffreda son expérience. J’éprouve du plaisir à la voir jouer. Et beaucoup de fierté, aussi. »