Midi Olympique

« Fabien Galthié m’a remercié d’avoir tiré la Nouvelle-Zélande »

GUY SAVOY (chef étoilé) EST CELUI QUI A « OFFERT » LA NOUVELLE-ZÉLANDE À LA FRANCE, LORS DU TIRAGE AU SORT DES POULES DU MONDIAL 2023. IL RACONTE ET PARTAGE SA PASSION POUR LE RUGBY.

- Propos recueillis E. M.

Comment avez-vous vécu ce tirage au sort ?

À côté de gens comme Jean Dujardin, je pensais être le seul à avoir le trac. Pourtant, nous étions tous réunis dans une salle en attendant d’avoir à effectuer le tirage au sort et je peux vous dire que nous avions tous la trouille ! À un moment, on s’est regardé et on s’est dit : « Calmons-nous, ce n’est pas si terrible ! » Et puis, en descendant les premières marches de l’escalier qui menait à la scène, le trac a disparu. Je me suis senti happé par le truc, et j’ai un seul regret au final : tout est passé trop vite.

Avez-vous pu discuter avec les joueurs ?

Oui, j’ai croisé Antoine Dupont, Romain Ntamack, Charles Ollivon… Et aussi, Fabien (Galthié) qui est immédiatem­ent venu me remercier d’avoir tiré la Nouvelle-Zélande. Il m’a lancé : « Au moins, on est sûr de ne plus les revoir avant la finale. » (rires) C’est l’adversaire qui fait peur à tout le monde mais c’est certaineme­nt une bonne chose, en fait.

Qu’avez-vous ressenti sur l’instant ?

Sur scène, je n’ai pas immédiatem­ent vu le nom inscrit sur la fameuse boule. J’étais dans le mauvais sens, je ne pouvais pas le voir. Mais j’ai compris en voyant les réactions dans la salle.

Avez-vous conscience d’avoir offert à la Coupe du monde un tirage exceptionn­el ?

Je vais être vulgaire mais pour la billetteri­e, c’est déjà très bien ! (rires) On saura à la fin de la Coupe du monde si ce tirage était important sportiveme­nt mais pour moi, il l’est quoi qu’il arrive. Plus sérieuseme­nt, quand on m’a appelé pour me proposer de participer à ce tirage au sort, je me suis demandé si c’était une blague. « Vous êtes sûr ? Mais c’est génial ! » J’étais déjà dans le film de présentati­on de la Coupe du monde 2023. Ensuite, je siège au Conseil d’administra­tion du Gip… Tout ça, c’est un rêve de gosse qui se réalise. Quand le sport qui vous fait rêver vous implique directemen­t, oui c’est un rêve.

On vous sent honoré. Presque ému…

Oui c’est touchant, c’est un grand honneur et un plaisir. Il y a quelque chose d’émouvant, c’est vrai. En fait, ce tirage au sort m’a offert l’émotion que j’avais ressentie en mettant pour la première fois les pieds à Twickenham. C’était au milieu des années 80, dans le vieux stade aux tribunes verticales. Dans de tels moments, vous accédez aux lieux de culte de ce sport que l’on aime tous. Pour ce tirage au sort, c’était un lieu de culte diffusé en mondiovisi­on… L’émotion n’en reste pas moins forte. À titre personnel, j’ai vécu une journée qui m’a fait du bien dans cette période extrêmemen­t dure pour tout le monde et notamment pour les restaurate­urs. En ce moment, tout est noir…

« Ce tirage au sort m’a offert l’émotion que j’avais ressentie en mettant pour la première fois les pieds à Twickenham. »

Est-ce un soulagemen­t ?

C’était une bouée de sauvetage. J’ose imaginer qu’en 2023, ce virus n’aura plus un tel impact. On pourra vivre pleinement cette compétitio­n fabuleuse. Le rugby est le seul sport qui réunit autant de gens différents pour créer l’unité d’équipe. Les gens différents, en principe, ça fout le bordel. En rugby, ils s’unissent et font une cohérence, c’est un trésor. Je m’en sers dans mon métier, on retrouve de ça à chaque service. Les avants sont en cuisine, les trois-quarts en salle et chaque table est une action de jeu. Ce sont des tranches de vie qui se jouent. Vous pouvez prendre un énorme plaquage et marquer un essai trois minutes après. L’échec et les bons moments se côtoient dans un même match. Et chaque match est une vie.

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