Lopez, la symbolique du capitaine
UN HOMME DANS LE MATCH SUR-UTILISÉ EN CE DÉBUT DE SAISON, LE DEMI D’OUVERTURE CLERMONTOIS A DÉMONTRÉ À L’IMAGE DE SON ÉQUIPE DES SIGNES D’USURE EN DEUXIÈME PÉRIODE, COMME AUTANT DE SIGNAUX D’ALARME.
C’est peut-être le seul avantage de ces sinistres huis clos, pour les grands voyeurs que les journalistes demeurent du haut de leur pupitre : celui d’entendre à peu près tout ce qui peut être dit sur un terrain de rugby, dès lors qu’un joueur hausse un peu la voix… Autant vous dire, dès lors, qu’on a beaucoup entendu celle de Camille Lopez samedi soir, autant investi dans son rôle de capitaine que de leader de jeu. Omniprésent dans la communication, qu’elle soit offensive comme défensive, l’ouvreur clermontois a donné de la voix aux quatre coins du terrain, parfois pour sermonner (« Clément, ne fais pas non de la tête au coup de sifflet, tu vas énerver les arbitres »), souvent pour encourager (« Allez les gars, du caractère, du caractère ! »). Sans pouvoir rien changer, malheureusement, au destin d’un match trop bien parti, et surtout trop mal fini. « Mais les absences, cela fait partie du jeu, nuançait le meneur de jeu auvergnat. On a un effectif conséquent, justement pour faire face à tous les coups du sort. Nous avons surtout eu trop d’indiscipline avec deux cartons jaunes et face à un cador de la Coupe d’Europe, on l’a payé cash. Nous, on veut être un grand d’Europe mais on ne l’est pas encore. Ou alors on ne l’est que sur trente minutes. »
Problème mental, alors ? Il y a de cela, forcément, Lopez étant le premier à admettre que « face à une équipe comme le Munster, tu te crois peinard avec tes quatre essais, sauf qu’eux ne lâchent rien et continuent à y croire ». Reste que l’argument de la déconcentration passagère ne saurait tenir à l’évocation d’un « trou d’air » de 50 minutes, et relève fatalement d’autres facteurs. « On a vu que quand on avait le ballon on pouvait être dangereux, efficaces, pointait Lopez. Mais à partir de la 30e, on ne voit plus un ballon, on commence à jouer chez nous, chacun fait son erreur, on ne respecte plus nos structures… » Et les raisons quant à ce manque de lucidité, auquel Lopez n’est malheureusement pas étranger (notamment pour avoir choisi d’attaquer certains ballons de loin en deuxième période, plutôt que de jouer l’occupation) renvoient forcément à une certaine forme d’usure. Déjà! Les nombreuses blessures au sein du pack en font foi, bien sûr. Et si Lopez a pour l’instant été épargné par la guigne, affichant même une forme resplendissante en début de saison, la question de la fatigue va forcément se poser…
BIENTÔT À 1 000 MINUTES DE JEU !
En effet, en cas de titularisation dimanche à Toulon, Camille Lopez dépassera très probablement la barre des 1 000 minutes disputées cette saison, après en avoir déjà joué 942 sur 960 possibles depuis la reprise ! Un rythme de forçat ou presque, forcément alarmant pour un joueur qui avouait en être arrivé la saison dernière à une certaine forme de saturation, dont il ne s’agirait pas qu’elle repointe trop vite le bout de son nez ! « Camille a beaucoup matché pour l’instant parce que le rythme le permettait, avec une semaine de repos toutes les trois semaines de compétition, rassurait Franck Azéma samedi soir. Mais il est évident qu’il ne va pas faire toute la saison, c’est pourquoi on est content d’avoir récemment rentré du monde qui peut jouer à ce poste. » On pense à NanaiWilliams ou Barraque, bien sûr, mais aussi au joker Rory Jennings, aperçu quelques minutes à La Rochelle puis brutalement disparu des radars… De quoi en déduire que l’ASM risque bientôt d’économiser son ouvreur-capitaine, notamment lors des prochaines échéances européennes ou son avenir apparaît désormais des plus incertains ? Cela semble tout indiqué, d’autant que le « traitement de faveur » infligé à Camille Lopez par le MHR voilà trois semaines a évidemment donné des idées à tous les futurs adversaires de l’ASM, qui aura tout intérêt à ménager son capitaine dans les prochains mois…