Le mystère des speakers à huis clos
En toute honnêteté, ce n’est pas que l’on s’ennuie sur les bords des terrains, en ce moment. Car si les interminables parties de ping-pong rugby qui ont rythmé l’automne international n’ont objectivement fait rêver personne hormis les supporters des Bleus, la Coupe d’Europe est venue nous rappeler que les arbitres pouvaient tout à fait laisser un ruck se dérouler sans récompenser le premier gratteur venu posant son auriculaire sur le bout du ballon, tandis que les équipes se sont comme par enchantement souvenues que porter le ballon n’était pas forcément synonyme de prise de risque inconsidérée. Reste que la période des fêtes de fin d’année demeure propice aux grands questionnements existentiels… Et si on avoue modestement ne pas avoir beaucoup planché ces derniers temps sur des interrogations telles que l’existence de Dieu, de l’âme ou de la vie extraterrestre, c’est probablement parce qu’une question beaucoup plus essentielle nous taraudait l’esprit, entre un protocole commotion, une mêlée rejouée quatre fois et deux bordées d’invectives venues des bancs de touche en direction des arbitres : pourquoi, grand Dieu, les clubs ont-ils fait le choix de conserver des speakers pour exercer lors des matchs à huis clos ? Et là, honnêtement, on sèche… D’abord parce qu’avec un brin de mauvaise foi, la nécessité de ces « chauffeurs de stade » destinées à faire monter artificiellement les ambiances en braillant nous a toujours paru au pire abrutissante, au mieux sujette à caution. Mais de là à décider que leur présence demeurait indispensable en l’absence de leur auditoire en tribunes, il y a là quelque chose qui échappe à notre entendement… Toutefois, plutôt que de juger hâtivement cette incongruité, on n’ira pas plus loin que s’en étonner ingénument. Parce que le monde du rugby n’en est plus à une aberration près et que, par les temps qui courent, on ne saurait qu’applaudir au maintien d’un emploi. Quel qu’il soit…