Le rôle obscur des réalisateurs
Avez-vous déjà eu l’impression d’un arbitrage vidéo orienté, lorsque votre équipe favorite a pu se rendre en Grande-Bretagne dans le cadre de la Coupe d’Europe ? Probablement et sans que cela relève malheureusement de la paranoïa… « Mais je vous rassure : ce sentiment que vous pouviez avoir en France lors des matchs à l’étranger, les étrangers l’avaient en venant chez nous, coupe Joël Jutge. Des réalisateurs l’ont d’ailleurs déjà avoué publiquement… » Une référence évidemment aux propos tenus voilà deux ans par le réalisateur de France 2, Fred Godard, avouant dans Télérama avoir volontairement manipulé ou « oublié » des images pour faire pencher certaines situations en faveur de « son » camp. « Quand j’étais consultant pour l’équipe de France au début des années 2000, nous avions effectué une tournée en Argentine, se souvient Joël Dumé.
Lors d’un match, l’arbitre avait fait appel à la vidéo pour savoir si un essai avait été aplati avant ou après la ligne des ballons morts. Le réalisateur n’a jamais retrouvé l’image et, si je ne sais plus exactement quelle a été la décision prise, je sais qu’elle n’a pas été favorable au XV de France. Et que la bonne image, prouvant le contraire, est arrivée quelques minutes plus tard mais on ne pouvait plus rien y faire… Il y a aussi des pays où les réalisateurs n’ont pas la culture rugby. Il m’est arrivé une fois de demander de revoir le dernier ruck, sauf que le réalisateur ne savait pas ce qu’était un ruck ! »
« On peut en rire et se dire que ça faisait partie du folklore mais c’est un sujet que l’on prend très au sérieux, pointe Jutge. C’est pourquoi nous avons organisé des discussions officielles, en rappelant que chacun devait, avant tout, faire preuve de professionnalisme. Il n’y a pas de place pour le chauvinisme, les enjeux de ces matchs sont bien trop importants. Et il me semble que depuis ces dernières saisons, tout le monde joue son rôle pour le mieux. Il y a eu des dérives, c’est un fait, mais on est revenu à une certaine éthique. » Le cahier des charges de World Rugby, imposant aux réalisations d’être en mesure de fournir sept ou huit angles de vue différents a minima, y étant évidemment aussi pour quelque chose…