Midi Olympique

Bordeaux-Bègles et son désir caché !

LES GIRONDINS ONT EMPOCHÉ LE BONUS OFFENSIF AVEC UN TOTAL APPRÉCIABL­E DE SEPT ESSAIS. ILS NE VOULAIENT PAS LE CLAMER SUR LES TOITS, MAIS C’ÉTAIT POUR EUX UN ENJEU DÉCISIF.

- Par Jérôme PRÉVÔT, envoyé spécial jerome.prevot@midi-olympique.fr

Le capitaine Mahamadou Diaby l’a dit sans faire de manière après la rencontre. L’UBB voulait un peu plus que la simple victoire : « Oui, maintenant que le match est fini, je peux le dire. Nous avions une pression par rapport à ça. Le contrat est rempli avec cette victoire avec bonus… Attention, ce n’était pas une pression négative, elle nous poussait à entreprend­re. Il ne fallait pas être timide. C’est pour ça qu’on a cherché des touches sur nos premières pénalités, il fallait marquer. »

Les Bordelais avaient vite compris les conséquenc­es des trois matchs annulés : des bonus tombés du ciel pour trois concurrent­s (Toulouse, Scarlets et La Rochelle). Il fallait donc qu’ils en prennent un à leur tour. Il fallait aussi qu’ils s’imposent par une marge supérieure à 28 points, pour faire mieux que les trois clubs précités, vainqueurs sur tapis vert. Dans cette formule très resserrée, les égalités sont probables et le « goalaverag­e » et le total d’essais risque d’être mis à contributi­on. La vérité de ce match était donc d’ordre mathématiq­ue. On comprend donc pourquoi les Girondins n’ont tenté aucune pénalité dans cette rencontre. On a aussi vite compris que ces Dragons de Newport seraient très vaillants, mais limités. Ils ne se sont créé que deux situations d’essai dans le match (pour une réussite).

Ils s’étaient déplacés délestés d’une dizaine de titulaires potentiels, à cause de l’épidémie de Covid. On peut supposer qu’avec Ross Moriarty ou Jamie Roberts et d’autres, l’opposition aurait été plus consistant­e. Comme par hasard, seul leur centre internatio­nal Nick Tompkins (exSaracens) fut leur homme le plus dangereux. L’autre vérité de ce match fut donc la résistance et l’abnégation de ces Gallois, espoirs et réserviste­s. Chacun voulant prouver quelque chose à ses entraîneur­s. « C’est sûr qu’en première période, nous n’avons pas fait ce que nous espérions, ils ont cassé notre dynamique ils ont mis les mains partout, ils nous ont imposé un faux rythme », ajoutait Diaby.

Les Girondins ont eu le mérite de franchir sept fois la ligne, avec une belle combinaiso­n sur touche (Lamothe, 40e+2), un petit crochet subtil en bout de ligne de Cordero (34e) qui récidiva à deux reprises après le repos, deux longues courses en solo grâce à Woki sur le coup d’envoi de la deuxième mi-temps et grâce à

Jalibert auteur d’un petit festival au milieu de terrain (61e). Juste ce qu’il fallait pour mettre son ailier sur orbite, et le faire briller aux yeux du… grand public. On arrête là nos descriptio­ns, l’UBB avait plus de talents dans ses rangs, ça crevait les yeux.

Christophe Urios en était conscient. Il n’a pas voulu raconter de salades pour commenter cette large victoire, plaisante à vivre en direct mais qui ne marquera pas les mémoires.

URIOS : « UN MATCH

QUI NE SERVIRA PAS À GRAND-CHOSE »

« J’ai trouvé ce match très long. Nous n’avons pas été fameux. Nos avants n’ont pas été très déterminan­ts. Ils n’ont pas su poser leur patte sur la rencontre. On a été pénalisés en touche en touche et en mêlée. En deuxième mi-temps, c’était un peu mieux, on a mis plus de vitesse et les individual­ités ont fini par faire la différence. Mais on a bien négocié ce passage obligé, on a pris le bonus, on a marqué plus de 28 points et on n’a pas subi de blessures. Mission accomplie donc. Et maintenant, nous sommes tournés vers Toulouse car ce match, face à Newport ne nous servira pas à grand-chose. »

Pour notre part, on a pris conscience que Mahmadou Diaby a fait son boulot de capitaine. Un rôle qu’il occupe en l’absence de Jefferson Poirot et de Jandre Marais. « Oui, j’ai déjà été capitaine une bonne partie de la saison dernière. Je reprends mon rôle, je n’ai pas changé. Je ne suis pas un grand parleur, mes discours durent dix secondes maximum, mais j’essaie de montrer l’exemple. J’ai été le premier à marquer ce soir. J’ai vu une action qui s’enfilait, j’ai vu Ben Lam, je l’ai appelé… » Sa vitesse de course lui fut ainsi très profitable. Mais être capitaine, c’est aussi prendre des décisions stratégiqu­es dans le feu de l’action. « Mahamad’non plus ne nous raconte pas de salades. Il sait que son poste exigeant n’est pas une garantie de recul. Pour ce qui est des options tactiques, c’était assez facile ce soir. On savait tous ce qu’on avait à faire. Mais d’habitude, je suis collectif, je demande rapidement à Mathieu et aux piliers ce qu’ils ressentent… » Une chose est sûre, en trois ans de présence en Gironde, il a creusé son sillon, assez profondéme­nt.

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