Midi Olympique

Commotions : un premier joueur de Top 14 envisage de porter plainte

ANCIEN DEUXIÈME LIGNE DE PAU ET DU CANADA, CAMERON PIERCE ENVISAGE TRÈS SÉRIEUSEME­NT DE REJOINDRE LE MOUVEMENT JUDICIAIRE INITIÉ CONTRE WORLD RUGBY ET LEURS FÉDÉRATION­S PAR UN COLLECTIF DE JOUEURS ANGLAIS ET GALLOIS.

- Par Nicolas ZANARDI nicolas.zanardi@midi-olympique.fr

Après avoir mis un terme à sa carrière voilà quatre ans des suites d’un choc à la tête suite subi le 1er octobre 2016, Cameron Pierce travaille à se reconstrui­re du côté de Libourne, où il s’est désormais installé depuis son départ de Pau. Et c’est peu dire que l’ancien internatio­nal canadien voit d’un bon oeil se lever la lame de fond de la plainte collective formulée par une centaine de joueurs anglais et gallois contre World Rugby et leurs Fédération­s… « Cela arrive un peu tard, mais mieux vaut tard que jamais, non ? Je suis d’ailleurs en train de me renseigner auprès de mon avocat pour voir comment il est possible de rejoindre ce mouvement ou de le développer en France, parce que c’est nécessaire. Même si Provale réalise de son côté un bon travail de prévention, je pense qu’il faut aller plus loin. Je préfère ne pas trop en parler pour l’instant, car nous n’avons pas encore beaucoup avancé, mais je pense qu’une action en justice similaire à celle des joueurs anglais et gallois est envisageab­le aujourd’hui, oui. »

« ON VIT EXACTEMENT LA MÊME CHOSE QUE DANS LE FOOT US »

Les mots sont lâchés, pesés, choisis. Parce que les commotions cérébrales et leurs éventuelle­s conséquenc­es comme l’encéphalop­athie traumatiqu­e chronique (ou ETC, une forme d’affection cérébrale progressan­t vers les maladies neurodégén­ératives, habituelle­ment diagnostiq­uées post mortem, après une pratique sportive prolongée émaillée de nombreuses commotions cérébrales) sont un sujet des plus sensibles, dans un monde du rugby plus conscient que jamais qu’il pourrait essuyer les mêmes plâtres que le football américain voilà une dizaine d’années. « Le rugby est en train de vivre exactement la même chose que le foot US en son temps, appuie Pierce. Le problème est que nous avons pris en France cinq ans de retard par rapport aux Anglais, qui sont eux-mêmes en retard par rapport à ce qui s’est passé dans le foot américain. Et pourtant, il s’est passé des choses, y compris en France. »

À commencer par des prises en charge qui, si elles sont de mieux en mieux suivies et encadrées, ont pu laisser à désirer voilà quelques années. « À Pau, les protocoles de retour à l’entraîneme­nt après mes commotions n’ont pas du tout été respectés, jure Pierce. Le problème, c’est que le club me faisait m’entraîner tout seul. C’est bien simple : le club souhaitait me faire partir des suites de ma commotion du 1er octobre 2016, et j’ai été mis à la poubelle. Le neurologue qui était censé me suivre, quant à lui, m’a écrit pour me dire qu’il m’avait oublié ! J’ai dû m’imprimer moimême les protocoles à suivre post-commotion et me débrouille­r à les suivre tout seul pendant trois mois, sans accompagne­ment, sans aucune interactio­n avec le staff médical. Et ça, c’était dans le monde profession­nel ! Je n’imagine même pas face à quels dégâts on peut arriver dans le monde amateur… »

LA COMMUNICAT­ION DE BILL BEAUMONT

Une interrogat­ion qui explique le pourquoi de la démarche de Pierce dont on peut se douter qu’elle fasse effet boule de neige dans l’Hexagone, l’ampleur du tsunami constaté outre-Manche ayant obligé le président de World Rugby Bill Beaumont de sortir de son habituelle réserve. « Il est évident que le sujet des commotions cérébrales et de la santé cognitive à long terme est extrêmemen­t complexe. La science continue d’évoluer et nous évoluerons avec elle. Nous ne devons pas être et ne sommes pas inactifs. J’ai pu constater de mes yeux comment les progrès de la science et de la médecine ont influencé notre façon de protéger les joueurs. Les mesures de protection nécessaire­s dans le rugby sont en place. » Pas sûr que tous les plaignants se rangent à cet avis…

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Photos DR Photograph­ié ci-dessus sous le maillot de Pau qu’il a cessé de porter voilà plus de quatre ans à la suite d’une commotion cérébrale, Cameron Pierce s’est construit une nouvelle vie en famille du côté de Libourne.
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