Midi Olympique

Dans sa bulle

- Emmanuel MASSICARD emmanuel.massicard@midi-olympique.fr

Il faut remercier les présidents de clubs amateurs qui, en 2019, ont dit non à l’arrivée d’un technicien étranger à la tête de l’équipe de France. Ainsi, ils ont précipité la nomination de Fabien Galthié à la tête des Bleus.

Merci les gars et bravo Bernard (Laporte) : bon choix. Depuis, la vitrine ressemble à quelque chose. Depuis, les Bleus gagnent, font plaisir et suscitent le désir. Il ne faudrait pas pousser très loin nos coeurs de supporters pour y croire, en 2023…

Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes ? Pas tout à fait. De notre point de vue, il manque comme un léger truc à l’histoire pour qu’elle soit à la hauteur des promesses et du potentiel qui semble poindre. Rassurez-vous, il n’est pas question de sportif ; Fabien Galthié sait faire. La chose se situe à la marge du terrain, à propos de l’extra-sportif qui n’a jamais fait le bonheur de l’ancien demi de mêlée et qui, pourtant, constitue une partie non négligeabl­e de son job. S’agit de la communicat­ion, des discours du sélectionn­eur et de ses messages qui devraient suinter jusqu’en bas de la pyramide mais qui restent - hélas - à l’état de promesses. Là, franchemen­t, le bât blesse.

Dans les faits, depuis sa nomination Galthié gagne et parle peu, contrairem­ent à ses prédécesse­urs qui perdaient plus souvent et occupaient le terrain médiatique. Lui ne partage qu’à mots comptés, même quand on lui propose de causer rugby à l’oreille de son monde. Ou même quand il a l’occasion de prêcher la bonne parole auprès du grand public.

Il a ainsi choisi de faire silence avant le début du Tournoi et de s’en tenir aux exercices imposés par les conférence­s de presse. Mission accomplie, pas d’entretien en tête à tête pour Midol, et d’autres. C’est sa liberté, évidemment. Face à la perte des licenciés qui frappe toujours plus le rugby, la nôtre est d’en appeler à la prise de conscience et à la mobilisati­on de tous ; la nôtre est enfin de considérer que le journal du rugby ne peut se contenter de bribes d’échanges pour répondre à l’attente de lecteurs piqués par les choses de ce jeu.

La discrétion de Fabien Galthié n’est pas une découverte. Ce n’est pas parce qu’il est plutôt à l’aise dans la communicat­ion qu’il apprécie l’exercice et cette partie des devoirs qui incombent aux acteurs. Question de culture, certaineme­nt d’éducation et de caractère. Encore une fois, c’est son droit. Et il a forcément raison puisqu’il gagne… Mais cette parole archi-contrôlée s’impose autour de lui, et c’est toute l’équipe de France qui se fait rare alors qu’elle a aujourd’hui tant de belles choses à partager.

Tout se passe comme si la vitrine de notre sport n’avait pas besoin de se montrer sous ses meilleurs atours pour participer à la reconquête du public autrement que par ses performanc­es. Qu’en sera-t-il après une série de défaites, quand le XV de France fera moins rêver ? Et qu’en sera-t-il en cas d’arrêt de la compétitio­n, quand les Bleus auront disparu des écrans ?

Faudra-t-il attendre encore que notre discipline soit menacée, on y revient forcément, par la fonte massive du nombre de ses licenciés pour que l’on prenne enfin conscience de l’importance d’avoir à partager ce que nous avons de plus fort.

Le XV de France et son sélectionn­eur en font évidemment partie. Puissent-ils donc nous emporter sur leur porte-bagages, le plus loin possible… Messieurs, c’est l’heure : jouez et gagnez. Montrez-vous et ouvrez-la donc plus fort que jamais !

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