Midi Olympique

« On voulait être les premiers partout »

CAMILLE LOPEZ (Ouvreur de Clermont) A UNE NOUVELLE FOIS ÉTÉ L’ANIMATEUR D’UNE ATTAQUE AUVERGNATE SÉDUISANTE. IL REVIENT SUR LE REGAIN DE FORME DE L’ASMCA, VAINQUEUR À BRISTOL CE SAMEDI.

- Propos recueillis par Léo FAURE leo.faure@midi-olympique.fr

Vous attendiez-vous à dominer cette rencontre de la sorte ?

En tout cas, c’est un résultat forcément hyperposit­if pour nous, avec en plus le point de bonus et face à une grosse équipe de Bristol qui est habituelle­ment dominante, c’est vrai.

Sentiez-vous, pendant la semaine, une mobilisati­on particuliè­re autour de ce match ?

Non, il serait stupide de se dire : « Cette semaine, c’est Coupe d’Europe alors il faut qu’on soit bon. » Ça voudrait dire qu’à l’inverse, on ne se mobilise pas pour une rencontre de Top 14. Ce n’est évidemment pas le cas. On veut être bons chaque semaine. Là, on a effectivem­ent fait un gros match, efficace derrière dans le sillage d’une conquête très solide. Les avants ont fait du gros boulot et, ensuite, on a trouvé des espaces.

Vous avez pris Bristol à leur propre jeu, sur la vitesse. Était-ce une consigne stratégiqu­e ?

C’est une équipe qui travaille beaucoup sur le dynamisme, c’est vrai, qui veut toujours accélérer le jeu et déplacer le ballon. Mais c’est aussi notre cas. Nous avons des philosophi­es de jeu assez proches, avec Bristol. Notre idée en arrivant sur la pelouse, c’était effectivem­ent d’être plus forts qu’eux sur ce point fort. D’être les premiers partout. On voulait être les premiers dans les rucks, arriver avant eux dans les alignement­s en touche, être en place avant eux en mêlée. Il fallait qu’on soit en avance sur eux dans tous les secteurs. On y est bien parvenu.

Cela a donné un match très plaisant…

(Il coupe) Le format de cette Coupe d’Europe pousse aussi en ce sens. Avec seulement quatre matchs en phase de poule, il est sûr qu’il faut tout gagner et prendre des bonus. Cela donne de jolis matchs, c’est vrai. Globalemen­t, de toute façon, on sait que le jeu va plus vite en Coupe d’Europe, qu’il est plus ouvert. Cela s’est vérifié ce week-end, après des semaines de Top 14 où le spectacle n’était pas toujours au rendez-vous.

Comme quoi, on peut encore se faire des passes, au rugby, malgré le discours ambiant qui jure que seul le jeu au pied de pression est désormais valable…

L’entame de match nous facilite aussi la vie. En menant 14-0 après dix minutes de jeu, nous avions du confort. On a pu déployer notre jeu et nous trouvions des espaces, des solutions. Si nous avions tapé sur un mur, nous aurions certaineme­nt basculé sur du jeu au pied utilisé plus régulièrem­ent. Ça n’a pas été le cas et oui, c’est bien de voir qu’on peut encore gagner au rugby en se faisant des passes.

Clermont après un début de saison décevant était très critiqué. Y’a-t-il un esprit de revanche ?

De la revanche, non. Je ne vais même pas parler du premier match, face à Toulouse. Certes, on fait une mauvaise deuxième mi-temps mais Toulouse, c‘est l’équipe du moment. Ils font de super choses et c’est déjà très bien de les avoir battus. Ensuite, en revanche, nous avons joué des matchs indignes à Bayonne et face au Racing, en quart de finale de Coupe d’Europe. Sur l’état d’esprit, ce n’était même pas du rugby. Nous étions absents du combat, ce n’est évidemment pas normal. En suivant. On s’est repris.

Comment ?

Il n’y a pas eu de grands discours. Étonnammen­t, le groupe est resté très positif. Il n’y a pas eu d’ambiance de fin du monde, où chacun baisse la tête. Au contraire, il y avait toujours du sourire aux entraîneme­nts. On a fait des activités tous ensemble, extrasport­ives. Et tout est rentré dans l’ordre. Je crois que la rencontre qui marque la bascule, c’est à La Rochelle. Pourtant, nous ne ramenons aucun. Mais dans le combat, nous n’avons jamais lâché. Nous avons ramené beaucoup de certitudes de ce déplacemen­t.

Vous enchaînez les capitanats. Est-ce définitif ?

Non, on verra bien. Il n’y a pas eu d’officialis­ation ou de truc du genre. D’autres joueurs ont été capitaines avant moi. Morgan était capitaine mais il a eu un Covid-19 qui l’a fortement impacté. En suivant, Alex Lapandry et Arthur Iturria ont été promus capitaine, mais ils se sont tous les deux blessés. J’ai récupéré le truc, voilà tout.

Et vous l’avez gardé, malgré le retour de Morgan Parra…

Je crois qu’il y a eu une discussion entre Franck (Azéma) et Morgan (Parra) à ce sujet, pour le décharger un peu et lui donner un peu de recul. Mais franchemen­t, c’est facile pour moi d’être capitaine. Les prises de parole, ce n’est pas un truc qui me stresse et je le faisais déjà, sur les orientatio­ns de jeu. Ensuite, il y a plein de capitaines dans ce vestiaire. Samedi, j’ai pu m’appuyer sur Vahaa, Morgan (Parra), Fritz (Lee), Judi (Cancoriet) ou même la Bèze (Bézy). Nous avons un chouette groupe, facile à vivre. Vraiment, c’est facile d’être le capitaine de ces mecs.

Vos prédécesse­urs parlent aussi d’un rôle usant…

Oui, je m’en rends compte. Cela ne fait qu’un mois que j’ai ce rôle mais je me rends compte qu’il faut prendre plus de temps à s’occuper des autres. On est moins concentré sur sa préparatio­n individuel­le, il faut poser un regard global sur le vestiaire, prendre un peu de temps pour chacun. Cela peut être fatigant, oui.

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