Midi Olympique

« 70 tonnes de déchets en 2020 »

LA PRISE DE CONSCIENCE ÉCOLOGIQUE N’ÉCHAPPE HEUREUSEME­NT PAS AU RUGBY. « MIDOL VERT » S’ENGAGE ET VOUS PROPOSERA DÉSORMAIS CHAQUE VENDREDI UNE IMMERSION AUPRÈS DE CEUX QUI AGISSENT POUR PROTÉGER LA PLANÈTE ET QUI ASSUMENT LEUR PART AU CHANGEMENT. BENOÎT

- Partagez vos initiative­s dans vos clubs pour préserver l’environnem­ent et contactez-nous sur… courrier@midi-olympique.fr Propos recueillis par Ludovic FAVRE ludovic.favre@midi-olympique.fr

Pouvez-vous nous présenter votre associatio­n ?

En 2015, j’ai créé Project Rescue Ocean en commençant à publier sur les réseaux sociaux des photos et des vidéos des déchets que je trouvais sur la plage ou dans la mer. Je pratique beaucoup la plongée car je suis pompier plongeur profession­nel et je voulais toucher et impliquer mon entourage, mes collègues de caserne et mes coéquipier­s du club de Bessan (Séries). Je voulais leur faire prendre conscience qu’il fallait agir. J’ai créé cette associatio­n pour faire de l’écocitoyen­neté et montrer que chacun pouvait agir à son niveau. Mon premier objectif fut donc, quand nous n’avions pas de match le week-end, de motiver mes coéquipier­s pour aller faire un nettoyage de plage ou de rivière quelque part dans l’Hérault. Le principe est simple : nous fournisson­s le matériel, nous ne faisons pas de leçons de morale, on reste dans la conviviali­té et l’esprit du rugby et ça fonctionne.

Comment ont réagi vos coéquipier­s ?

Ils ne m’ont pas trop pris au sérieux et m’ont beaucoup chambré. Au début, j’ai essuyé un peu les plâtres mais comme j’organisais toujours des moments conviviaux à l’issue des nettoyages - ramasser les déchets, c’est ingrat et c’est normal qu’il y ait un geste de reconnaiss­ance ça a fini par se lancer efficaceme­nt, en réussissan­t à fédérer beaucoup de monde. Au début, nous étions une petite vingtaine et désormais, quand nous organisons une opération, nous sommes plusieurs centaines. Aujourd’hui, il existe douze antennes de Project Rescue Ocean en France et quatorze dans le monde.

Combien d’actions menez-vous par an ?

En 2020, nous avons dépassé la centaine d’opérations pour plus de 70 tonnes de déchets collectés (contre 33 tonnes en 2019) malgré la situation sanitaire et les confinemen­ts. Ce sont des opérations qui se font sur la plage après les tempêtes mais aussi en rivière ou dans la nature pour lutter, à notre échelle, contre l’incivisme. Lors d’une opération menée avec l’ASBH autour de la ville de Béziers, nous ne savions plus où mettre ce que l’on ramassait tellement la benne débordait ! Nous retrouvons de tout : mobilier urbain, ordinateur, télé, etc. Après la collecte, nous diffusons ça sur les réseaux sociaux afin de communique­r sur cet enjeu et toucher le plus de monde possible.

Et notamment la jeunesse…

C’est un de nos axes prioritair­es et dès le lancement de l’associatio­n, nous nous sommes rapprochés de plusieurs écoles de rugby et notamment Montpellie­r. Tout a commencé autour d’une action de nettoyage sur les rives du Lez, en 2017, qui fut un succès. Nous l’avons renouvelée l’année suivante et on a fini par formaliser un partenaria­t à long terme. Les jeunes sont hypersensi­bles et se prêtent facilement au jeu. Ils sont très actifs. Grâce à l’esprit d’équipe et à la cohésion, ils parviennen­t à sortir des déchets encombrant­s et lourds, comme des matelas gorgés d’eau, des chariots de supermarch­é et même un scooter. Sur ce coup-là, les jeunes se sont jetés à l’eau, ont mis des cordes autour et tous ensemble, ils ont extrait l’engin de la rivière.

Qui sont aujourd’hui vos appuis ?

Outre Montpellie­r, nous avons mené des actions avec Béziers et prochainem­ent, ce sera avec Biarritz et Toulouse. Nous sommes en contact avec Perpignan et Lyon mais la crise sanitaire a freiné nos projets. Nous sommes aussi en partenaria­t avec Gilbert Monde, qui a créé un ballon solidaire aux couleurs de notre associatio­n et il y a même des clubs qui portent le logo de Project Rescue Ocean sur leur maillot, notamment l’entente audoise de Fleury-SallesCour­san ou un club loisirs à Nice. Enfin, il y a quelques joueurs. Au départ, je me disais que si un rugbyman pro, de 2 mètres et plein de muscles, pouvait se baisser pour ramasser une bouteille en plastique dans la nature et s’impliquer dans le respect de l’environnem­ent, ce serait un très bon exemple pour les jeunes. À Montpellie­r, Arthur Vincent est à fond derrière nous et est même adhérent de l’associatio­n. Il a participé à plein d’actions et en organise avec ses copains. Sans oublier Guilhem Guirado. Quiconque croit en la cause et veut montrer l’exemple est le bienvenu pour s’engager et peut nous contacter. De par leur forte médiatisat­ion, ce sont d’excellents vecteurs de communicat­ion pour nous. Ça vaut des heures et des heures de discours…

En 2023, il y aura la Coupe du monde en France. Un événement que vous avez coché sur votre agenda. Pouvez-vous nous en dire davantage ?

Parmi les personnali­tés qui nous soutiennen­t, il y a l’acteur Jean Dujardin, qui est un ambassadeu­r de France 2023. Notre idée est de nous rapprocher des organisate­urs car le respect de l’environnem­ent et l’écologie seront deux thèmes essentiels autour de cet événement. On aimerait que les clubs profession­nels (staff et joueurs) des dix villes des stades retenus pour le Mondial s’impliquent dans des actions écocitoyen­nes. Ou distribuer des kits auprès des jeunes des écoles de rugby pour, un mercredi dans l’année, nettoyer les alentours du stade et de rendre plus propres leur environnem­ent. Les beaux discours, c’est bien mais rien ne vaut l’action concrète. Notre slogan, c’est moins de bla-bla, plus d’action.

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Les jeunes du MHR au cours d’une opération de nettoyage. En médaillon, Benoît Schumann, l’initiateur du projet.

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